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« Tunisie la verte » doit passer au vert

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La Tunisie dispose d’importantes richesses naturelles que ses dirigeants politiques sont appelés à bien gérer pour les préserver aux générations futures.

Par Wajdi Msaed

La Fondation Heinrich Böll (FHB) a donné, lundi dernier, le coup d’envoi de son programme «Policies of the Future – Siyassat El-Mostakbal», qui propose aux partis politiques tunisiens des pistes de réflexions pour développer une politique environnementale et envisager un programme de soutien aux efforts déployés dans le pays dans ce domaine.

Tout contrôler, tous signaler

Lors d’une conférence-débat modérée par Wafa Ben Haj Amor, coordinatrice du programme à la FHB, Joachim Paul, directeur du bureau de la fondation allemande à Tunis, qui parlait devant un parterre composé de représentants des partis politiques, de la société civile et des médias, a mis en exergue l’importance grandissante de l’environnement et de l’économie durable, soulignant l’écho très favorable qu’a trouvé l’initiative de FHB auprès de toutes les instances tunisiennes, notamment les partis politiques, les parlementaires et les activistes de la société civile.

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«Le programme Siyassat El-Mostakbal est ouvert à un partenariat avec le parlement tunisien et ses commissions ainsi qu’avec les partis politiques et leurs bureaux pour une nouvelle vision de Tounes El-Khadra (Tunisie la verte, nom souvent donné à notre pays, Ndlr)», a-t-il précisé.

Rafik Halouani, coordinateur général de l’association Mourakiboun, à indiqué que son association, dont l’intérêt principal est le contrôle des élections, a cherché à élargir l’éventail de ses activités à des sujets d’extrême importance, comme ceux de la dégradation des services de santé, de la propreté de l’environnement et de l’entretien des établissements scolaires. «Ce sont des sujets qui nous ont été suggérés lors de nos entretiens avec les citoyens partout dans le pays», a-t-il souligné, en qualifiant la situation environnementale en Tunisie de catastrophique et en appelant la société civile à jouer son rôle dans ce domaine. «Il faut tout contrôler et tout signaler», a-t-il lancé, dans une sorte d’appel à la mobilisation citoyenne, les autorités ne pouvant avoir l’œil partout.

Réussir la transition énergétique

Olivier Krischer, vice-président du groupe parlementaire des Verts au Bundestag a, de son côté, évoqué les politiques environnementales en Allemagne, mettant le doigt sur une affiche électorale conçue par son parti pour attirer l’attention sur la valeur de la terre que l’on doit préserver pour les générations futures.

Evoquant la question des réacteurs nucléaires, utilisés en Allemagne pour produite de l’électricité, M. Krischer a insisté sur le rôle du parti des Verts dans la mobilisation contre les centrales nucléaires et pour imposer leur fermeture à l’horizon 2022.

«Nous avons réussi notre transition énergétique en passant aux énergies renouvelables dont le taux d’utilisation est passé de 4% en 2000 à 36% en 2016», a-t-il expliqué, en soulignant que le citoyen allemand, devenu producteur d’énergie à travers les panneaux solaires, encourage et appuie l’usage de ces nouvelles sources pour lutter contre les effets nocifs des émissions de gaz à effet de serre.

Après avoir évoqué les autres sources de pollution, notamment les déchets organiques et les dépotoirs anarchiques, M. Krischer a précisé que le gaz de schiste, qui commence à être exploité et à monter en surface dans plusieurs pays du monde, dont les Etats-Unis, n’est pas apprécié dans la plupart des régions allemandes.

L’environnement est une question affective

Tout en soulignant que la question environnementale n’est pas seulement une question économique ou sanitaire, mais qu’elle revêt aussi un aspect affectif, le parlementaire allemand a insisté sur les richesses naturelles dont dispose la Tunisie et appelé les Tunisiens à bien les gérer et à préserver ces trésors dont la valeur est inestimable.

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Le débat engagé a permis de soulever des remarques et suggestions relatives à la question environnementale dans les programmes électoraux des partis politiques tunisiens, à la politique énergétique, au stress hydrique et aux projets de dessalement d’eau de mer en utilisant l’énergie solaire en Tunisie, ainsi qu’ à la culture écologique qui n’a pas encore intégré la vision globale du développement dans le pays.

Des ateliers spécifiques tenus le 2e jour de cette manifestation ont permis d’approfondir la réflexion sur plusieurs aspects du développement durable et de la coopération tuniso-allemande dans ce domaine.
Rappelons que le programme «Policies of the Future – Siyassat El-Mostakbal», mis en œuvre sur une période de trois ans, est orienté vers les générations futures. Il porte sur la protection et la conservation de l’environnement et le développement durable en harmonie avec les ressources naturelles. Il permet d’élaborer des solutions politiques portées par les nouvelles technologies, sur la base du concept de «Smart City» (ou ville intelligente).

La Fondation Heinrich Böll, affiliée au parti vert allemand et présente en Tunisie avec un bureau depuis 2013, est un think-tank traitant des réformes politiques et des visions vertes. Étant un réseau international, elle dispose de 33 bureaux de liaison dans le monde, met en œuvre des programmes et des partenariats dans plus de 60 pays sur tous les continents et met en avant 5 domaines fondamentaux : l’écologie, le développement durable, la démocratie, les droits de l’homme et la justice.

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