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La démocratie est-elle viable dans le chaos tunisien?

Tunisie-MarzoukiLa Tunisie est une jeune démocratie martyrisée par des politiciens bas de gamme qui se cachent derrière les principes démocratiques pour semer la division et le chaos.

Par Habib Boussadia*

La question mise en titre de cet article mérite d’être posée quand on voit les insanités débitées sur les réseaux sociaux ou à travers les médias par des pseudos intellectuels, faux défenseurs des droits de l’homme et vrais «défonceurs» de l’ordre établi, ou par des politiciens sans talent, sans inspiration, sans projet social, et n’ayant dans leur arsenal que des allumettes prêtes à être utilisées pour allumer des incendies dans les zones sensibles!

Le machiavélisme dévastateur du CpR

Les exemples sont nombreux où ces politiciens sont pris la main dans le sac, sans être pour autant inquiétés. Le dernier en date, c’est celui du «complot par la rébellion», initié par le Congrès pour la république (CpR), un parti ressuscité après la révolution de janvier 2011 grâce à Ennahdha et dont le point fort est d’être toujours à contre-courant du bon sens. Son fondateur et leader historique, relayé par ses lieutenants, a lancé, à travers les réseaux sociaux, une question apparemment banale mais lourde du machiavélisme dévastateur de son initiateur: où est notre pétrole?

Les petits esprits, les ingénus et les innocents ont mordu à l’hameçon et lancé leurs manèges de manifestations, sit-in et blocages des sites de production industrielle. Ils ont cru honnêtement que la Tunisie possédait des puits immenses de pétrole et en ont conclu que les autorités cachaient ce trésor pour le distribuer ensuite aux régions riches. On a ainsi réussi, en deux temps deux mouvements, à provoquer la discorde et à semer la zizanie entre Tunisiens du sud et ceux du nord, ceux des côtes et ceux de l’intérieur, entre les «riches» et les «pauvres», entre les voleurs des maigres richesses du pays et les besogneux! Mieux (ou pis?) encore: pour ne pas être accusé d’alimenter des troubles sociaux et de susciter des divisions entre les Tunisiens, le leader de ce parti a encouragé les gens à manifester «gentiment» et pacifiquement, alors que les dévastations des établissements publics font partie intégrante du mode de manifestation à la tunisienne!

La «démon-cratie» à la Tunisienne

Qui va oser arrêter des cadres de ce parti pour incitation aux troubles sociaux dans ce contexte de démocratie et de liberté d’expression? Il faut parler plutôt de «démon-cratie» à la Tunisienne, car les démons, par nature, sèment la discorde entre les humains!

Deuxième exemple de complot, fomenté cette fois par le secrétaire général du même parti incriminé. Le jour d’inauguration de la nouvelle assemblée parlementaire, un inconnu s’infiltre dans l’arène et s’assoie aux côtés dudit secrétaire général. Il est venu remplacer frauduleusement un élu CpR absent ce jour-là et quand le pot aux roses est découvert, on feint l’étonnement et on crie au scandale, alors que le service d’ordre affirme que cet illustre intrus est entré dans le véhicule même du secrétaire général du CpR! Une enquête est en cours depuis… 6 mois, mais tout se passe comme si tout le monde connait le verdict, c’est-à-dire que le 1er responsable CpR continuera d’exercer en toute quiétude ses activités; l’intrus verra les charges contre lui abandonnées pour vice de forme et enfin la justice perpétuera son hibernation ou sa politique de l’autruche! Tout ce qu’on souhaite, c’est qu’elle nous démentira en faisant toute la lumière sur cette affaire, car les mauvaises langues disent que cet incident a été provoqué par les dirigeants du CpR pour empêcher l’Assemblée de tenir sa première réunion pour vice de forme !

Le troisième exemple concerne, cette fois, l’ex-directeur de cabinet de l’ex-président provisoire de la république: ses larmes historiques de détresse simulée, ses commentaires à l’emporte-pièce, ses paroles haineuses envers les autres sur les réseaux sociaux sont autant de signes qui trahissent une personnalité hostile à la démocratie car imperméable aux idées différentes. En quittant l’université pour faire de la politique populiste, cet historien nous a rendu service: il a cessé, pendant quelque temps, de transmettre le poison de la haine à nos étudiants!

Le quatrième archétype de politicien au rabais est incarné par des dirigeants du Front populaire, qui ont concocté un rapport très critique envers le gouvernement actuel, où ils appellent à le renverser pour incompétence! De là à parler de coup d’Etat, il y a un pas. D’autant que ce rapport a été diffusé dans les instances du Front populaire à un moment où le pays a besoin de l’union sacrée pour éviter le chaos. On nous rétorquera qu’on n’a rien compris à la démocratie!

Enfin, en guise de réponse à la campagne populiste et malveillante «Où est le pétrole?», je dirai : «Où sont le patriotisme, le bon sens, la sagesse et l’intelligence?»

La Tunisie est une jeune démocratie martyrisée par une horde de politiciens bas de gamme qui se cachent derrière les principes de la démocratie et de la liberté d’expression pour distiller leur poison. Leur but n’est pas d’aider à unir les Tunisiens face au terrorisme qui  les menace et à rétablir la confiance, relancer la machine de production, l’investissement et l’emploi dans le pays. Ils harcèlent leurs compatriotes par des petites phrases assassines pour renforcer le régionalisme, diviser le pays, y semer la discorde et y installer l’anarchie au détriment de l’Etat de droit.

Si on voulait vraiment baliser la route pour l’entrée des hordes de l’Etat islamique (Daêch), qui se tiennent en embuscade dans la Libye voisine, on ne se serait pas comporté autrement.

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