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Béji Caïd Essebsi et la dernière carte du quinquennat

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La proposition de constituer un gouvernement d’union nationale permet au président Caïd Essebsi de reprendre en main l’initiative politique et de faire du départ d’Habib Essid le fruit d’un large consensus.

Par Salah El-Gharbi

La proposition de Béji Caïd Essebsi (BCE) de former un «gouvernement d’union nationale» a pris de court toute la classe politique. Même le chef du gouvernement, le premier concerné par l’initiative, n’a pas caché sa surprise en l’apprenant. Idem pour les alliés qui, embarrassés de ne pas avoir été consultés, font mine de soutenir la proposition présidentielle. Et même si Ennahdha affirme, par l’intermédiaire de son porte-parole, son adhésion au projet, le Mouvement devait, néanmoins, se poser des questions sur l’avenir d’Habib Essid et sur l’éventuel successeur à ce dernier… El-Watad, le plus «ouvert» des composantes du Front populaire, saute, quant à lui, sur l’occasion et manifeste son soutien à BCE, un enthousiasme aussitôt freiné par Hamma Hammami, porte-parole de cette coalition de gauche. «Ce ne sont que des propos recueillis lors d’une rencontre télévisée», a-t-il déclaré.

Un coup de maître

Les médias, eux aussi, se sont emparés de «l’interview-événement» du président de la république. Et les commentaires et les analyses se multiplient depuis jeudi soir sur les dessous et les perspectives d’une telle initiative. Certains ont été jusqu’à voir, dans la proposition du chef de l’Etat, l’influence des Institutions internationales. «C’est le FMI qui est derrière», affirme-t-on, dans un grand quotidien de la place, adepte de la théorie du complot.

La surprise est générale. Pourtant, depuis quelques semaines, voire quelques mois, le président, tout en s’efforçant de soutenir le chef du gouvernement, avait du mal à cacher son embarras. En fait, plus le temps passe, plus BCE se rend compte qu’Essid, malgré ses nombreuses qualités, n’est plus l’homme de la situation. Il semble que le président soit pris dans un dilemme : comment remercier un homme aussi loyal que l’actuel chef du gouvernement? Comment ménager les susceptibilités de son plus grand allié au pouvoir, en l’occurrence Ennahdha, qui redoute de voir un Nidaiste à la Kasbah?

La «proposition» de jeudi soir, a été, incontestablement, un coup de maître. Elle permet au chef de l’Etat, à la fois, de reprendre en main l’initiative politique, de noyer le départ d’Habib Essid en le présentant comme le fruit d’un large consensus, de forcer la main à Ennahdha, d’embarrasser l’UGTT, en l’invitant à s’impliquer dans le processus… Il s’agit surtout de donner au prochain remaniement une dimension éminemment politique, le présentant comme un moment de rupture dans l’actuel quinquennat. Il faudrait qu’il y ait un avant et un après Essid. Tel serait le vœu du chef de l’Etat.

Une manœuvre politicienne

Béji Caid Essebsi, qui ne serait pas étranger, à la légère amélioration de l’état de santé de Nidaa, saura-t- il choisir un successeur à Essid, un homme qui n’ait pas les mains qui tremblent, à la tête d’un gouvernement efficace, capable de relever les défis, de mener les réformes en profondeur du pays et qui tardent à être mise en place, de répondre à l’impatience de la population mais aussi de contribuer à faire régner l’autorité de l’Etat ?

C’est la question que tout le monde se pose, toujours avec l’espoir que l’initiative présidentielle ne soit pas une manœuvre politicienne, de plus, pour détourner l’attention et gagner du temps.

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