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Saïd Aïdi et les syndicats : Le silence assourdissant d’Habib Essid

Habib-Essid-Tozeur

Habib Essid et Saïd Aïdi appartiennent-ils au même gouvernement?

En laissant son ministre de la Santé, Saïd Aïdi, en pâture à des syndicalistes aux airs de scélérats, le chef du gouvernement Habib Essid ne se hisse pas forcément à la hauteur de sa fonction.

Par Nadya B’chir *

La gorge nouée, la voix tremblante et les yeux larmoyants, le ministre de la Santé, Saïd Aïdi, a crié son indignation, son émoi, son mépris vis-à-vis de ceux qui ont insulté ses parents, ceux qui l’ont traité de «résident français» et ceux qui l’ont blessé dans son sentiment profond de patriotisme. Tels des sorcières sur leur balai, ceux-là sèment le chaos, provoquent un charivari sans précédent et battent en brèches le ministre de la Santé.

Une bataille non rangée

Sept mois que cette piteuse scène illustrant le bras-de-fer entre les syndicalistes et Saïd Aïdi dure sous différentes coutures et, de surcroit, sous le silence assourdissant du chef du gouvernement, Habib Essid !

Le ministre de la Santé, nourri par ses prérogatives, a nommé un directeur appartenant au corps militaire à la tête de l’hôpital universitaire Habib Bourguiba de Sfax. Mauvaise pioche pour les syndicalistes de base ! Un officier de l’armée reprenant les rênes de leur «fief» et bousculant les mœurs de leur laisser-aller et de leur négligence?! Il n’en est pas question! Autant brûler la politesse et s’engager aussi tôt dans une belligérance où peu-à-peu tout devient permis !

C’est alors que Saïd Aïdi s’est retrouvé face à une horde de syndicalistes à qui l’ont reconnaît sans équivoque le droit au travail syndical mais dans le respect des exigences du contexte et que cela soit raisonnablement justifié. Illusoire! Les syndicalistes de la santé ne l’entendent pas de cette oreille et s’engagent dans une véritable croisade contre le ministre, usant chaque temps qui passe d’un outil encore plus balafrant des égards dus aux prérogatives de Saïd Aïdi ainsi que de son poste. Le fleuron est à mille lieux d’une certaine béatitude !

Le directeur du CHU de Sfax, nommé par le ministre de la Santé, a été jusqu’à empêché de rejoindre son bureau et vaquer à ses responsabilités. Il se plie, il se résigne et trouve endroit fonctionnel de fortune dans une tentative de s’accommoder à une situation aberrante, au mieux !

Un ministre face à la dictature des syndicats

Au fil du temps et de l’espace, cette bataille non rangée s’engage dans des abysses d’un conflit de plus en plus complexe et laisse peu de place à une résolution pacifique du problème. Les syndicalistes ne veulent entendre raison et montent d’un cran jusqu’à ce que la situation dévie dans un virage dangereux. Désormais, il est question de mafia et non plus de syndicalistes, de personnes dangereuses pour la sécurité et la paix sociale et qui constituent une grave entrave au bon déroulement de l’assainissement de l’hôpital de Sfax.

Saïd Aïdi ne cède pas face à cette attitude grivoise pourtant qui émane de représentants d’une institution de haute estime et s’accroche à sa décision n’en déplaise aux syndicalistes. Le ton est monté et le procureur général a finalement bougé d’un iota en arrêtant les responsables notamment en la personne du premier responsable du syndicat local, Adel Zouaghi, pour délit d’entrave à la liberté de travail.

Au creux de cette vague d’indignes manœuvres syndicales, Saïd Aïdi s’est retrouvé quasiment seul contre tous. Un certain nombre de députés se sont récemment prononcés pour un soutien inconditionnel au ministre de la Santé sans roulements de tambours cependant. Du côté du gouvernement, et plus particulièrement du côté de son chef «présumé», Habib Essid, c’est un silence assourdissant qui retentit ! Saïd Aïdi n’a pas eu droit au principe de la solidarité gouvernementale qui pourtant aurait pu lui insuffler sans conteste un effluve de soutien imposant le respect de l’application de la loi et, surtout le respect du fameux prestige de l’Etat !

Un chef de gouvernement aux abonnés absents

Habib Essid a joliment laissé tomber Saïd Aïdi face à la dictature des syndicalistes et à entendre la déclaration du chef de la centrale syndicale, Houcine Abassi, il aurait même tendu la main aux adversaires féroces du ministre de la Santé pour sceller un pacte sans le consentement de ce dernier. Solidarité refusée et mise en hors jeu infligée! Le chef du gouvernement n’a pas jugé apodictique d’afficher son soutien ainsi que celui de son gouvernement à l’un de ses membres dans cette frénétique et même endiablée lutte contre ceux qui ne s’accommodent pas d’une équation où la loi est un paramètre inéluctable. Le silence assourdissant d’Habib Essid, et des autres membres de son cabinet, ne peut signifier qu’une chose: l’harmonie au sein de son gouvernement et l’application de la loi assortie de la consécration du statut «prestige de l’Etat» ne valent que babioles.

Houcine Abassi s’est dit étonné des agissements de Saïd Aïdi au regard de l’accord conclu avec Habib Essid et qui n’aurait pas été du goût du ministre de la Santé qui l’a rejeté. Le chef de la centrale syndicale se dira également surpris en s’interrogeant: «Je me demande si nous avons un gouvernement qui respecte les engagements signés par son chef ou nous avons quelques membres du gouvernement qui sont encore plus forts que son président» !

Cette interrogation, qui pourrait être considérée comme légitime, nous bouscule dans l’incompréhension pour s’interroger à notre tour sur la viabilité de pareille manœuvre dans le refus à Saïd Aïdi son droit d’exercer ses prérogatives en toute légalité?!

Nombreux sont ceux qui se sont indignés face au comportement navrant et souillant l’historique militant de l’institution fondée par Hached et Achour des syndicalistes aux airs de scélérats et aux paroles de fachos. Cela n’a pas été de même pour Habib Essid qui, l’on croirait volontiers, chérit de fermer l’œil et mettre l’oreille en sourdine tandis que l’un de ses ministres est acculé dans les tréfonds de ce que le pays comporte de plus abjecte !

Saïd Aïdi devrait avoir les oreilles qui sifflent mais, en aucun cas, il ne doit rendre l’arme à gauche et attribuer victoire à ceux qui n’ont eu vergogne à tacher la mémoire de ceux qui ont jadis milité pour leurs droits !

* Journaliste indépendant.

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