Accueil » Tourisme: Le retour en Tunisie divise les Britanniques

Tourisme: Le retour en Tunisie divise les Britanniques

Sousse-attentat-plage

Le retour annoncé des voyagistes britanniques sur la destination Tunisie n’est pas du goût de tous les Britanniques. Un député tory fait éclater sa colère…

Par Marwan Chahla

Suzy Richards, 46 ans, a perdu son fils Joel Richards (19 ans), son frère Adrian Evans (49 ans) et son père Patrick Evans (78 ans), tous les trois morts des balles du terroriste Seifeddine Rezgui, le 26 juin dernier, lors de la tuerie de l’Imperial Marhaba d’El Kantaoui à Sousse.

Thomas Cook et Thomson cassent les prix

Au lendemain de ce massacre, le gouvernement de David Cameron avait pris la décision d’interdire aux ressortissants britanniques «tous les déplacements en Tunisie, sauf en cas de nécessité absolue», et d’attendre que cette interdiction soit définitivement levée par le Foreign Office.

Six mois après cet attentat terroriste de l’hôtel Imperial Marhaba, les voyagistes britanniques et européens, répondant à la demande pressante de leurs clients toujours intéressés par la destination Tunisie, comptent reprendre leurs activités et préparent ce retour sur le marché tunisien.

Pour cette relance, le plus important tour-operator britannique, Thomas Cook, offre à ses clients des rabais sur ses packages allant jusqu’à 40% des prix normaux. Par exemple, une semaine pour une personne à l’hôtel El Mouradi ne coûterait à un touriste britannique que 279 livres sterling (838 dinars tunisiens, DT), au lieu des 456 £ habituelles (près de 1.370 DT).

Le voyagiste Thomson a lui aussi baissé ses tarifs, puisque pour une semaine dans le très luxueux Sensimar Scherazade à Sousse, le touriste britannique n’aurait à payer que 431 £, soit 1.295 DT…

Bien évidemment, pour Suzy Richards, avec la perte de 3 personnes de sa famille, cette attitude des agences de voyages est «irresponsable.»

La citoyenne des West Midlands, dans le centre de l’Angleterre, ne décolère pas que l’on puisse facilement «passer l’éponge» sur des évènements aussi douloureux que l’attaque terroriste de l’Imperial Marhaba, qui a coûté la vie à 30 touristes britanniques sur le total des 38 victimes. Elle a déclaré, le 1e janvier 2016 sur le site ‘‘The Express’’, que «c’est question de bon sens et d’humanité: il y a toujours des risques. Des attentats ont toujours lieu en Tunisie et l’état d’urgence est maintenu par le gouvernement de ce pays (…) La sécurité du client devrait toujours être le souci majeur des tour-operators. C’est cela la chose la plus importante. Je pense, personnellement, qu’il est encore très tôt pour qu’un citoyen britannique prenne la décision de se rendre en Tunisie. Et les voyagistes qui feront fi de l’interdiction du Foreign Office sont tout simplement irresponsables.»

Suzy

Suzy Richards a perdu 3 personnes de sa famille dans l’attentat de Sousse.

Un jeune tory s’insurge!

La réaction de cette femme accablée de chagrin n’a pas manqué de susciter «l’intérêt» du député conservateur de la région. Très vite, Gavin A. Williamson, le jeune membre tory des Communes britanniques pour la circonscription du sud Straffordshire, a surfé sur le ressentiment de Suzy Richards: «L’attitude des opérateurs de tourisme qui ignorent l’avertissement du Foreign Office et qui continuent d’accepter les réservations sur la Tunisie est à la fois choquante et honteuse. Là-dessus, le gouvernement britannique est on ne peut plus clair: le voyage en Tunisie pour les citoyens britanniques n’est pas sûr. Donc, c’est une faute impardonnable que des voyagistes puissent faire comme si de rien n’était et qu’ils continuent de réserver pour des séjours en Tunisie et de prendre l’argent de clients potentiels, alors que la reprise normale de l’activité touristique en Tunisie reste incertaine et que le Foreign Office n’a toujours pas donné son feu vert. Cette affaire me concerne au premier degré et je n’accepte pas que mes concitoyens soient ainsi trompés et séduits par des rabais aussi attractifs… Je m’insurge contre cette pratique tout à fait illégale», lance M. Williamson.

«Quel mal y a-t-il ?»

Face à cette offensive, la plupart des voyagistes préfèrent temporiser. Un porte-parole de Thomas Cook a rappelé à ‘‘The Express’’ la règle d’or de sa compagnie: «La sécurité et le bien-être de nos clients priment et primeront encore et toujours. Nous assumerons toujours sérieusement et entièrement nos responsabilités. Chez Thomas Cook, nous comptons reprendre notre programmation de la Tunisie à partir du 1e mai 2016. Bien évidemment, cette reprise dépendra de la décision des autorités britanniques. S’il n’y a pas de changement de l’interdiction de voyage dans ce pays, nous poursuivrons notre déprogrammation. C’est une simple question de logique: nous ne pouvons pas prendre le contrepied de la position officielle sur cette question.»

Même son de cloche de la part de Thomson qui explique, dans un communiqué publié sur son site, qu’il s’agit tout simplement de réservations, qu’il n’y a absolument aucune obligation d’achat et que, dans le cas de la poursuite de l’interdiction de déplacement des touristes britanniques en Tunisie, «les personnes qui ont réservé seront soit remboursées ou bien nous leur offrirons des propositions de remplacement équivalentes. Où est le mal? Notre attitude est transparente et honnête. Il n’y a aucune tricherie. Pour ce qui concerne la réduction de nos tarifs, c’est une manière tout à fait normale de relancer une destination qui a été affectée par un incident aussi tragique que l’attaque terroriste de Sousse.»

A présent, il reste à la partie tunisienne – c’est-à-dire le gouvernement de Habib Essid, la ministre du Tourisme et les hôteliers tunisiens – à faire entendre leurs voix et à entreprendre les actions qu’il faut pour rassurer l’opinion publique britannique, pour convaincre les dirigeants conservateurs et travaillistes britanniques que le terrorisme peut tromper toutes les gardes, qu’interdire la destination Tunisie consisterait à tomber dans le piège de ceux qui souhaitent nuire à la jeune démocratie tunisienne, et pour peser de tout leur poids dans la décision que prendra le gouvernement de David Cameron sur la question de voyage en Tunisie imposée aux touristes britanniques…

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.

error: Contenu protégé !!