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La Tunisie pourra-t-elle venir à bout de la contrebande?

Douane

Sans un système de contrôle, centralisé et à distance, de tous les points de passage frontaliers, on ne viendra jamais à bout de la contrebande.

Par Amor Abbassi*

Les rapports de la Banque centrale de Tunisie (BCT) ne cessent de confirmer l’aggravation alarmante et dangereuse du déficit du secteur extérieur. Et si les avoirs nets en devises ont pu être maintenus, jusque-là, à des niveaux relativement acceptables, c’est grâce, surtout, aux emprunts extérieurs, qui aggravent l’endettement du pays.

S’agissant des importations en devises, force est de constater que les chiffres officiels n’incluent pas la valeur des marchandises introduites illégalement dans le pays par les divers moyens de la contrebande. Ces marchandises représentent, selon les évaluations des économistes, au moins 40% du volume des importations officielles.

Les marchandises introduites illégalement ne sont pas soumises aux taxes douanières et  leur valeur ajoutée – estimée par les spécialistes à 25% de leur valeur initiale – n’est pas soumise à l’impôt, ce qui représente un énorme manque à gagner pour l’Etat, que l’on peut estimer à 4 ou 5 milliards de dinars.

Quant on sait que toutes les marchandises illégalement introduites dans le pays transitent par les postes frontaliers terrestres gardés, les passages frontaliers non gardés, les ports maritimes et les aéroports, souvent avec des complicités locales et régionales à divers niveaux, il serait donc nécessaire de concevoir un système de surveillance et de détection plus efficient au niveau de tous ces points de transit.

Des caméras et des détecteurs spéciaux de surveillance devraient donc être mis en place dans tous les points de transit. Pour éviter les connivences, le contrôle de ce système devrait se faire à distance et de manière centralisée (à Tunis) par une équipe spécialisée, elle-même soumise à de rigoureux protocoles de contrôle.

Ce système, dont le coût est largement justifié, viendrait renforcer les équipes douanières actuelles de surveillance routière. Et parer leurs insuffisances, d’autant que  les contrebandiers parviennent souvent à tromper leur vigilance, pour ne pas dire autre chose.

* Ingénieur général du génie maritime.

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