Le mufti de la république Hamda Saïed sera poursuivi en justice par certaines parties qui lui reprochent ses discours politiques enflammés alimentant la haine et la division en Tunisie.
Dans une déclaration à la chaine publique Watania I, au lendemain des attaques terroristes de Goubellat (gouvernorat de Béja) et Sidi Ali Ben Oun (Sidi Bouzid), qui ont fait une dizaine de morts parmi la Garde nationale, le mufti de la république a affirmé que le terrorisme en Tunisie doit sa naissance à l’ancien président de la république Habib Bourguiba, qui a fait campagne contre le port du voile par les femmes et demandé aux Tunisiens de ne pas jeûner pendant ramadan. Par cette déclaration, le mufti de la république a donné le feu vert à des extrémistes religieux qui ont tenté, mercredi, de faire exploser le mausolée Habib Bourguiba à Monastir, a indiqué Fadhel Achour, secrétaire général du Syndicat des imams des mosquées. «Hamda Saïed doit se maintenir au-dessus de la mêlée et ne pas tenir des discours politiques, car son poste de mufti de la république le lui interdit», a-t-il ajouté. Fadhel Achour a, par ailleurs, déclaré qu’il va porter plainte contre Hamda Saïed, au nom du Syndicat des imams des mosquées. Et il n’est pas le seul dans ce cas... Plusieurs avocats de Monastir ont déclaré, il y a une semaine, qu’ils poursuivront en justice le mufti de la république pour avoir induit en erreur l’opinion publique et souillé l’histoire de Bourguiba. De son côté, le mufti de la république compte déposer une plainte pour diffamation contre Abdelwaheb Hani, secrétaire général du parti Al-Majd. Ce dernier a critiqué sur des plateaux de télévision la position partiale du mufti qui plaide toujours la cause des gens au pouvoir, lui rappelant au passage son passé d’imam au service du régime dictatorial de Ben Ali. Hamda Saïed, rappelons-le, est un universitaire spécialiste de théologie islamique. Imam de la mosquée du Souk à Beni Khiar, au Cap Bon (nord-est), jusqu’à sa dernière nomination, il préside également l'Association coranique de Nabeul. Dans les années 1990, l’imam de Beni Khiar a brillé par son allégeance à Ben Ali, qui l’a fait élire à la Chambre des députés (1989-1994), avant de retourner la veste, au lendemain de la chute du dictateur, et de se mettre au service du parti islamiste Ennahdha. C’est ce qui lui a valu sa nomination, en juillet dernier, au poste de mufti de la république en remplacement de Othman Battikh, limogé pour avoir critiqué les appels au jihad en Syrie dans les mosquées et considéré que le «jihad nikah» est une forme de prostitution. Rappelons aussi que Hamda Saïed est poursuivi en justice par l’une de ses parentes à propos d’un litige immobilier et l’accuse d’escroquerie. Z. A. |