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Taysir: Micro-finance, développement durable et création d’emplois

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Taysir Conseil, une Ong spécialisée dans la micro-finance, affiche ses premiers succès dans le financement de micro-projets dans le secteur de l’environnement.

Par Wajdi Msaed

«Rascalni» est le mot d’ordre choisi pour dire : «Assure-moi le recyclage» : le recyclage des déchets qui envahissent nos villes et nos quartiers avec leurs effets nocifs pour la santé et l’environnement, mais aussi, et surtout, recyclage des personnes à la recherche d’un emploi leur garantissant dignité et pain quotidien. Les exemples illustrant cette heureuse jonction doublement bénéfique pour l’individu et pour la société sont nombreux et on en présentera quelques uns, dont celui d’un collecteur de déchets devenu en quelques mois un chef d’entreprise qui fait travailler d’autres.

De l’or dans les déchets

La préservation de l’environnement et la lutte contre le chômage des jeunes demeurent des enjeux majeurs et des défis de premier plan pour la Tunisie, qui est à la recherche de solutions pragmatiques, fiables et efficaces pour inculquer à la fois, la culture de la préservation de l’environnement et de l’écosystème et celle de l’entrepreneuriat et de l’initiative privée, qui sont, comme on le verra, très complémentaires.

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C’est dans cette optique que Taysir Conseil, une Ong spécialisée dans la micro-finance, «responsable et engagée dans une démarche de développement durable», a organisé, le 18 février 2016, en collaboration avec le Fonds Emploi de la GIZ (Deutsche Gesellschaft fur internationale Zusammenarbeit – Coopération internationale allemande), une journée d’information pour faire connaitre ce projet et présenter son bilan d’activités pour 2015 ainsi que les perspectives d’avenir.

«Le projet Rascalni, précise Rim Lamti, DGA de Taysir, vise la création et la consolidation d’emplois durables au niveau des différents maillons de la chaîne de valeur, c’est-à-dire la collecte et le tri, le stockage, le transport et la transformation»

«On trouve de l’or dans les déchets», signale Tobias Seiberlich, chef du projet Fonds Emploi de la GIZ, qui ajoute : «Notre objectif est de trouver les bonnes idées provenant des Tunisiens en vue de les mettre en œuvre à travers quatre champs d’intervention, à savoir l’entrepreneuriat, la formation professionnelle au sein des entreprises,  l’adaptation entre l’offre et la demande sur le marché du travail et enfin le soutien aux petits métiers».

Rappelons que la GIZ opère, depuis 1970, dans le domaine de la coopération internationale. Elle est  mandatée par le gouvernement allemand pour définir, en collaboration avec son homologue tunisien, les projets à entreprendre. «On est au 4e appel à projets et c’est un comité de pilotage composé de représentants de la société civile qui fixe les choix, dont le projet Rascalni», a encore expliqué M. Tobias, en souhaitant le plein succès à toutes les initiatives de Taysir Conseil.

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Bilan et perspectives

Présentant le bilan de Taysir pour l’année 2015 et les perspectives pour 2016, Raouf Ben Aissa, coordinateur du projet Rascalni, note que ce projet est «la consécration de la micro-finance verte qui vise à soutenir l’entreprenariat et le travail indépendant dans le secteur du recyclage des déchets en agissant sur l’amélioration de la qualité et les conditions de travail des  jeunes promoteurs».

«Durant l’année 2015, ajoute M. Ben Aissa, nous avons accordé 32 crédits après avoir fait un peu plus de 120 prospects pour un montant global de 100.000 dinars accompagnés d’un montant de 60.000 dinars sous forme de primes non remboursables».

L’intervention de Rascalni se déroule sur plusieurs axes: le financement des microprojets et des petites entreprises, l’accompagnement des acteurs de la filière à travers des formations adaptées et un coaching personnalisé . Ainsi 46 personnes ont été accompagnées durant, dont 72% de jeunes porteurs d’idées de projets.

Cette intervention est matérialisée, en outre, par la structuration de la filière à travers des partenariats et par la sensibilisation de l’écosystème à la gestion des déchets.

Au cours de l’année 2016, l’effort de sensibilisation sera consolidé avec le renforcement des relations avec les organisations de la société civile et du partenariat avec les institutions publiques et privées.

Prêts encouragés par des subventions de la coopération allemande

La présentation ayant suscité l’intérêt de l’assistance, plusieurs questions ont été posées, notamment à propos des zones d’action couvertes par Taysir et qui sont Tunis, Ben Arous, Béni Khalled, Kairouan, le Kef et Siliana. «Nous souhaitons couvrir toutes les régions du pays et une priorité sera accordée au sud», explique Rachid Abidi, directeur délégué de Taysir, qui ajoute : «L’essentiel est de trouver la bonne approche».

S’agissant du taux d’intérêt appliqué à l’octroi des crédits et le degré de responsabilité et de confiance observé chez les bénéficiaires, notamment en ce qui concerne le remboursement des crédits, M. Abidi précise que Taysir, dans le cadre du projet Rascalni n’accorde pas de taux d’intérêt 0%, mais plutôt un crédit couplé à une prime d’encouragement du projet Fonds Emploi de la GIZ. Ce qui réduit le coût de crédit et encourage financièrement les jeunes à entreprendre dans le développement durable.

Quant au taux de recouvrement des crédits octroyés, il est satisfaisant et tranquillisant puisqu’il atteint 98%.

«Les collecteurs de déchets, que l’on appelle couramment les « barbacha », doivent se regrouper en coopérative qui leur facilite la tâche dans les circuits de production et de vente ?», préconise un banquier partenaire de Taysir. Une proposition à creuser…

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Témoignages

Un ex-barbache, Sami Cheniti, est devenu un bon chef d’entreprise, qui se porte garant auprès de Taysir pour les candidats aux crédits. «Je dois aider les gens puisque j’ai trouvé du soutien chez toute l’équipe de cette association», explique-t-il, en ajoutant : «Je ne dois pas demander à l’Etat de m’accorder un emploi même après une expérience amère passée à l’étranger. J’ai le sens de l’initiative et le courage de me lancer sur mon propre compte. Je suis en train de créer des emplois et à la recherche d’ouvriers».

Pour Wajdi Riahi, qui travaille dans la collecte des bouteilles en plastic qu’il transporte sur un tricycle acquis avec le concours de Taysir, le passage par cette association est très bénéfique : «J’ai appris à bien gérer mon argent, à épargner et à réinvestir», explique-t-il.

Adel Hammami, technicien supérieure en commerce international, s’est fièrement exprimé dans la langue de Voltaire. Tout se disant heureux d’avoir intégré ce secteur, où ses premières réussites augurent d’un bon avenir, il a remercié sa famille qui lui est venue en aide après l’échec d’une expérience en Libye.

Chômeur cherchant de l’emploi, Charfeddine Baraket a pris contact avec Taysir après avoir constaté que les déchets en plastique envahissent sa ville de Béni Khalled. Une formation de 3 mois, notamment en moyens logistiques et en applications financières, lui a permis de démarrer son projet qui avance à pas sûrs.

«Notre ambition est de contribuer à nettoyer notre beau pays des déchets tout en créant des emplois et en répondant aux besoins croissants des acteurs du recyclage en Tunisie», conclut  Raouf Ben Aissa.

 

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