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Tony Blair et l’Irak ou l’extermination «polie»

Tony-Blair-Irak

Les excuses de Tony Blair pour l’intervention du Royaume Uni en Irak en 2003 sont d’un cynisme qui n’a d’égal que l’horreur terroriste alimentée par cette intervention.

Par Jamila Ben Mustapha *

Tony Blair, l’ancien Premier ministre britannique, vient d’exprimer «sa peine, ses regrets et ses excuses» à la suite des conclusions de la Commission J. Chilcot remettant en cause le bien-fondé de l’engagement du Royaume Uni en Irak, en 2003, aux côtés des Etats-Unis, dirigés alors par G. W. Bush.

Une «erreur» en toute bonne foi

Treize ans après le déclenchement de cette guerre, ce mea culpa n’intervient pas à la suite de remords quelconques qui auraient été, pourtant, largement justifiés, entre autres, par la mort de milliers d’enfants irakiens, mais pour se disculper aux yeux des familles anglaises qui ont demandé des comptes à la suite de la perte de 179 Britanniques tombés de 2003 à 2009 en Irak.

Je ne connais pas cynisme plus grand que celui de l’occupant (quel qu’il soit) quand il tue des victimes innocentes et qu’au lieu de s’en tenir là, présente ses excuses parce qu’il aurait, soi-disant, commis cette «erreur» en toute bonne foi !

Les Occidentaux et leurs alliés ont inventé, ces dernières années, le concept d’«extermination polie» quand celle-ci ne peut vraiment se justifier d’aucune manière. Le meurtrier impuni parce que puissant se permet, en plus, le luxe de présenter ses excuses pour l’acte le plus terrible et impardonnable qui soit : le massacre d’innocents.

Par ailleurs, ils sous-estiment l’intelligence des populations du Sud en parlant d’«erreur» là où il n’y avait qu’un projet délibéré et mûrement réfléchi de destruction de certains pays : Afghanistan, Irak, Libye, Syrie…

Les vraies responsables de la montée du terrorisme

Il appartient aux historiens de mesurer la responsabilité des auteurs de l’éclatement successif d’Etats nationalistes laïcs, transformés en brasiers permanents, comme étant un des facteurs de la montée du terrorisme jihadiste qui s’en est suivie.

C’est un diplomate occidental, Roland Dumas, qui nous appris que la destruction de la Syrie avait déjà été programmée en Angleterre, 2 ans auparavant. On lui avait même demandé alors si cela l’intéressait d’y être associé, comme s’il s’agissait de participer à une partie de plaisir !

Quant à moi, l’horreur comportant elle aussi des degrés, je préfère la barbarie tout court à la barbarie accompagnée de «bonnes manières».

* Universitaire.

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