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Prashant Pise : «La conférence Tunisie 2020 est une aubaine pour l’Inde»

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L’Inde est «déterminée à saisir toutes les opportunités d’affaires et d’investissement en Tunisie», indique son ambassadeur en Tunisie, Prashant Pise.

Par Habib Trabelsi

L’Inde, une superpuissance économique asiatique et qui affiche son ambition de devenir une puissance mondiale de premier rang, est déjà le client majeur de la Tunisie en industrie des phosphates, et compte renforcer son partenariat avec notre pays à la faveur de Conférence internationale de l’investissement ‘‘Tunisia 2020’’, qui se tient les 29 et 30 novembre 2016 à Tunis.

Prashant Pise, pur produit du pragmatisme indien

«Les chambres de commerce et d’industrie de l’Inde – la Confédération des industries indiennes (CII) et la Fédération indienne des Chambres de commerce et d’industrie (FICCI)– participeront à cette conférence», a assuré à Kapitalis M. Pise.

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L’ambassadeur Pise pose à côté du buste du Mahatma Gandhi, à la Faculté des lettres de Manouba. 

«Au cours des deux ou trois derniers mois, deux délégations commerciales indiennes sont venues en Tunisie pour explorer les opportunités d’affaires et d’investissement», en prévision de cette conférence qui s’inscrit dans la nouvelle stratégie de développement économique et de relance de l’investissement privé en Tunisie contenue dans le Plan de Développement 2016-2020.

«Les entreprises indiennes sont désireuses d’avoir des opportunités dans le marché tunisien», a ajouté M. Pise, diplômé en ingénierie informatique.

L’homme est riche d’une longue expérience diplomatique (Egypte, Libye, Japon, Île Maurice, Royaume uni…) où il a essayé de mettre en œuvre le pragmatisme de l’Inde.

Pragmatisme et opportunisme obligent, l’Inde, dont les relations étaient autrefois structurées par l’idéologie du non-alignement, accorde depuis ces dernières décennies la priorité au «renforcement des relations économiques et énergétiques avec les principaux pôles économiques mondiaux (États-Unis, Asie orientale, Europe, monde arabe…) et la promotion des investissements», centrés sur l’accès aux matières premières.

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L’usine Tifert à Skhira.

Le phosphate, violon d’Ingres

L’Inde, dont les principaux partenaires économiques arabes traditionnels sont ceux du Golfe (plus de 5 millions d’Indiens y travaillent et transfèrent entre 20 et 30 milliards de dollars par an), a commencé, à l’heure où le non-alignement n’a plus de sens, à entretenir des relations économiques étroites avec les pays d’Afrique du Nord et du Proche-Orient (communément désignés par le Wana , West Asia-North Africa).

S’agissant de la Tunisie, le diplomate s’est d’abord félicité des «relations cordiales et amicales bilatérales depuis l’établissement des relations diplomatiques en 1958» et du «soutien de l’Inde à la lutte de la Tunisie pour sa liberté et sa décolonisation, inspirée par la lutte menée en Inde par Mahatma Gandhi et Jawaharlal Nehru», une manière de maximisation des intérêts économiques dans un pays traditionnellement tourné vers l’Occident.

Il a ensuite passé en revue les domaines de coopération économique entre l’Inde et la Tunisie, en s’attardant longuement sur «l’industrie des phosphates, pierre angulaire des relations économiques entre la Tunisie et l’Inde qui en importe environ 50% de ses besoins en phosphate diammonique et en acide phosphorique», utilisés en agriculture.

M. Pise a évoqué, à ce propos, Tunisia-India Fertilizer (Tifert), une entreprise conjointe créée en 2006 à Skhira et entrée en fonction en 2013, d’une capacité de production annuelle de 360.000 tonnes d’acide phosphorique.

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Les véhicules Tata désormais commercialisés en Tunisie.  

Le projet, d’un montant de 450 millions de dollars, est détenu à 30% par Coromandel Fertilizers et Gujarat State Fertilizers pour la partie indienne, les 70% restants revenant à deux entreprises publiques tunisiennes, la Compagnie de phosphates de Gafsa (CPG) et le Groupe chimique tunisien (GCT).

A vrai dire, l’Inde, l’un des plus grands importateurs mondiaux de phosphates pour ses besoins en engrais, a tissé des liens avec le Maroc, qui figure parmi ses deux ou trois premiers clients au niveau mondial.

Mahindra et Tata ultra-low-cost

«L’Inde, 7e puissance économique mondiale, avec un taux de croissance de 7%, en nette progression (soit plus que la Chine, selon le FMI qui s’attend désormais à 7,5% pour 2016 et 2017), et qui ambitionne d’occuper le 6e rang, investit dans d’autres secteurs, en Tunisie», s’enorgueillit M. Pise. Il cite notamment des usines de montage de voitures populaires, de camionnettes et de tracteurs agricoles.

Mahindra dispose depuis 2013 d’une usine de montage à Sousse, spécialisée dans les camionnettes, en collaboration avec le Groupe Zouari.

Mahindra vend également des tracteurs agricoles, alors que Tata Motors a commencé ses opérations de montage des camionnettes Tata à Sousse depuis 2015, en collaboration avec Icar et Le Moteur.

Deux sociétés indiennes, Jyoti Structures Limited et KEC International sont présentes depuis plus d’une décennie en Tunisie dans les lignes de transport d’énergie.

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M. Pise: «La communauté indienne en Tunisie compte environ 200 membres».

Des bourses pour chercheurs de pointe

M. Pise évoque, par ailleurs, la coopération technique, en soulignant notamment le programme du gouvernement indien intitulé «C.V Raman International Fellowship for African Researchers» (du nom du scientifique indien, prix Nobel de physique en 1950), qui accorde des bourses aux chercheurs des pays africains, dont des Tunisiens.

Plus de 60 fonctionnaires en secteur publics et privés Tunisiens sont formés en Inde chaque année dans divers domaines, y compris la gestion financière, les technologies de l’information et des communications, les banques, la biotechnologie, la technologie écologique, les énergies renouvelables, le développement des femmes, l’éradication de la pauvreté, selon le «C.V. Raman».

Dans le cadre de ce programme, une coopération a ainsi été engagée entre l’Institut Pasteur de Tunis et le Centre international de génie génétique et la biotechnologie de New Delhi.

Selon M. Pise, «quelques familles qui vivent depuis plus de 100 ans en Tunisie où résident actuellement environ 200 membres de la communauté indienne».

La Tunisie a tout intérêt à tirer profit du culte du travail, de la discipline, de la persévérance, de la bonne gouvernance, de l’esprit d’innovation et du pragmatisme qui constituent les traits caractéristiques des valeurs asiatiques.

Ce sont là les mêmes ingrédients des réussites de la Chine, de l’Inde, de la Malaisie et de Singapour, les géants asiatiques.

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