28 Juin 2015 | 12:14 A LA UNE, TRIBUNE, Tunisie
Après l’attentat de Sousse, nous devons prouver que nous sommes capables d’assurer la sécurité des gens, avant de les appeler à venir en Tunisie.
Par Lamiss Kerkenni*
Lors de l’attentat terroriste du Bardo, le 18 mars 2015, une campagne «I will come to Tunisia» avait été lancée et avait fait le tour du monde. Malgré l’horreur, malgré le choc, malgré la douleur, il était encore possible – pour certains – de croire en un acte isolé, en une bavure sécuritaire demeurant insuffisante pour compromettre la décision de milliers de personnes de venir visiter notre magnifique pays. Insuffisante pour nous dissuader d’encourager des étrangers d’y aller.
Jusqu’à ce que le 26 juin 2015 ait lieu, jusqu’à ce que tout bascule. Il y a désormais un avant et un après l’attentat de Sousse. Rien ne sera jamais plus pareil.
En tant que Tunisienne résidente à l’étranger, je peux vous dire que le 26 juin nous avons tous reçu une balle en plein cœur, où que nous soyons. Certains avaient besoin de se retrouver avec des compatriotes, comme pour se sentir moins seuls dans la douleur, dans la honte et dans la peur. D’autres se sont appelés simplement pour parler, partager et échanger les dernières informations parvenues des amis et de la famille.
Tous ont pleuré, écrasés par la douleur de ces familles qui ont perdu un être cher parti en vacances. Tous accablés par l’embarras de n’avoir pu protéger ces âmes qui nous ont fait confiance.
La douleur est encore vive alors que j’écris ces lignes, les larmes me coulent, le cœur me brûle, le souffle me manque. Mais je tente de garder mes esprits encore quelques minutes, le temps de finir ces lignes, car je voudrais vous présenter mes excuses.
Je voudrais vous dire pardon, nous vous avons trompés. La vie des gens n’est pas un slogan. La vie des gens n’est pas une campagne publicitaire et des affiches placardées dans vos stations de métro. Je vous demande pardon. Pardon 11 millions de fois pour ces vies enlevés si vilement.
Notre pays est aujourd’hui malade. Il doit commencer par l’admettre, se regarder en face et reconnaître que le mal est en lui. Cesser de chercher ailleurs et commencer enfin à se soigner.
Fini les slogans, fini les devises et formules publicitaires. Nous devons d’abord prouver que nous sommes capables d’assurer la sécurité des gens, de notre propre peuple avant de scander des maximes patriotiques pour sauver la saison touristique, pour sauver le pays.
Nous n’avons plus le droit, la vie des gens n’est pas un slogan.
L’heure est au recueillement, les images défilent, ces corps par dizaines allongés inertes. Atterrée par tant d’horreur, étourdie par tout ce sang, déchirée par toute cette haine, et la honte… Cette honte…
Je vous demande pardon.
* Tunisienne résidente au Canada.
J’aurai pu écrire ces mêmes lignes, merci d’avoir traduit le sentiment de beaucoup de Tunisiens. Et oui, on ne peut pas demander aux touristes de venir quand on ne peut pas assurer leur sécurité.
Je ne suis pas d’accord avec le chiffre de 11 millions de Tunisiens, vous devez enlever au moins 2 millions d’intégristes qui se réjouissent.
Commençons d’abord par démettre ce ministre de l’Intérieur incompétent qui a éclaboussé notre pays du sang de victimes innocentes dont il était chargé d’assurer la sécurité ! Une autre personnalité respectable aurait démissionné dès l’attentat du Bardo au lieu de se rabattre sur le limogeage de ses lieutenants.
Cet article est très touchant, c’est un cri du coeur partagé par beaucoup (Tunisiens et non Tunisiens).
En effet, quand on connait les risques terroristes, il faut tout mettre en oeuvre avant de faire des campagnes publicitaires. Après c’est trop tard. Les victimes qui avaient bravé le danger, avaient fait confiance et elles sont aujourd’hui à la morgue !
C’est sûr que la police ne peut être partout à la fois, mais il y a des endroits plus propices que d’autres à la folie meurtrière des ces fanatiques, il faut savoir prévoir les catastrophes, surtout lorsque des menaces ont été proférées avant (pour Bardo et pour la période du ramadan).
Mettre maintenant des policiers partout sur les plages, c’est bien, mais l’avoir pensé plus tôt aurait été plus judicieux, maintenant c’est vraiment trop tard! le traumatisme est trop important et sera long à guérir. Trop de victimes innocentes en ont fait les frais ! Dommage
En fin de compte, les terroristes agissent pour le compte de certains, et c’est le peuple qui paye de sa liberté et de sa dignité.
C’est pire que pire. De nombreux policiers se trouvent en permanence à moins de 2 km de la plage. Les appels téléphoniques sont restés sans réponses. Le tueur s’est promené presque 50 mn sans être inquiété.
Beaucoup de pays sont meurtris par le terrorisme, la Tunisie n’est pas la seule mais très exposée par sa proximité avec la Libye (merci Nicolas Sarkozy). Dans le terrorisme, ce sont les peuples qui trinquent à cause des intérêts des puissants. Mon pays (dont ma ville Toulouse) a été aussi meurtri par le terrorisme. De nombreux pays en sont victimes: l’Espagne, le Royaume Uni…
De plus, j’ai bien peur que d’autres terrorismes sortent du bois. Daêch avec sa stratégie de loups solitaires médiatisée semble inspirer d’autres groupuscules de faire pareil.
Après la tuerie de Charleston, le département d’Etat américain (d’après leurs médias) rappelle et affirme que la principale menace des USA n’est pas l’islamisme radical mais le suprémacisme blanc. En France, un homme armé est rentré dans une mosquée près de Lyon mais il n’a heureusement pas fait de victimes.
Soyons tous unis face aux terrorismes existants et aux autres qui vont venir…
Vous vous souvenez chers compatriotes de ces caravanes qui, au lendemain du 14 janvier, ont sillonné le pays pour marquer la solidarité des couches moyennes avec les zones déshéritées de notre pays. Nous avons cru que les lendemains qui chantent sont déjà arrivés. Notre optimisme était à son comble. Mais c’était sans compter avec les charognards qui rodaient. Ils ont lynché nos espérances, notre amour pour notre TUNISIE. Et, le coeur en berne, je m’interroge comment peut-on sauver notre pays. Ceux qui nous gouvernent sont-ils à même de le faire. ASSUREMENT NON. Trop lâches, ils n’ont aucun sens du devoir, de l’Etat. Le vieillard à qui nous avons confié la Tunisie est, certes, tonitruant à ses heures, mais il a roulé tout le monde: son but est de mourir dans le lit de Bourguiba, en nous offrant aux terroristes. Seul un sursaut patriotique,balayant Ennahdha et l’inefficace Nidaa Tounes pourrait nous prémunir des loups solitaires ou en meute qui nous menacent tous.