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Misère et tourisme sexuels en Tunisie

Tourisme-sexuel

Le crime du touriste sexuel dont on fait largement état ne doit pas occulter sa vraie cause qui est, outre la pauvreté, la misère sexuelle de nos jeunes et très jeunes.

Par Farhat Othman

En effet, on ne doit pas se limiter à la rengaine moralisatrice ou d’exploitation dogmatique pour ne rien faire. Il importe de saisir l’occasion qui se présente pour poser le vrai problème que suscite cette horrible affaire, un état aussi horrible, sinon plus, du déni de sexualité normale en Tunisie.

Consentants et rétribués en prime

Assurément, c’est l’absence de liberté sexuelle qui est la véritable cause d’un tel drame, les jeunes et très jeunes trouvant un exutoire auprès du premier étranger venu leur offrant de se faire plaisir tout en les payant en prime.

Durant son procès en France, le touriste sexuel a justifié la facilité avec laquelle il pouvait satisfaire ses basses pulsions. Il s’agit bien évidemment d’une inconscience coupable, puisqu’il s’agissait de mineurs.

Mais ces derniers étaient consentants, notait-il, et rétribués en prime, pour un vain dédouanement. Cela ne met pas moins l’accent sur l’inconscience de la part de notre jeunesse bien moins coupable qu’innocente.

Cette inconscience est le produit d’un désir irrépressible d’exercice d’un droit qu’on lui refuse, celui de vivre une sexualité qui est de son âge. Aussi conteste-t-elle, à sa manière, un tel déni de droit.

Il est bien clair que si l’on n’avait pas notre environnement de contraintes fait de lois liberticides et de considérations morales pudibondes, on n’aurait pas eu autant de nos enfants violés.

Une pulsion sexuelle précoce

Si nos adolescents pouvaient avoir une vie sexuelle normale, on ne les aurait certainement pas vus se laisser abuser par un tel criminel profitant de leur innocence et leur soif de sexe, tout en exploitant en plus leur pauvreté, achetant leurs faveurs.

Seul un climat de liberté sera de nature à limiter le tourisme sexuel, sinon y mettre drastiquement un terme, car il se nourrit de la misère de nos jeunes. Elle est non seulement matérielle, mais surtout psychologique, ces derniers étant privés du moindre de leurs droits, celui de satisfaire un instinct sexuel naturellement irrépressible au moment même où la nature le leur impose, le rendant irrésistible.

Or, nos jeunes d’aujourd’hui sont sexuellement plus précoces que ceux d’hier; il faut donc bien tenir compte d’une telle précocité dans nos lois et nos moeurs en vue de combattre à la source le vice et les risques d’abus.

C’est en agissant activement pour lever le tabou s’attachant à la pratique sexuelle dans notre société, notamment chez les adolescents et les jeunes adultes, qu’on limitera les cas de tabous dont ils ne cessent d’être les victimes de la part de ces criminels n’hésitant pas à exploiter leurs faiblesses et leur innocence.

En reconnaissant à notre jeunesse ses droits et ses libertés en matière de vie privée, notamment son droit inaliénable à vivre sereinement ses pulsions sexuelles, on la rendra bien forte. Et elle en mesure de se protéger d’elle-même des prédateurs qui ne peuvent prospérer qu’en milieu de privations, d’insatisfactions et de refoulement sexuels.

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