L'éloge appuyé que le président de la république Béji Caïd Essebsi a réservé au dirigeant d'Ennahdha Zied Ladhari a beaucoup surpris. Il a même choqué beaucoup.
Par Imed Bahri
Bien avant de se faire élire et d'accéder au Palais de Carthage, le chef de l'Etat était un fervent défenseur du rapprochement entre Nidaa Tounes, le parti libéral qu'il avait créé en juin 2012, et Ennahdha. Il avait d'ailleurs toujours dit qu'aucun parti ne saurait gouverner seul le pays et défendu l'idée d'un consensus entre les deux partis dominant la scène politique tunisienne.
Aussi, dans le discours de clôture de la conférence internationale sur «l'investissement et l'entrepreneuriat», jeudi 5 mars 2015, a-t-il voulu répondre aux critiques qui lui ont été adressées pour avoir accepté de faire participer le parti islamiste au gouvernement que dirige Nidaa Tounes, vainqueur des législatives du 26 octobre 2014.
Poussant la démonstration un peu trop loin, M. Caïd Essebsi a fait preuve d'une mielleuse complaisance en déclarant que «malgré les critiques, le dirigeant d'Ennahdha Zied Ladhari, qui dirige le ministère de la Formation et de l'Emploi, s'est imposé comme l'un des meilleurs ministres du gouvernement Habib Essid» (sic !).
On comprend que M. Caïd Essebsi veuille démontrer que «la Tunisie a besoin de tous ses enfants, sans exclusion d'aucune partie», mais ce qu'on admet moins c'est ce jugement très positif et quelque peu hâtif sur un ministre qui n'a que 3 semaines d'exercice, qui n'a rien fait d'exceptionnel ou qui n'a encore rien fait du tout!
Sur quels critères M. Caïd Essebsi s'est-il basé pour affubler M. Ladhari, une personnalité certes attachante de sagesse et de pondération, du titre inespéré (et peut-être aussi immérité) de «l'un des meilleurs ministres du gouvernement Habib Essid».
La complaisance a des limites et M. Caïd Essebsi n'avait pas à multiplier ces appels du pied en direction du parti Ennahdha, aussi inutiles qu'humiliantes pour lui et pour ceux qui l'ont élu, lui et son parti.
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