Durant le trimestre qui a suivi l’attentat de l’Imperial Marhaba, du 26 juin 2015, les entrées des britanniques en Tunisie ont chuté de 91%.
Par Marwan Chahla
C’est ce qu’a révélé, cette semaine, un rapport de l’Autorité britannique de l’aviation civile (CAA, en anglais) sur le trafic des passagers de 19 aéroports du Royaume-Uni à destination d’aéroports tunisiens, durant les 3 mois qui ont suivi l’attaque terroriste de Sousse, qui a coûté la vie à 30 ressortissants de nationalité britannique.
La chute la plus vertigineuse au monde
Seulement 33.270 passagers britanniques ont défié l’interdiction de voyage en Tunisie imposée par le Foreign Office, comparés aux 364.902 passagers, entre juillet et septembre 2014 – soit, précisément, une baisse de 91%.
Selon la CAA, depuis l’interdiction du FO, il n’y a plus eu aucun vol desservant les aéroports de Monastir et d’Enfidha, les aéroports les plus proches de la ville de Sousse, théâtre de la tuerie perpétrée par Seifeddine Rezgui.
Ces 2 aéroports ont enregistré l’été dernier une baisse de trafic de 97%. Djerba, autre destination de choix pour les touristes du Royaume Uni, a moins pâti qu’Enfidha et Monastir – avec une baisse de 92% des vols britanniques sur l’île.
En revanche, la CAA a constaté que les liaisons aériennes entre les aéroports londoniens – de Gatwick et Heathrow – et la capitale Tunis se sont poursuivies presque normalement, avec une baisse de seulement 1%.
Le site du ‘‘Mirror’’, qui a relayé les résultats de ce rapport de la CAA, note que la baisse du trafic aérien entre le Royaume Uni et la Tunisie, l’été dernier, c’est-à-dire cette chute du nombre de passagers britanniques de 331.632 par rapport à l’été 2014, «a été la plus vertigineuse au monde» (!)
Nombre des touristes britanniques ayant visité la Tunisie en 2014 et 2015
Selon le ‘‘Mirror’’, cet abandon britannique de la destination Tunisie a été notamment profitable à l’Espagne et au Portugal, et parfois même également à des destinations jusqu’ici «inconnues» pour le grand public des vacanciers du Royaume Uni…
Difficile d’évacuer le traumatisme du 26 juin
Bien évidemment, ce report sur des destinations de substitution a été accompagné par une montée en flèche des prix et un coût plus élevé des vacances pour le touriste britannique, note le ‘‘Mirror’’ qui cite Pat Dawson, président de l’Association des agenciers irlandais (Irish Travel Agents’ Association, ITAA, en anglais).
«L’on estime aujourd’hui que, du fait de la pression accrue de la demande sur ces destinations de remplacement, les prix (en Espagne et au Portugal, Ndlr) ont augmenté d’environ 10 à 12%. A titre d’exemple: une famille britannique qui, en pareille période de l’année, aurait dû payer pour ses vacances à l’étranger 100 euros pour une nuit dans un hôtel espagnol ou portugais, va devoir à présent débourser 10 à 12 euros supplémentaires», constate Pat Dawson.
Le président de l’ITAA indique que, ces dernières années, une moyenne de 3.000 touristes irlandais ont pris l’habitude de passer leurs vacances d’été en Tunisie. En 2015, pendant les mois de juillet, août et septembre, il n’y en a eu aucun!
«L’été passé, il n’y a pas un seul vol irlandais à destination de la Tunisie. Et il n’y en aura pas pour au moins une autre année. Se débarrasser de ce traumatisme et surmonter cette crise ne sera pas une tâche facile. Et c’est vraiment dommage, car la Tunisie a toujours offert à nos clients des très bons séjours, en qualité et en prix. Ce pays offre de bonnes conditions de séjour dans ses hôtels, il possède une excellente culture et son climat est superbe», insiste Pat Dawson.
«Il est injuste qu’un pays comme la Tunisie se trouve ainsi dans l’obligation de payer un prix aussi fort la faute d’un seul individu. Etre puni de la sorte est tout à fait inacceptable», regrette le président de l’ITAA, rappelant au passage que l’Irlande aussi a souffert, il n’y a pas si longtemps, de la calamité terroriste…
Etrange coïncidence des chiffres: la moyenne annuelle des 350.000 à 400.000 touristes britanniques sur lesquels l’industrie touristique tunisienne a appris à compter, ces dernières années, est presque l’équivalent du nombre des citoyens tunisiens employés, normalement, dans ce secteur!
Sources : ‘‘Mirror’’ et ‘‘Irish Mirror’’.
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