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La libération des services au menu d’un déjeuner-débat du CTNCI

Chambre-tuniso-neerlandaise

Les négociations entre la Tunisie et l’Union européenne (UE) pour la libération des services suscitent les interrogations des entrepreneurs tunisiens.

Par Wajdi Msaed

La Chambre tuniso-néerlandaise pour le commerce  et l’industrie (CTNCI) a organisé, jeudi 29 octobre 2015, un déjeuner-débat sur «l’amélioration des services destinés aux entreprises et aux investisseurs», en présence de responsables et d’hommes d’affaires des deux pays. Ridha Lahoual, ministre du Commerce et de l’Artisanat, qui devait présider le déjeuner-débat, a eu un empêchement de dernière minute et s’est fait représenter son chef de cabinet Elyes Ben Ammar.

Dans son allocution de bienvenue, Mark Liebster, président de la CTNCI, a insisté sur l’importance du dialogue pour aider à trouver les solutions adéquates aux problèmes qui se posent aux entreprises dans les différents secteurs et les faire bénéficier de l’assistance et des services nécessaires au développement de leurs activités.

L’ambassadeur des Pays Bas, Hans Van Vloten Dissevelt, a souligné, de son côté, l’attachement de son pays à la consolidation des relations d’amitié et de coopération avec la Tunisie. «Notre pays est déterminé à accompagner le peuple tunisien dans l’accomplissement de sa transition démocratique, sociale et économique», a-t-il indiqué.

Conforter les efforts de réforme et de modernisation

Michaela Dodini, chef de la section commerciale à la délégation de l’Union européenne (UE) à Tunis, a placé le thème du déjeuner-débat dans le contexte des négociations déjà engagées entre la Tunisie et l’UE sur l’Accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca) qui concerne, également, le secteur des services

Mme Dodini a précisé que l’UE, qui est engagée dans un soutien total à la Tunisie et à sa démocratie naissante, considère que l’Aleca va conforter les efforts de réforme et de modernisation économiques entrepris par la Tunisie, ajoutant que les négociations en cours, qui revêtent aussi une dimension politique, permettront de renforcer l’assistance technique et financière européenne à la Tunisie.

Elyes Ben Ammar s’est, pour sa part, félicité de la haute qualité des relations d’amitié et de coopération entre la Tunisie et les Pays Bas, mettant en exergue les efforts fournis par les entreprises hollandaises en matière de consolidation des investissements étrangers en Tunisie. Evoquant le secteur des services, il a souligné que le programme lancé par la Tunisie pour la mise à niveau de son industrie a permis d’améliorer la compétitivité globale de l’économie tunisienne. Quant au programme de mise à niveau des services, qui a démarré dans sa phase pilote en mai 2009, il traverse actuellement une phase décisive, qui devra être couronnée par la modernisation de l’économie tunisienne.

«Bien avant le démarrage des négociations avec l’UE pour la libéralisation des secteurs des services, de l’agriculture et de agroalimentaires, le gouvernement a lancé un programme de mise à niveau des services, dans le but de préparer les entreprises tunisiennes à faire face à la compétition internationale dans ces domaines», a-t-il indiqué. Ce programme, faut-il le rappeler, ne concerne pas toutes les activités de services, mais cible surtout les secteurs où la Tunisie dispose d’avantages comparatifs.

Le débat engagé à l’issue des interventions officielles et animé par Ahmed Bach Salah, secrétaire général de la CTNCI, a été, comme l’a souhaité le chef de la représentation diplomatique hollandaise, interactif, franc et constructif.

On a, ainsi, évoqué le volume des investissements réalisés par les 75 entreprises néerlandaise implantées en Tunisie, qui ont atteint 300 millions de dinars (MD) en 2014, tout en formant le souhait de voir ce volume développé davantage.

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Un débat interactif, franc et constructif.

La réglementation ne soit pas être une entrave

Un intervenant a soulevé aussi le problème de la légalisation des signatures des contrats, déplorant l’intervention de l’agent administratif pour émettre des jugements sur le contenu des documents présentés. Un autre a déploré l’absence du Conseil national des services dans l’élaboration des stratégies pour les négociations relatives à l’Aleca, l’externalisation des services et le développement de l’off-shoring. Un autre encore a insisté sur les difficultés et les obstacles rencontrés par les exportateurs tunisiens vers le marché algérien. Des questions ont également été soulevées, relatives au guichet unique de l’API, qui se trouve dans un état déplorable d’encombrement, à la libre circulation des personnes et aux procédures d’octroi de visas, à l’open sky et sa place dans les négociations avec le partenaire européen.

En réponse à ces questions, des clarifications ont été apportées par les responsables présents, et notamment ceux du ministère du Commerce.

«Les rapports de force économiques entre la Tunisie et l’UE ne sont pas équilibrés et notre objectif est de mettre à niveau nos services pour qu’il soient compétitifs dans un espace qui compte plus de 500 millions de consommateurs», a ainsi précisé le chef du cabinet du ministre du Commerce, ajoutant que le Conseil national des services, qui a stagné au cours des 5 dernières années, a été réactivé en mai dernier.

Mme Dodini a rappelé, de son côté, que Tunis et Bruxelles doivent oeuvrer pour que la réglementation ne soit pas une entrave aux négociations et que des négociations sont en cours pour faciliter davantage la mobilité des opérateurs économiques. «L’Union européenne est là pour aider la Tunisie à réussir la mise à niveau de son économie», a-t-elle insisté.

Un capital de confiance

Mme Akrout, présidente de la Commission nationale de mise à niveau au sein du ministère du Commerce, a indiqué que la Tunisie entame les négociations avec l’UE en faisant confiance à ses compétences, qui sont capables de mener ces conditions dans les meilleures conditions. Elle a ajouté qu’une enveloppe de 20 millions d’euros sera allouée pour financer, dans une première étape, l’amélioration des services de santé dans 15 établissements publics et autant d’unités privées. «On s’occupera aussi, durant cette étape, des services professionnels liés à l’entreprise, y compris ceux ayant trait au tourisme (hôtels non compris parce qu’un programme spécifique leur a été réservé)», a encore précisé Mme Akrout.

Mme Aziza Hatira, présidente du Cepex, a tenu, pour sa part, à rectifier le tir, en ce qui concerne l’Api, en précisant que le  guichet unique fonctionne convenablement et que toutes les parties prenantes s’acquittent de leur tâche comme il se doit de sorte qu’un agrément relatif à la constitution d’une entreprise exportatrice est délivré dans un délai de 24 heures.

Parlant de la diversification des marchés extérieurs, Mme Hatira a insisté sur les efforts consentis en vue de conquérir des marchés autres qu’européens, à l’instar de ceux des pays africains subsahariens. «Mais le problème du transport demeure un grand  handicap, a-t-elle admis, tout en soulignant la volonté du gouvernement d’atteindre une hausse annuelle des exportations de 5% à la fin de l’actuel plan de développement (2016-2020).

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