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Endettement des hôteliers : Les solutions sont politiques

Hotels

Une énième réunion consacrée à l’endettement des hôteliers s’est tenue récemment à Hammamet. Les hôteliers ont mis les banquiers sur le banc des accusés.

Par Anouar Hnaïne

Pour sa première action publique l’Association pour la promotion du tourisme tunisien présidée par Hichem Hajri, avocat, assisté par Mezri Ghedira, voyagiste et ancien cadre du tourisme, a choisi un thème récurrent, brûlant, débattu maintes fois, toujours d’actualité et apparemment sans solution : l’endettement des hôteliers.

Endettement-des-hoteliers

Ahmed El-Karam au milieu (Amen Bank),  Radhouane ben Salah (FTH), M. Ben Othman (ONTT).

Conférence-débat à l’hôtel Houda à Yasmine Hammamet, participants : plusieurs hôteliers et un seul banquier, vedette de la rencontre, Ahmed El-Karam, président de l’Association tunisienne des banquiers et président du directoire de l’Amen Bank. Intervenants : M. Ben Othman, DG adjoint à l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), représentant la ministre du Tourisme et de l’Artisanat Selma Elloumi-Rekik, Jalel Hichri, président de la commission Finances à la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (OTH), Mounir Essahli, ex-banquier, expert en tourisme et hôtelier, et Néjiba Chouk, expert comptable.

Hichem-Hajri

Hichem Hajri.

M. Hajri, qui fait un tour d’horizon du tourisme tunisien, en arrive à la conclusion que «la vocation de la Tunisie est d’être toujours une destination phare, mais les banques, qui devraient accompagner le secteur, se comptent sur les doigts d’une seule main».

M. El-Karam, évidemment au fait du sujet, ne dira pas le contraire. Il appelle, cependant, à des actions telles que l’Open Sky (la proposition est désormais sur plusieurs bouches), l’exploitation des espaces de l’immobilier touristique pour générer des sources de revenus, instaurer les prix planchers (sachant que la vente à perte est interdite), le développement des réservations électroniques, etc. Pour conclure : «Il y a 30 ans, on a raté l’occasion d’acheter les tours opérateurs; on ne doit pas manquer aujourd’hui le tournant de l’informatique.»

Mme-Chouk-Expert-comptable

Néjiba Chouk.

Où sont les banquiers ?

Au-delà des généralités parmi lesquelles l’histoire, le développement, les chiffres du tourisme mondial et les solutions à la hussarde en veux-tu en voilà, les intervenants ont attaqué de front les banques de développement, coupables à leurs yeux de la situation d’endettement des hôteliers.

Les uns comme les autres ont bâti leurs arguments sur les chiffres. Les dernières statistiques de 2014 donnent 4 milliards de dinars de dettes impayées, soit 7% de l’endettement global des hôteliers. Pourtant l’opinion publique en parle comme si ce secteur serait le principal responsable des problèmes de l’économie. Fausse idée donc…

Le montant des créances accrochées, avance Mme Chouk s’élèvent à 2,3 milliards de dinars, alors que les créances litigieuses sont de l’ordre de 1,4 milliard. On apprend également que l’hôtellerie a commencé sa chute dans la période 1986-1990, autrement dit pendant l’entrée en action des banques de développent traitées par l’ensemble des intervenants de «prédatrices».

Toutes les interventions ont convergé vers un seul but : montrer que le mal vient plutôt du système bancaire; d’où la dénonciation des pratiques à la limite de la fraude. L’hôtelier Mongi Gueddas a lancé : «Quand on vous octroie un million de dinars, vous n’en obtenez en réalité que 800.000». Un autre hôtelier, Ridha Taktak, vice-président de la FTH enfonce le clou: «En cumulant les divers remboursements, personnellement je paye 600% du crédit obtenu. Est-ce logique?». Et tout est l’avenant. On déplore l’absence, cependant, de banquiers pour leur répondre.

En chœur, des voix se sont élevées pour condamner la frilosité des politiques sur le sujet. «La solution tient à une volonté politique», affirme une voix dans la salle et autorisée de surcroît. Myriam Boujbel, députée à l’Assemblée des représentants du peuple et fille d’hôtelier, ajoute sans concession : «Il n’y a pas de volonté politique».

Reste à expliquer ce que l’on entend par «solution politique», une expression fourre-tout. Si cela veut dire que l’Etat efface l’ardoise des hôteliers et paye la note sur le compte du contribuable, cela ressemblerait beaucoup à une injustice, et on voit mal comment une pareille décision serait acceptée par l’opinion publique, si tant est que l’Etat aurait les moyens financiers de la mettre en route.

Il faut croire que les solutions de l’endettement des hôteliers ne vont pas être résolues de sitôt. Une réunion de plus, donc ? Sans doute, et il y en aura d’autres…

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