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Après les attaques de Paris: Le terrorisme n’a ni religion ni frontières!

Attaques-de-Paris

Nous devons continuer à combattre ensemble le terrorisme, sans distinction d’origine, de race ou de religion. Et à promouvoir le métissage des peuples et des cultures.

Par Hédi Chenchabi *

Depuis le vendredi 13 novembre 2015, la ville de Paris et sa banlieue proche (Saint Denis) vivent sous la menace des attentats terroristes. Les réactions se multiplient et les mobilisations sont quotidiennes pour dénoncer pacifiquement ces actes ignobles des obscurantistes islamistes. Les musulmans paisibles de France se sentent menacés par la montée de la stigmatisation et des amalgames. La communauté tunisienne et les acteurs de la société civile sont concernés en premier chef, leur mobilisation pour condamner le terrorisme ici et là-bas et pour la sauvegarde des valeurs de la république font malheureusement l’objet d’une fausse controverse. Des positions nationalistes et chauvines des deux côtés de la Méditerranée oublient de dire que le terrorisme n’a ni religion, ni frontières. Cette bataille contre la barbarie doit être celle de tous les citoyen(ne)s libres épris de paix et de fraternité.
La haine comme leitmotiv du terrorisme

Le 13 novembre 2015, la France, comme d’autres pays du nord et du sud ces dernières années, a été touchée au cœur par les pires attentats terroristes de son histoire. Ces actes barbares ont coûté la vie à plus de 129 personnes, essentiellement des jeunes visés parce qu’ils aimaient vivre, s’amuser, écouter de le la musique, partager des moments de joie, s’assoir tout simplement entre amis à la terrasse des cafés pour échanger…

D’autres jeunes, travaillés par la haine de l’autre et de la liberté ont commis un acte inqualifiable : ils ont enlevé la vie à des innocent(e)s, à d’autres jeunes comme eux au nom d’une idéologie de la haine et d’un parti pris qui ne respecte rien et qui veut nous faire peur.

Aucune cause quelle que soit sa nature ne peut justifier ces actes barbares. Ceux qui ont frappé Paris ce vendredi 13 sont les ennemis des peuples en quête d’émancipation, de justice, de démocratie, d’un monde juste, solidaire et fraternel. «Nous n’avons pas peur de vous !», leur répondent des millions d’hommes et de femmes à travers le monde.

Amour, fraternité et culture de la paix

En visant des lieux ouverts, des restaurants, des musées, des stades, des marchés…, ces assassins ont voulu tuer notre sociabilité, notre art de vivre tous ensemble et mélangés. Ils ont voulu tuer les hommes, les femmes et toutes les différences. Comme les fascistes d’extrême droite qui nous menacent, ils haïssent le mélange et le métissage des peuples et des cultures.

Partout, ces terroristes veulent s’en prendre à nos libertés, à la fraternité et à l’art de vivre libres dans le monde. Ces fascistes  appellent cela «perversion»; nous l’appelons «plaisir de la vie». Partout ils s’attaquent à nos modes de vie, aux artistes, aux intellectuels libres. Partout, ils veulent instaurer un régime de terreur, d’arbitraire, de viols et d’assassinats ignobles.

Nous voulons vivre et protéger nos enfants, nos jeunes. Nous voulons chanter partout l’hymne à la vie et à la joie, combattre ces oiseaux de malheur et de destruction !

Face à la terreur, ne jamais lâcher

L’objectif délibéré de telles attaques est de semer la terreur et de légitimer la violence. Cette stratégie est d’autant plus redoutable qu’elle s’appuie sur des tendances déjà à l’œuvre au sein de notre société. La xénophobie, les extrême-droites européennes et les terroristes se renforcent mutuellement en partageant une même vision binaire du monde.

Ces tueurs n’ont fait aucune distinction en commettant leurs actes; ils nous ont tous désignés comme leurs ennemis. Plus personne ne peut nier que cette guerre est la nôtre. Nous ne l’avons pas voulue, il faut à présent la mener !

Au-delà des réponses sécuritaires, la société civile doit agir par la culture et l’éduction, apporter des réponses nouvelles. Ne jamais céder et s’opposer à cette barbarie obscurantiste. Agir et résister au fascisme d’où qu’il vienne reste le meilleur témoignage de notre souvenir des victimes en France et partout à travers le monde. Mais toute l’attention et la vigilance restent nécessaires pour prévenir la stigmatisation des musulmans de France et l’instrumentalisation par l’extrême droite de cette haine de l’étranger.

Quels sont les enjeux ?

