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Iftar international de la Kasbah: La vie contre la mort

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«Ensemble, nous vaincrons le terrorisme lâche, qui avance masqué», diront les 1000 participants à l’ïftar international de la Kasbah.

Par Anouar Hnaïne

Jeudi 2 juillet 2015. L’événement, avouons-le, est hors du commun : un dîner de 1000 personnes à Tunis. La Fédération tunisienne des restaurateurs touristiques (FTRT), sous la tutelle du ministère du Tourisme et de l’Artisanat, a tenu son pari d’organiser cet Iftar ramadanesque en hommage aux victimes du lâche attentat du Musée du Bardo, le 18 mars 2015. Entretemps, il y a eu aussi l’attentat de l’hôtel Riu Imperial Marhaba, à Sousse, le 26 juin 2015. Ce qui a donné une portée symbolique encore plus grande à l’événement.

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Les cuisiniers dans leurs tentes…

Paix, tolérance, coexistence

A l’approche de l’heure de rupture de jeûne, la Kasbah, place emblématique, symbole du pouvoir, est cernée de toutes parts, policiers et soldats armés déployés partout. Des hôtesses à l’accueil, des tentes blanches de toutes les régions dressées des deux côtés de la place, garnie de tables rondes, nappes blanches et couverts dressés.

Contrairement aux grandes messes de ce genre,  la discipline est remarquable, à l’intérieur des tentes des chefs donnent des instructions, des cuisiniers et autres commis exécutent en silence. Ambiance.

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L’inévitable cheikh Abdelfattah Mourou.

Les convives arrivent, des télés, des journalistes par paquets, des micros se dressent, brouhaha. Les hauts responsables arrivent de la porte centrale de la mairie, les cameras se ruent, Haïm Bittan, Grand Rabbin de Tunisie et ses coreligionnaires. Mrg Ilario Antoniazzi, Archevêque de la Cathédrale de Tunis, et les siens arrivent aussi. Foule et ruée des journalistes, crépitements de flash. Moment fort de la soirée, pas de déclarations pour l’instant.

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Mounir El Arem, chef cuisinier, grand ordonnateur du dîner d’iftar.

L’animateur Hatem Amara annonce le déroulé de la soirée : chants, discours et témoignages. Appel à la prière, silence et puis, bruits de couverts, discussions, présence des familles des victimes du Bardo, l’une espagnole, l’autre française, beaucoup  de ministres, le Maire de Tunis, des députés, des ambassadeurs, des représentants des deux fédérations de l’hôtellerie et des agences de voyages, des hauts responsables. Un menu et un service impeccables, trio de tradition (chorba, brik, couscous) enrichi de salades et de dessert. Minute de silence à la mémoire des victimes. La nuit tombe. Mots de bienvenue de Sadok Kouka, président de la FTRT, chants religieux de la hadhra interprétés par la troupe Doghman. Commencent les discours. Pas n’importe lesquels. Paix, tolérance, coexistence entre les religions et les communautés.

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Mrg Ilario Antoniazzi, Hamda Saied, Selma Rekik, Haïm Bittan et Sadok Kouka.

L’amour contre la violence

Discours. En quelques phrases prononcées en arabe dialectal. «C’est ma langue», insiste avec force le Grand Rabbin de Tunis, qui dénonce les semeurs de morts. A rebours des préjugés, il relate l’entente historique et les relations fraternelles entre les communautés. «Ensemble, nous vaincrons le terrorisme lâche, qui avance masqué», lance-t-il. Applaudissements nourris.

Corps imposant, voix claire, Mgr Antoniazzi martèle ses phrases, discours forcément angélique, de tolérance et surtout d’amour. «Nous vivons une étape trouble, mais nous vivrons ensemble en amour, car notre amour est plus fort que la division… Oui au dialogue, non à la division, oui au pardon, non à la vengeance», dit-il.

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Table du Grand Rabbin de Tunisie.

Hamda Saied, Grand Mufti de la Tunisie, abonde en exemples de paix, de tolérance dans les sourates du Coran et appelle à l’union du peuple tunisien contre «ce virus étranger à notre religion»: le terrorisme.

Les  représentants des religions, en dehors des contraintes du communautarisme, de la division, sur les hauteurs de Tunis, sous un ciel étoilé, comme pour envoyer une image du Bien contre le Mal.

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Table de Kamel Jendouba.

Discours de résistance, sans lamento, condamnation des  violences et du terrorisme : Selma Rekik, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, photos souvenirs avec les familles des victimes de l’attentat du Bardo auxquelles la ministre remet un olivier (symbole de paix depuis l’aube des temps).

La fanfare militaire clôt la cérémonie avec l’exécution de l’hymne national. Tout le monde debout. Debout contre le terrorisme.

 

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