Plusieurs milliers de citoyens et de citoyennes ont répondu à l’appel lancé par la société civile pour une manifestation pacifique, le 9 avril, sur l’avenue Habib Bourguiba, à l’occasion de la Fête des Martyrs. La police était aussi là…

Par Zohra Abid


Vers 10 heures 20 ce matin, un premier groupe de manifestants agitant le drapeau national a entamé une marche pacifique en chantant l’hymne national à l’avenue Habib Bourguiba, bravant l’interdiction de manifester dans cette artère principale du centre ville de Tunis décidée une semaine auparavant par le ministère de l’Intérieur. La réaction n’a pas tardé.

Matraques et bombes lacrymogènes

Des centaines de policiers de divers corps, en uniforme et en civil, ont jailli de toute part et ont commencé par contenir le groupe pour l’empêcher d’avancer en direction du ministère de l’Intérieur. Les coups de matraque ont précédé de peu le crépitement et la fumée suffocante des bombes lacrymogène. En quelques minutes, l’avenue a été évacuée des manifestants. Les cafetiers et restaurateurs et les commerçants ont baissé les rideaux.

La police empêche les manifestants d'avancer.

Les manifestants, dont le nombre n’a cessé de grandir au fil des minutes, se sont rassemblés de nouveau en grappes dans les artères avoisinantes (rue du Caire, avenue de Paris, Rue de Marseille, rue de Rome, avenue Jean Jaurès, l’avenue Mohamed V). Ils ont été repoussés à coup de matraque et de bombes lacrymogènes. On a enregistré plusieurs blessés et beaucoup de cas d’asphyxie parmi les manifestants.

Chassé-croisé entre manifestants et forces de l’ordre

Ces derniers qui semblent très déterminés ont continué à se regrouper et à essayer de revenir à l’avenue principale, mais les issues étaient déjà hermétiquement verrouillées. Les instructions étaient, semble-t-il, très claires : l’avenue Habib Bourguiba devait rester déserte en ce 9 avril, Fête des Martyrs. Pas totalement déserte, puisqu’elle a été occupée par la police.

Le drapeau national déployé.

Au moment où nous mettons en ligne, cet article vers 13 heures, le chassé-croisé entre les manifestants et les forces de l’ordre se poursuit. Un nuage de fumée monte au dessus du centre-ville de Tunis.

Parmi les hommes politiques présents à la manifestation, on a entraperçu notamment,

Les manifestants se sont regroupés sur l'avenue Mohamed V.

Jawhar M’Barek (Réseau Doustourna), qui a été blessé au bras, Khemaies Ksila (memebre de la Cinstituante), agressé, Ahmed Brahim (Ettajdid), Hamma Hammami et Radhia Nasraoui (Poct), tous deux agressés, Emna Menif (Kolna Tounes), Fadhel Moussa (Pôle démocratique progressiste), Brahim Kassas (El Aridha), Mohamed Brahmi (Mouvement du puple), Salma Baccar (cinéaste), agressée, des journalistes tunisiens et étrangers n'ont pas été, non plus épargnés, et ont été tabassés ainsi que plusieurs membres de l’Assemblée nationale constituante (Anc)...