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Tourisme : Les Algériens intéressés par l’expertise tunisienne

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Forts de leur «Schéma directeur d’aménagement touristique (SDAT)», les Algériens cherchent à s’inspirer de l’expérience tunisienne dans ce domaine.

Par Habib Trabelsi

«BtoB Tourisme, c’est du concret. C’est une plateforme d’échanges ‘One-to-One’ en vue de concrétiser des partenariats en matière de tourisme», assure Amel Hantous, l’experte en communication, fière d’avoir initié les premières rencontres de professionnels de ce secteur stratégique de Tunisie et d’Algérie, deux pays en butte à des difficultés économiques graves.

Une première en Afrique

La Tunisie est riche de «plus de 50 ans d’expertise, d’un know-how (savoir-faire) reconnu et d’une main-d’œuvre qualifiée». L’Algérie est dotée «d’immenses potentialités, manque d’expertise mais a la ferme volonté de développer ce secteur autrement stratégique», résume pour Kapitalis cette consultante chargée de ce projet au sein de l’agence AH Conseils.

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Amel Hantous.

Toutes les deux font face à une tourmente économique et sont chacune en plein examen d’un projet de loi de finances pour 2017 qui fait grincer des dents et menace, surtout en Algérie, de sérieuses tensions sociales qui peuvent éclater à tout instant.

«Nous avons invité des dirigeants de sociétés, des décideurs qui vont essayer dans cette première édition de concrétiser illico presto des PPP (partenariats publics-privés). C’est une première en Afrique !», ajoute la chef du projet. Elle exulte.

Cette première action orientée vers le marché algérien «n’est qu’un début». Son agence compte en réaliser deux autres: une sur tourisme médical et du bien-être et une autre sur le tourisme de loisirs. C’est pourquoi elle est très sollicitée surtout par des hôteliers, des agents de voyages, des tour-opérateurs et autres professionnels algériens de l’industrie touristique, pressés d’acquérir le know-how tunisien.

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Nebil Bziouech.

Algérie : le tourisme, une alternative aux hydrocarbures

Leur pays traverse une situation économique difficile en raison de la chute des cours du pétrole sur le marché mondial. La baisse du prix du baril, ramené de plus de 100 dollars à moins de 50 depuis juin 2014, a gravement affecté les équilibres financiers de l’Etat qui tire 95 % de ses recettes d’exportation et 60 % de son budget des hydrocarbures.

Voilà pourquoi leur gouvernement a pris des mesures pour faire du tourisme une alternative aux hydrocarbures et adopté un plan ambitieux, le «Schéma directeur d’aménagement touristique (SDAT)», visant la construction de quelque 1500 projets touristiques durant la prochaine décennie.

«Le gouvernement veut promouvoir divers secteurs hors hydrocarbures, notamment industriel et agricole. Il veut surtout faire du tourisme l’un des principaux vecteurs de développement», confie à Kapitalis Maître Linda Bessaih, avocate agréée à la Cour suprême et au Conseil d’Etat.

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Farid Belahneche.

«Je suis là pour accompagner les investisseurs tunisiens qui souhaitent monter des sociétés en Algérie», proclame-t-elle, en déplorant, à mi-voix, «la lourdeur bureaucratique qui représente une entrave».

Ce qu’elle déplore aussi, c’est «la règle 51/49» qui fait encore figure d’épouvantail pour les investisseurs étrangers en Algérie. Ce qu’elle souhaite, c’est «d’abord et surtout acquérir l’expertise tunisienne». «L’Algérie manque terriblement d’écoles de formation en hôtellerie. L’Etat algérien va ouvrir toutes les portes et subventionner ce genre d’initiatives».

Me Bessaih se dit aussi «partisane du tourisme culturel. L’Algérie regorge de sites naturels et de monuments historiques incomparables et peut devenir une destination touristique attractive. Seulement, il lui faudrait actualiser le système juridique régissant actuellement le secteur afin de lui conférer plus de souplesse», dit-elle.

Bon nombre d’autres participants algériens ont fait part à Kapitalis de leur désir de faire profiter l’Algérie de l’expérience de pays pionniers en la matière, comme la Tunisie, pour «cesser d’exporter plus de touristes qu’elle n’en accueille».

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Linda Bessaih avec Amel ben Hantous.

Conclure… hic & nunc

Dans sa brève allocution de circonstance à l’ouverture de la rencontre, Nebil Bziouech, le chef de Cabinet au ministère du Tourisme et de l’Artisanat, a estimé à 1,5 million le nombre d’Algériens qui ont choisi la destination Tunisie en 2015.

«On s’attend cette année à 2,5 millions de touristes algériens», une manne dans un pays où ce secteur stratégique représente, selon lui, «jusqu’à 14% du PIB, assure jusqu’à 400.000 emplois et fait vivre plus d’un million de familles».

Mais c’est un secteur qui ne se remet pas encore des retombées des attentats terroristes, notamment contre le musée du Bardo et sur une plage à Sousse, en mars et juin 2015 (60 morts dont 59 touristes étrangers au total).
D’autres «officiels» – dont Farid Belahneche, conseiller diplomatique, chargé des affaires économiques à l’ambassade d’Algérie,

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Vue des participants.

Mohamed Ali Toumi, président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV), Jalel Bouricha, président de la Fédération régionale de l’hôtellerie du Sud-Est – se sont relayés «au chronomètre» notamment pour se féliciter de ces «rencontres inédites».

Car il fallait passer, hic et nunc, aux choses sérieuses…

Encore plus loin

Plusieurs Tunisiens, interrogés par Kapitalis, ont exprimé leur désir de «faire des affaires», d’autres leur disposition à «aider les frères algériens à se développer dans ce secteur».

Abdessattar Badri, le directeur général Tunisian Travel Service (TTS, le plus grand groupe tunisien opérant dans le tourisme en tant qu’agence de voyage mais aussi dans l’industrie et l’agriculture) compte faire le plein.

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Abdessattar Badri.

«Nous allons rencontrer des responsables d’agences de voyages, d’hôtellerie, des responsables de formation en matière de tourisme. Notre groupe dispose de six hôtel, de la première flotte d’autobus et d’autocars. Trois avions de la compagnie Nouvelair, la première compagnie privée en Tunisie, sont à notre disposition. Ils font la rotation Tunis-Alger et nous sommes en train d’œuvrer pour avoir une ligne Alger-Monastir. Nous sommes en train d’organiser des circuits de trois ou quatre nuits en Algérie. Nous comptons canaliser les flux de touristes algériens pour leur offrir des séjours de qualité», s’enorgueillit M. Badri qui souhaite avoir aussi «des partenaires marocains, pour une meilleure coopération touristique entre les trois pays du Maghreb. Et j’y crois».

Mme Hantous y croit elle aussi qui vise plus loin. «Après l’Algérie, on va se développer sur le Maroc et sur l’Afrique subsaharienne», assure encore l’experte. «C’est grâce à moi» que le tourisme tunisien, un secteur en berne et à bout de souffle depuis la révolution, retrouvera peut-être un second souffle.

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