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JTC 2015 : ‘‘La vie est un songe’’ ou l’irréalité du réel

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Photos de Fawz Ben Ali.

‘‘La vie est un songe’’ a ouvert la 17e édition des Journées théâtrales de Carthage (JTC 2015), vendredi, à l’Institut français de Tunisie.

Par Fawz Ben Ali

La journée d’ouverture a été marquée, vendredi 16 octobre 2015, par un large choix de 8 performances théâtrales programmées dans 8 espaces différents du grand Tunis. L’une de ces performances, ‘‘La vie est un songe’’, figure parmi les pièces les plus attendues par les festivaliers.  Il s’agit d’une adaptation franco-tunisienne du chef-d’œuvre espagnol du XVIIe siècle, écrit par Pedro Calderon de la Barca.

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Hichem Rostom dans le rôle du roi Basilio.

Un projet pluridisciplinaire

Cette coproduction des JTC, de l’IFT, du Centre des arts dramatiques du Kef et du Centre dramatique national de Haute-Normandie, traduite en arabe tunisien par Nidhal Guiga et adaptée par David Bobée.

Ce projet est né en 2014 du désir des deux chorégraphes Hafiz Dhaou et Aïcha M’barek de réaliser un projet pluridisciplinaire pour les jeunes acteurs, interprètes et danseurs tunisiens. Il est aussi le fruit d’une rencontre avec le metteur en scène français David Bobée, qui est également le directeur du Centre dramatique national de Haute-Normandie. Cette rencontre a donné lieu à une série d’ateliers animés par différents intervenant tunisiens et français, suivie d’une période de création de 6 semaines dans les locaux de l’IFT.

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Le roi Basilio, Estrella, sa nièce (Nejma Zghidi) et Astolphe (Bilel Béji).

Monument du répertoire théâtral universel, ‘‘La vie est un songe’’ est une fable métaphysique, dont l’action se déroule sur trois journées dans une Pologne fictive où le roi Basilio (Hichem Rostom) enferme son fils Sigismond (Abdelhamid Bouchnak) dès sa naissance dans une tour, suite à un sombre présage annonçant la cruauté et la tyrannie du futur roi envers son peuple.

L’histoire commence lorsque Rosaura (Amira Chebli), la fille séduite puis abandonnée par Astolphe (Bilel Béji), neveu du roi et prétendant à la couronne, débarque en Pologne pour venger son honneur et croise le chemin du prince prisonnier Sigismond.

Si l’on est sensible au sort peu enviable du jeune homme, on est aussi choqué par la violence et la bestialité de sa nature. Personnage central auquel on peut s’identifier, mais les événements obligent à chaque fois de remettre en cause cette identification.

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Un monde de fantasmagories où tous les contraires sont possibles.

Une merveille théâtrale

La réflexion majeure de cette pièce, celle dont elle tient son nom, est celle de l’irréalité de la réalité. ‘‘La vie est un songe’’ présente un monde de fantasmagories où tous les contraires sont possibles : la vérité est indissociable du mensonge, comme le réel l’est de l’illusion. La vie n’est donc qu’un rêve trompeur et les protagonistes, passant d’une palette de sentiments à une autre, en font l’expérience. Cette inconstance et ces paradoxes ne sont autres que les caractéristiques propres à l’art baroque dans lequel s’inscrit cette œuvre.

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Astolphe et  Clarin (Mourad Mehersi).

La temporalité non-définie de ‘‘La vie est un songe’’ a permis de la transposer dans notre réalité politique actuelle. D’ailleurs, le théâtre est toujours un reflet fidèle du contexte dans lequel il se crée. Par le recul qu’elle offre, cette adaptation nous dépeint un monde de désirs et de craintes qui animent les hommes depuis toujours. Elle nous propose également une idée d’un possible vivre ensemble, d’un positionnement vis-à-vis du pouvoir et d’une redéfinition des systèmes politiques.

Cette réadaptation franco-tunisienne est une merveille théâtrale, réussie à tout point de vue : un texte saisissant par sa richesse et sa modernité, une mise en scène magnifiquement élaborée, des interprètes bouleversants de force et de sincérité et des danseurs et des acrobates débordant de vie et d’énergie.

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On est sensible au sort peu enviable du jeune homme, et choqué par la violence et la bestialité de sa nature.

La pièce, déjà présentée le 16 et le 17 octobre à l’IFT, sera donnée, une 3e fois, aujourd’hui, 18 octobre, au même IFT, et le 22 et le 23 octobre à la Kasbah du Kef.

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