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Pour développer Gafsa: Couler du béton et planter des arbres

Gafsa-Banniere

La réalisation des projets d’infrastructure et de reboisement aura un impact favorable sur le développement des activités de service dans le bassin minier de Gafsa.

Par Mohamed Chawki Abid*

Le chômage frappe la région de Gafsa avec le taux le plus élevé de la république (≍30%), soit environ 40.000 chômeurs à ce jour. Le climat social dans la région et les conditions économiques de la Compagnie de phosphate Gafsa (CPG) sont plus que préoccupants. Des carrières désertées, des usines fermées, des camions et trains immobilisés et une exaspération généralisée : tels sont des faits traduisant une paralysie totale du bassin minier.

Depuis 2008, l’Etat s’évertuait à miroiter des projets d’investissement sans pouvoir/vouloir les réaliser. A ce titre, le budget de l’Etat a réservé pour les 5 années 2011-2015 des enveloppes d’investissement dans l’infrastructure totalisant plus de 1,5 milliards de dinars.
Par ailleurs, les initiatives privées sont en panne en l’absence d’incitations, en termes d’infrastructures routières et logistiques. Pourtant, les ressources naturelles ne manquent pas dans le gouvernorat pour susciter des opportunités d’investissement tant d’extraction ou d’exploitation que de mise en valeur artisanale ou industrielle: pierre marbrée, sable, carbonate de calcium, géothermie, floriculture, plantes aromatiques, richesses végétales, etc.

Nous avons souvent remarqué que lorsqu’un pays (ou une région) traverse une crise de chômage chronique, la première action qui est décrétée sans tarder consiste à «couler le béton». En effet, l’exécution de travaux publics offre une bonne employabilité générale et permet de construire des infrastructures qui ne manqueront pas d’éclore des idées de projets et d’attirer les investissements privés.

En Tunisie, deux actions pourraient être décrétées: «couler le béton et planter des arbres». S’agissant de Gafsa, cette région souffre d’un déficit d’infrastructure évident. Une priorité première devait être donnée à cette nature de projets ainsi que pour les projets de reboisement mis à l’écart depuis l’ère Bourguiba.

Par conséquent, pour renverser la vapeur efficacement et parvenir rapidement à atténuer le fléau du chômage, un brainstorming gagnerait à plancher sur les trois principaux axes suivants:

– amorcer les grands chantiers d’infrastructure budgétisés (routes, pistes agricoles, barrages, lacs collinaires…);

– réaliser une série de barrages verts protégeant les terres agricoles (dont oasis) contre l’avancée du Sahara;

– réactiver le dispositif ONA-Socopa pour réhabiliter le secteur de l’artisanat et booster les petits métiers en faveur de jeunes en formation (produits d’artisanat, valorisation de substances utiles…).

Enfin, il y a lieu de hâter la concrétisation de la stratégie de décentralisation par l’implémentation d’une opération pilote à Gafsa, de nature à lui octroyer un pouvoir local susceptible d’améliorer la gouvernance de la région.

Ce faisant, la restauration du climat sain dans le bassin minier remettra progressivement en marche la chaine du phosphate (de l’extraction à Gafsa jusqu’à la transformation à Gabès), parallèlement à l’engagement des grands chantiers à forte employabilité.

En régime de croisière, la filière du phosphate procurera à l’Etat environ 1 milliard de dinars par an (recettes non fiscales). Même si le coût de l’emploi de 40.000 chômeurs est estimé à 250 M² dinars par an, la réalisation des projets d’infrastructure et de reboisement aura un impact favorable sur le développement des activités de service dans la région.

* Ingénieur économiste.

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