Dans des centaines d’appels, de communiqués d’acteurs de la société civile en France, d’articles de presse et d’opinions exprimées dans les médias dans leur diversité, agir contre ce virus qui mine une société métissée, combattre la  haine est une priorité absolue qui passe par :

– la condamnation ferme de ces actes ignobles qu’aucune religion, aucune idéologie, aucune cause ne saurait justifier;

– la mobilisation individuelle et collective pour dire combien nous horrifient ces actes quelles que soient les victimes de cette barbarie partout où elle sévit;

– la recherche des coupables et de leurs commanditaires pour que toute la lumière soit faite à Tunis, Beyrouth, Bruxelles et Paris… Les auteurs de ces attentats sanglants doivent être identifiés et traduits devant la justice;

– l’engagement ferme de tous les Etats touchés par ce terrorisme islamiste devient une nécessité absolue pour combattre la terreur avec toute la détermination nécessaire;

– la coopération entre les pays exposés au terrorisme, au sud et au nord, devient une urgence pour leur protection et celle du citoyen(ne)s innocents. Pour cela, ils se doivent d’avoir une politique cohérente de sécurité et une diplomatie porteuse des valeurs démocratiques. Ceci n’est possible qu’à condition d’harmoniser leurs politiques et de réviser leurs partenariats commerciaux privilégiés avec les pétromonarchies, principaux soutiens de la nébuleuse islamo-fasciste.

– le réel contrôle du commerce des armes et le tarissement de ses sources de financement;

– l’appel à tous les citoyennes et les citoyens du monde, par-delà leurs différences confessionnelles, culturelles ou politiques, à se dresser à l’unisson contre l’abomination terroriste;

– la création de nouveaux espaces dans les quartiers pour agir contre l’endoctrinement de nos enfants et de nos jeunes par ces barbares qui sont les ennemies de l’Islam et des valeurs universelles.

Une lecture critique des politiques de guerres conduites à travers le monde nous oblige à la fois à tenir compte de la complexité des situations internes et externes et de la géostratégie.

Aujourd’hui, il est important de ne pas tomber dans la facilité de traitement des problèmes sociaux, culturels et planétaires, du jihadisme et de ses causes, de l’islam politique dans l’immigration. Au-delà des postures critiques ou intellectuelles justifiant ou condamnant ce péril dont les principales victimes sont les musulmanes, aucune justification ne tient quand on mesure le poids des mots et des actes dans un monde divisé, fracturé avec des enjeux économiques, stratégiques et de domination.

De Paris à Tunis, même combat contre le terrorisme

La république est la cible de ces lâches qui assassinent des jeunes, des femmes, des enfants, nos cultures millénaires. Celle-ci est notre bien partagé le plus précieux. La république une et indivisible, pour laquelle nous devons ensemble combattre «sans distinction d’origine, de race ou de religion».

Cette lutte, dans la durée, pour les valeurs passe d’abord par la banalité et la beauté de notre vie, de nos modes de vie, de nos «rassemblances» que nous devons préserver malgré les menaces, malgré toutes les tentatives de division.

Continuer à vivre, à peupler la ville et les quartiers, le jour et la nuit, comme hier, c’est déjà mener le combat, c’est résister aux replis identitaires et aux tentations de rejet de l’autre.

En France comme en Tunisie et partout ailleurs, lutter contre cette idéologie meurtrière exige la solidarité active des hommes libres par-delà les frontières et la coopération entre les acteurs de la société civile du sud et du nord pour combattre le terrorisme et tous les racismes.

Pour les Tunisiennes et tous les Tunisiens, nombreux en France, dont les bi-nationaux, souvent stigmatisées par une certains classe politique et des médias nationalo-chauvinistes, ce combat est le même que celui que conduisent d’autres peuples, d’autres pays, ils le font en manifestant  leur entière solidarité avec les victimes de ces actes barbares, en tant que citoyens vivant dans ce pays mais aussi par leur attachement à défendre les libertés individuelles et collectives et les valeurs de la république «Liberté, Égalité, Fraternité». Personne n’a le droit de les stigmatiser ni en France, ni en Tunisie !

En France, en Tunisie et ailleurs, ces criminels n’ont pas tiré «n’importe où». Le prétendre, ce serait nier à l’ennemi sa logique politique et idéologique, c’est ignorer leur haine de l’autre, des cultures et de la jeunesse.

En rejetant toute forme de stigmatisation et d’amalgame, en alertant leurs compatriotes sur certaines attitudes nationalistes, à courte vue, des tunisien(n)es s’engagent avec toutes les forces progressistes à bâtir un autre monde basé sur la solidarité, la justice, la démocratie, la liberté. Un autre monde débarrassé de la haine, de l’exploitation, des guerres, de l’esclavagisme, du racisme et du sexisme et de toute violence.

* Militant politique et associatif franco-tunisien.

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