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Quand la peur de l’islam inspire le vote des Français

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Dans l’imaginaire collectif des Français, l’islam est bel et bien devenu un terrifiant spectre à conjurer, et Fillon a su surfer sur cette vague pour attirer les suffrages.

Par Anouar El Fani *

S’il est un enseignement à tirer de la primaire de la droite et du centre en France, c’est le basculement historique de l’opinion «à droite toute». Les sondeurs prédisaient une vague Alain Juppé, mais c’est un puissant tsunami nommé François Fillon, et que personne n’a vu venir, qui a déferlé sur la France.

Ce phénomène s’explique certes par le quinquennat catastrophique de François Hollande et l’état de délabrement avancé de la gauche, mais force est de constater que c’est bien l’islam – ou sa perception en France – qui en est la cause la plus déterminante.

Face à un islam envahissant

La place grandissante, voire envahissante que cette religion ne cesse d’occuper dans le paysage urbain, les médias, l’actualité la plus sanglante et la plus tragique, a fini par jeter les électeurs dans les bras d’un candidat qui a viré sa cuti pour fricoter ouvertement avec la plupart des thèses du Front national.

Le projet que porte Fillon, socialement régressif et sociétalement ultra-conservateur, sans doute le plus réactionnaire jamais imaginé par la droite, a été littéralement plébiscité car il correspond parfaitement aux attentes de franges de plus en plus larges de la population.

Dans l’imaginaire collectif des Français, l’islam est bel et bien devenu un terrifiant spectre à conjurer, et seul Fillon, nouveau chantre d’une droite dure, musclée et réellement décomplexée, serait en mesure de relever le défi.

La fameuse devise chère aux nostalgiques du pétainisme «Travail, famille, patrie», mâtinée de xénophobie, est remise insidieusement au goût du jour. Même le doux Jésus et ses apôtres sont appelés à la rescousse pour doter d’une âme chrétienne ce qu’on qualifie déjà de «révolution conservatrice». Une révolution née des sentiments de peur, de panique et de révulsion qu’inspire, à juste titre d’ailleurs, tout ce qui touche de près ou de loin à l’islam politique. Ce dernier, avec ses dérives sectaires et meurtrières, s’est naturellement invité dans la campagne de la primaire de la droite française, agissant comme un épouvantail et un véritable repoussoir. C’est un peu le triomphe des idées d’Eric Zemmour, héraut d’une droite revancharde et d’une France cocardière et repliée sur elle-même.

Le retour aux valeurs refuges

Il ne faut pas être grand clerc pour deviner et même comprendre les motivations du vote massif en faveur de la droite extrême. Confronté sur son propre sol aux burkinis, aux femmes voilées, aux prières sur les trottoirs et dans les rues, aux prêches incendiaires des imams salafistes, aux apprentis jihadistes des banlieues, aux attentats de l’organisation terroriste de l’Etat islamique (Daech), tantôt particulièrement meurtriers tantôt régulièrement déjoués, l’électeur français, pas seulement lambda, désemparé et paniqué, éprouve par la force des choses le besoin de se tourner vers ses valeurs refuges traditionnelles. Dès lors, comment s’étonner si, par simple réflexe de survie, il se dit à lui-même : ma terre, ma langue, mes racines judéo-chrétiennes, mon legs gréco-latin…

* Fonctionnaire à la retraite et écrivain.

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