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Trump et la fin annoncée du wahhabisme saoudien

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Bientôt, le premier clash entre le roi Salmane Ibn Abdelaziz et Donald Trump. 

L’accession de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis n’est pas une bonne nouvelle pour l’Arabie saoudite. Elle annonce, entre autres, la fin de l’islam politique.

Par Mohamed Rebai *

L’élection de Donald Trump à la magistrature suprême aux Etats-Unis annonce-t-elle la fin de l’idéologie mondialiste ultralibérale et antisociale et le commencement d’une nouvelle ère basée sur le pragmatisme et l’action? Dans la foulée du changement continu du comportement humain, le wahhabisme obscurantiste saoudien va-t-il, par conséquent, se disloquer de lui même?

Le wahhabisme au service de l’islam politique

Le wahhabisme du nom de Mohamed Ibn Abdelwahab (1703-1792), largement inspiré d’Ibn Taymiyya, est un dogme religieux inventé par les Al-Saoud pour maintenir à la pointe de l’épée un royaume théocratique héréditaire qui compte aujourd’hui près de 30.000 princes. C’est aussi une manière machiavélique pour rester longtemps au pouvoir. L’épée arborée sur le drapeau saoudien, qui fait peur et horreur depuis bien des années, en est le parfait signe. Elle sert à couper les têtes récalcitrantes. En seulement six mois de l’année 2016, plus d’une centaine de personnes condamnées à mort ont été décapitées au sabre dans les places publiques.

Une alliance a été scellée entre deux familles pour le partage du pouvoir et des richesses qui se poursuit jusqu’à nos jours. Celle de Mohamed Ibn Abdelwahab serait chargée des questions religieuses et celle d’Abdelaziz Ibn Saoud chargée des questions politiques et militaires. Ce sont, en effet, les descendants du premier, «oulémas», qui dominent les institutions de l’Etat fournissant l’impulsion idéologique à l’expansion «djihadiste» saoudienne qui arrive dare-dare jusqu’en Europe et aux Etats-Unis.

Les Saoudiens vassaux encombrants des Américains

Faut-il se rappeler que les Saoudiens ont été les complices des Américains pour porter l’estocade à l’Union soviétique en inondant les marchés de pétrole à un prix dérisoire (7 dollars US le baril au lieu de 35 en 1985). Ils sont les seuls à pouvoir le faire en produisant à faible coût. Ils recourent de nos jours au même procédé pour causer des ennuis financiers à la Russie, l’Iran, la Syrie, l’Irak et l’Algérie. Le Venezuela en Amérique latine est déjà asphyxié.

Le niveau de production du pétrole saoudien est laissé au bon vouloir des Américains. Ces derniers qui les protègent militairement ne s’intéressent qu’à leur pétrole. Dans le temps, ils se foutaient de leur wahhabisme qui a terrorisé et terrorise toujours les musulmans. Les recettes qui en découlent sont ventilées par les Américains en trois morceaux. Un tiers va pour la famille royale, un tiers pour acheter du matériel militaire obsolète et le dernier tiers devrait rester dans les banques américaines. C’est à prendre ou à laisser.

Actuellement avec la chute vertigineuse du cours du baril de pétrole (45,71 dollars US), le royaume, qui connait un déficit budgétaire abyssal (87 milliards de dollars), est allé jusqu’à sabrer le salaire de ses ministres. Il ne lui reste que la manne du pèlerinage estimée à 60 milliards de dollars, qui va grimper aux horizons de 2020 à 90 milliards de dollars. Le pèlerinage qui augmente par paliers entiers serait plus rentable que le pétrole.

Les Américains changent de méthode

Maintenant les parrains américains commencent à réfléchir face à la montée de l’extrémisme religieux saoudien qui n’épargne personne. Donald Trump, fraîchement élu à la maison blanche, a décrit le Royaume de l’Arabie saoudite comme une vache grasse laiteuse et a ajouté qu’il n’y a pas d’intérêt pour les Etats-Unis à soutenir le régime despotique et tôt ou tard un soulèvement populaire va éclater avec des ambitions démocratiques que les Américains devront soutenir.

Faut-il se rappeler, sans faire d’amalgame avec les bons Saoudiens, que 15 des 19 terroristes qui ont frappé les Twin Towers à New York, le 11 septembre 2011, sont des extrémistes saoudiens ? Et les exemples à travers le monde sont encore nombreux. Ce sont les Saoudiens qui ont encouragé les islamistes d’Algérie, dans les années 90, à mener une guérilla civile contre le gouvernement. Ils ont également soutenu et financé, des groupes d’insurgés islamistes, pour phagocyter et saboter les soulèvements populaires du «Printemps arabe» en Tunisie, en Libye, en Egypte, en Syrie, au Liban, en Irak, au Soudan et au Yémen, au point que les autorités américaines de l’administration sortante avaient annoncé que le soutien sécuritaire accordé à l’Arabie Saoudite n’est pas un chèque en blanc!

Au congrès américain des voix s’élèvent pour demander aux autorités de s’occuper des affaires intérieures du pays et de renoncer graduellement au rôle néfaste et coûteux de gendarme du monde.

La fin du wahhabisme dévastateur

L’administration démocrate américaine a d’ores et déjà autorisé les familles des 3000 victimes du 11-Septembre à poursuivre l’Arabie Saoudite dans le cadre d’une législation baptisée «Justice Against Sponsors of Terrorism Act» (Jasta). Il faut s’attendre à des dédommagements faramineux qui vont ruiner les caisses du royaume saoudien.

Donald Trump va plus loin en demandant aux Saoudiens de payer les frais de protection sécuritaire américaine en déclarant notamment lors de sa récente campagne électorale: «L’Arabie saoudite existe grâce aux États Unis, elle doit nous payer». Comme si elle ne payait pas déjà assez !

Tous les pronostics indiquent que le wahhabisme saoudien auquel il a été consacré la bagatelle de 75 milliards de dollars (5 fois le budget de la Tunisie) uniquement ,pour répandre l’idéologie islamiste salafiste en l’Europe avec la bénédiction des hommes politiques, perdra de son influence à très court terme. Le «Printemps arabe» va maintenant toucher les monarchies du Golfe qui vont tomber les unes après les autres comme des fruits pourris. La vapeur est déjà renversée en Syrie et en Irak. Qu’en sera-t-il pour la petite Tunisie?

La principale leçon à tirer est la fin annoncée de l’idéologie mondialiste ultralibérale et antisociale. Dans un passé pas très lointain, le communisme, le nazisme et le fascisme ont connu le même sort. Il faut s’attendre à ce que les idéologies islamistes vont perdre du terrain et disparaître à jamais. Toutes les idéologies vont aller dorénavant dans le sens du bien-vivre ensemble. L’heure est au pragmatisme et à l’action. Les gens veulent une économie prospère assurant le plein emploi. C’est tout. Les Américains qui croient en dieu, au dollar et à la violence ont voté pour un homme pieux, riche et violent. Wait and See !

* Universitaire.

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