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Que fait encore Chedly Ayari à la tête de la Banque centrale ?

Chedly-Ayari

Comment un homme traînant autant de casseroles, comme Chedly Ayari, peut-t-il être nommé et reconduit à la tête de la Banque centrale de Tunisie (BCT) ?

Par Mohamed Chawki Abid *

Par sa dernière décision d’augmenter substantiellement les salaires du président et du vice-président de la Banque centrale de Tunisie (BCT), respectivement Chedly Ayari et Mohamed Rekik, le conseil d’administration de cette vénérable institution ne s’est pas montré sensible à la crise économique que traverse le pays, et encore moins soucieux des préoccupations pressantes de la majorité des citoyens.

En outre, le retraité de la fonction publique ne s’est pas montré pudique, n’ayant pas décliné l’offre injustifiée qui se mijotait à son profit. Pire encore, il n’a pas fait montre de décence, en prenant en considération l’ardoise payée par l’Etat tunisien pour purger sa dette envers la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea).

La contagion des augmentations faramineuses des salaires de dirigeants des «organismes publics» avait démarré par la décision déplaisante de l’Argentier de l’Etat, portant redressement du salaire des directeurs généraux des banques publiques à 20.000 dinars tunisiens (TND), soi-disant dans un souci d’amélioration de la qualité de leur gouvernance.

L’argent dérobé de la Badea

Au-delà du quintuplement de son salaire en tant que gouverneur de la BCT, M. Ayari n’a jamais cessé de causer préjudices à la patrie. Savez-vous qu’au terme de l’escroquerie commise à l’encontre des actionnaires de la Badea, , qu’il a dirigée entre 1975 et 1987 et quitté à la suite de présomptions de corruption et de détournements de fonds, l’Etat Tunisien a été obligé de se déclarer caution solidaire pour dédommager les victimes et régler les pénalités exigées (1987-1988).

Comme la Badea fonctionnait en «banque islamique», le week-end de M. Ayari prenait date les jeudi et vendredi. Notre très honnête fonctionnaire de l’Etat, alors CEO d’une banque internationale, aurait placé illégalement la trésorerie oisive de la banque auprès des banques conventionnelles pendant ces deux jours fériés, avec nivellement des comptes sous bonne date valeur le vendredi soir.

Naturellement, il n’y a eu aucun impact sur les comptes de la Badea, mais le cumul des produits financiers enregistré virtuellement aurait été raflé par le CEO à l’insu des actionnaires de la Banque qu’il dirigeait. Jusqu’à ce qu’une mission d’inspection débarquait dans ses locaux et se mettait en place. Quelque mois après, le ballon s’est éclaté à sa figure. Et à la figure des Tunisiens.

Grâce à feu Mohamed Mzali, alors Premier ministre sous Bourguiba et très ami avec les Koweïtiens, principaux actionnaires de la Badea, M. Ayari aurait été exfiltré pour lui permettre de rentrer au pays. Mais, comme le procès a été enclenché en 1985 par le conseil d’administration, le jugement a été prononcé en 1987 quand Ben Ali avait pris le pouvoir. Et c’est Hédi Baccouche, alors Premier ministre, qui serait intervenu auprès de Ben Ali pour que l’Etat Tunisien se substitue à l’auteur du forfait et passe à la caisse pour payer l’ensemble des dédommagements et pénalités, sur le dos du contribuable tunisien (bien entendu) pendant que le pays était en quasi-cessation de paiement.

Cette affaire a été passée sous silence, en contrepartie de la production de publications complaisantes en faveur du futur dictateur.

L’argent sale des islamistes

Prenant acte de son lourd passif, les dirigeants du parti islamiste Ennahdha se sont évertués à le placer à la tête de la Banque centrale, en juillet 2012, en vue de leur faciliter l’écoulement des flux de devises reçus des pays wahhabites à travers des associations religieuses et organisations louches.

Dans divers entretiens courant 2015, M. Ayari a reconnu que plusieurs dizaines d’associations avaient bénéficié de tolérances et indulgences auprès des services de l’institut d’émission, sans faire l’objet d’investigations requises sur les fonds affluant dans leurs comptes bancaires et devant servir vraisemblablement à l’endoctrinement et au recrutement de nos jeunes avant leur expédition dans les camps d’entrainement des groupes terroristes de Jabhat Al-Nosra et l’Etat islamique (Daêch) en Syrie.

Nous reprochons beaucoup au président de la république Béji Caïd Essebsi de n’avoir rien fait – depuis plus de 20 mois – pour limoger M. Ayari, alors qu’il était nettement mieux informé que nous sur ses casseroles historiques (années 70-80) et sur ses générosités fâcheuses avec les islamistes (2012-2013).

Nous avions alors cru que l’intéressé allait changer de comportement par la prise d’une dose de patriotisme et d’honnêteté. A ce tire, le «très patriote» gouverneur de la BCT nous a promis de nous communiquer les résultats des enquêtes qu’il avait ordonnées sur les associations bénéficiant de «virements reçus de l’étranger», l’affaire Swiss Leaks, l’affaire Panama Papers, les grosses opérations de fuite de capitaux, etc. Mais, en vain!

Notre garant de la politique monétaire semble se ranger du côté des malfaiteurs et des détourneurs de devises, ou plutôt demeurer fidèle avec la mafia des délinquants économiques. D’ailleurs, les coups de filets réussis par les brigades de la douane n’ont pas été suivis avec les diligences requises par les collaborateurs de M. Ayari, notamment en ce qui concerne les grandes affaires d’évasion de devises où sont impliqués des hommes d’affaires de grande notoriété.

Encore une fois, nous invitons messieurs le président de la république et le chef de gouvernement à relever M. Ayari de ses fonctions illico presto, afin de rétablir l’autorité de l’Etat et recouvrer sa crédibilité.

* Ingénieur économiste.

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