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Kef : La Table de Jugurtha

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Raja Skandrani, l’auteur et éditeur de ‘‘Saisons tunisiennes’’, nous amène en randonnée à la découverte de la Table de Jugurtha, un merveilleux site naturel dans le nord-ouest de la Tunisie.

Pour s’y rendre :

La liaison est rapide entre Le Kef et Kalaat Senane. Prendre direction Gafsa jusqu’à Tajerouine, chef lieu de délégation au centre d’une région agricole et minière. Quatre kilomètres après Tajerouine, prendre à droite direction Kalaat Senane. La route passe au pied du Djebel Slata (1103 mètres), ancienne mine de plomb argentifère.

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Itinéraire pédestre :

Au centre de Kalaat Senane, prendre à l’indication “Table de Jugurtha” à gauche. La randonnée peut commencer tout juste après les dernières maisons. La piste est rocailleuse mais assez bonne pour la marche. Prévoir 2 heures de marche pour atteindre les escaliers qui mènent au sommet de cette montagne tabulaire.

Pour utiliser la voiture, un véhicule tous terrains est conseillé, même si par temps sec on peut également, en roulant avec beaucoup de précaution, utiliser une voiture de tourisme.

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Descriptif des lieux :

Cette montagne tabulaire domine la région du haut de ses 1271 mètres. Elle n’est accessible que par sa face nord. Le reste est un vaste cône, peu praticable, encombré d’éboulis et de blocs énormes détachés des falaises impressionnantes.

On accède au pied de l’escalier par une longue esplanade, bordée d’un talus rocheux. Et il faut escalader 150 marches taillées dans le roc pour atteindre le sommet de ce bloc impressionnant de 20 millions de mètres cubes taillé en à pic de tous côtés et représentant une muraille de 40 à 50 mètres de haut. Mais on est bien récompensé quand, parvenu au sommet, on découvre le formidable panorama qui s’étend à l’infini.

Par beau temps, on peut apercevoir toute la vallée de l’oued Mellègue et à l’ouest les collines de l’est algérien.

Juste après les escaliers se trouve le marabout de Sidi Abd El Jaouad, le saint de la région, entouré de quelques habitations en ruine, dont une ancienne basilique.

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Cette plate-forme naturelle de 80 hectares, haut lieu de résistance numide dans l’antiquité, n’avait pas été conçue comme une citadelle. Il y manquait l’eau. C’est le chef berbère Sanem, brigand redouté, qui avait établi tout un système de fortifications et creusé de vastes citernes, la transformant au VIIe siècle en une forteresse imprenable capable de soutenir de longs sièges sans manquer d’eau.

Le nom de Kalaät-es-Senam, dénomination arabe, lui vient de ses murailles droites comme des tuyaux d’orgues; le mot Senam, au pluriel es-nam s’appliquant à toute pierre droite fichée en terre. Pervinquière ajoute que le mot snam signifie aussi bosse de chameau, ce qui pourrait bien être l’origine de ce nom de lieu : «bosse un peu raide, mais monumentale».

Ce gigantesque bloc titanique a la forme d’une forteresse naturelle terminée par une table de roche calcaire juchée au sommet d’une pyramide tronquée de deux cents mètres de haut en relief sur la plaine environnante. La table de Kalaât-es-senam, comme tous les lieux musulmans remarquables, possède une légende assez curieuse. Les indigènes prétendent que sa plate-forme inexpugnable était le repaire, l’arsenal, la kasba armée de la tribu des Hanencha tunisiens; et ils disent que les habitants n’y craignaient rien hors la famine.

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Quand le Bey de Tunis envoyait ses collecteurs, escortés de son makhzen pour percevoir l’impôt, la porte de l’escalier était fortement barricadée et on laissait les agents du fisc se morfondre au pied de la falaise. Et, lorsque ces derniers insistaient, on leur lançait du haut de la plate forme, une charogne corrompue de chien, ou autre animal, en leur criant : «Portez cela au bey; voilà notre tribut!»

Alors le héraut s’éloignait à portée de la voix et, se retournant vers la haute muraille, il interpellait les assiégés en criant une dernière sommation : «- Voulez-vous payer l’impôt… ou non ? – Non !», répondait avec force l’écho en rebondissant la voix du héraut sur la plate falaise. Et les agents beylicaux, sur cette réponse péremptoire, peu rassurés du reste au pied de cette forteresse rocheuse du haut de laquelle on pouvait leur lancer toutes sortes de projectiles, se le tenaient pour dit et s’en retournaient penauds, l’escarcelle vide.

J. Canal, in ‘‘La Tunisie illustrée’’, 1er août 1918.

La légende de Jugurtha :

Jugurtha, petit fils du roi numide Massinissa, est né vers 160 av. J.-C. Il meurt en captivité dans la prison de Tullianum vers 104 av. J.-C. Son nom reste étroitement lié à la lutte d’un grand chef numide contre la pénétration romaine entre 111 et 105 av. J.-C. Les sources fiables sur cette période sont très limitées. Les historiens puisent leurs connaissances dans ‘‘La Guerre de Jugurtha’’ (“Bellum Jugurthinum”), l’oeuvre référence de l’historien romain Salluste.

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‘‘Jugurtha emprisonné par les Romains’’, Madrid 1772

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