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Mohsen Marzouk doit mettre fin à ses ambiguïtés

Mohsen-Marzouk

Mohsen Marzouk ne doit pas inspirer confiance tant qu’il n’a pas écarté, de manière claire et définitive, une éventuelle alliance avec les islamistes.

Par Rachid Barnat

Quand on a vu Mohsen Marzouk quitter Nidaa Tounes et se préparer à créer un nouveau parti, beaucoup ont repris espoir de voir enfin un homme qui reconnaisse les erreurs stratégiques de Béji Caïd Essebsi qu’ils n’ont cessé de dénoncer; et qui semble en avoir tiré des leçons.

Ils se sont dit aussi : voilà le moment de clarifier la situation et de mettre fin à l’ambiguïté de la politique tunisienne du fait des Frères musulmans qui font tout pour diviser les «progressistes», pour mieux régner, usant de tous les moyens pour corrompre leurs adversaires dont beaucoup tombent dans leurs pièges par manque de personnalité ou pire par manque de conviction.

Gouverner avec Ennahdha

Beaucoup on cru que la scission avait pour moteur essentiel le refus de toute alliance avec les islamistes car cette alliance de deux conceptions diamétralement opposées de la société ne pouvait qu’être paralysante et interdire tout progrès au pays.

Cette alliance était, par ailleurs, la mise en œuvre d’une sorte de nouveau parti unique avec l’impossibilité d’alternance véritable, ce qui prélude d’une nouvelle forme de dictature qui se donnerait l’apparence de la démocratie.

Sur cette analyse, Mohsen Marzouk employait même ces termes de «parti unique», de «fin de la démocratie», dans un entretien accordé à la chaîne Al-Hiwar Ettounsi, mardi 19 janvier 2016. En réalité, il faut voir l’entretien dans son intégralité, pour voir qu’il contient une phrase qui met à néant tous ces espoirs.

Que dit précisément Mohsen Marzouk? Il est tout-à-fait contre l’alliance avec Ennahdha pour les élections municipales et il affirme son refus de listes communes proposées par Rached Ghannouchi, président du parti islamiste Ennahdha, en précisant qu’une telle alliance ruinerait la démocratie. Fort bien.  Mais il ajoute, que si l’on peut gouverner avec Ennahdha au niveau du gouvernement, on ne doit pas faire alliance pour les municipales!
Autrement dit, on ne peut pas faire alliance quand il s’agit de gérer des routes, des équipements municipaux, des projets locaux… mais que l’on peut parfaitement faire une alliance gouvernementale avec les islamistes.

Reviendrait-on à la case de départ? Allez comprendre en quoi il différerait alors de Béji Caïd Essebsi!

A la limite, c’est peut-être l’inverse qui serait possible: on peut, peut être, s’entendre sur un projet local. Mais absolument pas sur une politique nationale ni sur un projet de société !

La méfiance est de rigueur

Cet entretien a le mérite de faire la clarté sur les réelles intentions d’un homme politique dont beaucoup se méfient en raison des ses liens passés avec le Qatar et les Etats-Unis.

Le salut du pays ne viendra donc pas de Mohsen Marzouk et de sa nouvelle formation politique qui devrait être annoncée le 2 mars 2016, s’il persiste à croire en une démocratie au rabais, comme il nous la proposait quand il était encore à Nidaa. Il n’est pas sûr que tous ceux qui l’ont suivi, continueront à le suivre après cette clarification. A moins qu’il dise clairement son refus de s’allier avec un parti diamétralement opposé au sien, puisqu’il se dit bourguibiste et progressiste !

Donc, stop aux ambiguïtés que nous avait déjà servies Mustapha Ben Jaâfar, Moncef Marzouki et dernièrement Béji Caïd Essebsi, les autres «démocrates progressistes» de la scène politique tunisienne! Et que Mohsen Marzouk nous sert aujourd’hui en n’écartant pas, de manière claire et définitive, une éventuelle alliance avec les islamistes.

Ceux qui ne veulent pas être une nouvelle fois trahis en tireront toutes les conséquences.

Blog de l’auteur.

 

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