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Pour le salut de la Tunisie, secouons le cocotier Ennahdha-Nidaa !

10e-Congres-Ennahdha-Caid-Essebsi-Ghannouchi

Face à la nouvelle mafia à deux têtes (Ennahdha-Nidaa) qui se met en place, il ne reste aux Tunisiens, éternels dindons de la farce, que de secouer le cocotier.

Par Jomâa Assâad *

J’avais en son temps, éprouvé certaines craintes et exprimé sur ces mêmes colonnes mon désarroi suite à cette funeste rencontre parisienne, dite «historique», en 2013, entre les deux «sages» – pour ne pas être inconvenant –.

Tenue secrète, en premier lieu, assortie, ensuite, de faux-fuyants plus ridicules les uns que les autres, elle finit par être déglutie par les plus avertis de nos concitoyens, à la manière d’une trop grosse pilule ayant du mal à passer.

Une farce nommée Tunisie

A la pleine réussite de cette nuit des longs couteaux, une bande d’acolytes triés sur le volet proposèrent (gracieusement?) leurs services. Leur bonté alla jusqu’à poser, sourires en bandoulière, pour une photo-souvenir ressemblant à s’y méprendre à celle des pieds nickelés. L’on y reconnaissait, outre certains Sykes et Picot sur le retour, un éphèbe franco-tunisien, Berlusconien de son état, et un joufflu tuniso-libyen, digne héritier d’Al Capone. Tout ce beau monde s’était donné rendez-vous à la ville lumière pour sceller un consiliamento de génie : partager à parts égales une farce nommée Tunisie dont le dindon serait le «bon peuple» tunisien.

Après quelques poignées de mains franches et massives, rendez-vous post-électoral fut pris pour la mise en pratique du dit gentleman agreement. Etant entre personnes de bonne compagnie, dont le principal souci est de sauver l’honneur, ce fut chose faite au lendemain d’un certain 29 décembre 2014. Hérode et Pilate finirent par se donner allègrement la main, et n’y voyez surtout pas un signe de chaos connu par l’histoire à certains moments.

Je ne m’étalerai pas, pour aller à l’essentiel, sur les magouilles électorales auxquelles cet accord donna lieu. Côté Ennahdha, torpillage des amis d’hier devenus, par extraordinaire, ennemis d’aujourd’hui (Moncef Marzouki est le cas exemplaire). Côté Nidaa, plus question de faire allusion aux antagonismes avec les islamistes sur les grands choix civilisationnels : modèle de société, sempiternelle question de l’identité, Etat théocratique et République démocratique, droit divin et droits de l’Homme, sacré et profane …

La confusion des genres qui s’en est suivie s’avèra calamiteuse pour notre pays et déboucha sur une perte de référents éthiques chez une classe politique dont les manoeuvres et basses oeuvres ne brillaient déjà pas par leur haute tenue morale.

Caid-Essebsi-Ghannouchi-Paris

Il y a 3 ans, presque jour pour jour, la rencontre Caïd Essebsi – Ghannouchi à Paris, qui servira à blanchir les islamistes et les Rcdistes, la nouvelle mafia à deux têtes.

La Piovra est de retour

Nos politicards, libérés de toute censure morale, s’adonnèrent aux délices de l’interdit : versatilité politique, tarifée dans certains cas, chantages au vote en tous genres, absence de solidarité et, plus grave encore, de responsabilité gouvernementale, discontinuité de l’Etat, trafics d’influence à tous les niveaux, corruption généralisée…

Bilan pour le Nidâa : trahisons en série, de l’électorat, des adhérents, des alliés politiques, des principaux partenaires de notre pays, des règles élémentaires du jeu démocratique… en un mot, de l’Histoire. Tel est devenu notre lot quotidien avec cette majorité présidentielle qui n’en était plus une.

Bilan pour Ennahdha : un retour aux anciennes pratiques contrevenant au mode d’action politique en démocratie : exercice occulte du pouvoir politique, double langage politicien, action politique secrète, noyautage tous azimuts, sources de financement non identifiées, milices sous couverture religieuse, collusions en tous genres, notamment policières et judiciaires, et par-dessus tout, une totale immunité garantie par l’Etat. Bref, une Piovra en hibernation, à l’affût de la première hirondelle, proprement nommée «oiseau du Prophète», faut-il le rappeler ?

Bilan pour le citoyen : aux inégalités socio-économique imposées par une droite républicaine au pouvoir, viennent s’ajouter les contraintes, astreintes, brimades, censures théologico-moraux des islamistes, friands, comme chacun sait, d’interdits et autres tabous, frileux à mesure que l’on descende au-dessous de la ceinture.

L’effet conjugué de ces politiques de droite… droite toute, finiront, à terme, par asphyxier le tunisien, lui ôtant la joie de vivre. Que dis-je? Doux euphémisme ! C’est l’envie de vivre qu’elles sont en passe de lui ôter !

Y assister en simple spectateur, se contentant de compter les coups, c’est ce à quoi je ne saurais me résoudre. La Tunisie ne s’est pas saignée aux quatre veines afin de me rendre capable de formuler un raisonnement qui puisse tenir un petit bout de route pour que je me contente aujourd’hui de bronzer nonchalamment au soleil. Ce serait une trahison de plus, une de trop.

Le moins que je puisse faire, ce serait d’appeler à ce que nous secouions, chacun à sa manière, le cocotier, quitte à recevoir quelques noix de coco sur la tête. Le lait en est, aux dires de ceux qui y ont goûté, non seulement délicieusement désaltérant, mais comble de bonheur, salutairement «halâl».

* Universitaire.

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