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Menzel Bouzelfa : La municipalité détruit son principal monument

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Que penser de conseillers municipaux qui décident d’assassiner l’art dans leur ville ? Cela vient de se passer à Menzel Bouzelfa (Nabeul)… Le «crime» ne doit pas rester impuni.

Par Anouar Hnaïne

Mini révolution dans le cercle des membres de la délégation spéciale (conseillers municipaux non élus, mais nommés par l’administration) de Menzel Bouzelfa : mardi matin, les habitants, les piétons et les automobilistes de passage dans leur village ont assisté à la destruction du monument qui orne la place centrale. Ils ont détruit, au moyen de tracks, une œuvre d’art qui symbolise le village, sinon la région par sa forme et son style, rien de moins. Créée et installée depuis 2006, l’œuvre était devenue familière et faisait partie de l’identité du village. Détruite pour quelles raisons? Mystère et boule de gomme.

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C’est cette oeuvre d’art qui a dérangé ces chers délégués très spéciaux…

Un massacre non annoncé

La sculpture a été créée et érigée il y a 10 ans par Mouna Jemal Siala, lauréate d’un concours proposé et réglementé par la municipalité; elle représente un cercle gazonné, une arabesque en socle; deux étoiles superposées constituant la base; 1200 oranges (produit phare de la région); une sphère habillée en pâte de verre, de couleur orange brillant et lumineux; un axe soutient une orange suspendue renvoie à l’axe de la terre.

Belle, attirante, symbolisant le village, ou laide, rebutante, trahissant l’image du village, l’œuvre a été choisie, acceptée par le conseil municipal de Menzel Bouzelfa. Quels que soient les motifs esthétiques, moraux ou politiques, un monument faisant partie de l’«histoire» du village ne peut être ni abîmé, ni agressé, encore moins démoli. Les représentants des artistes, les associations, les organisations et autres fédérations réagiront-ils à ce massacre non annoncé ?

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L’artiste Mouna Jemel Siala ne comprend pas pourquoi les conseilleurs municipaux ont fait détruire son oeuvre.

Les obscurantistes de toujours

Mouna Jemel Siala, jointe par Kapitalis, affolée, encore sous le coup de la stupeur, nous fait part de sa colère contre la destruction de son œuvre : «Je suis immensément triste, partagée entre la rage et la tristesse; mais je ne vais pas me taire et je ne ménagerais aucun effort; c’est de la folie; de quel droit la municipalité détruit-elle un monument qui fait partie du corps de la ville?». L’artiste précise qu’elle n’est pas au courant de ce «forfait» et qu’elle portera plainte.

Ce 29 du mois de novembre restera comme une date dans l’esprit des villageois de Menzel Bouzelfa et des artistes. Cette forfaiture, si elle n’est pas vigoureusement contestée, voire sanctionnée, ouvrira la voie à d’autres crimes… contre l’art, la culture, l’intelligence.

Et on les voit, les obscurantistes de toujours, ennemis de l’art, de la culture et de l’intelligence, hier tapis à l’ombre, aujourd’hui agissant en pleine la lumière, tenant bien les rênes du pouvoir et se préparant à perpétrer de nouveaux autodafés. Va-t-on les laisser faire ?

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