Accueil » L’Organisation tunisienne des jeunes médecins va voir le jour

L’Organisation tunisienne des jeunes médecins va voir le jour

Hopital-medecins-tunisie

Une nouvelle structure nationale va bientôt voir le jour pour regrouper les externes, les internes, les résidents en médecine, ainsi que les jeunes spécialistes et généralistes.

Par Karim Abdellatif *

Il y a trois ans, le projet de loi n°38/2013 unifiait l’ensemble du corps médical qui rejeta en bloc les trois années de travail obligatoire imposées aux médecins spécialistes récemment diplômés.

En juillet 2014, l’UGTT signa un accord avec le ministère de la Santé prévoyant la mise en place d’un service national d’une année pour les médecins spécialistes hommes et femmes, avec ou sans enfants, sains ou malades. Les étudiants en médecine et les jeunes médecins, dépités, perdirent confiance en leurs leaders syndicaux.

Pendant trois ans, les internes et les résidents en médecine vécurent sans protection syndicale. Ils tendirent la joue à plusieurs reprises sans jamais rien dire. La réforme des études médicales était pourtant en cours… La dégradation des conditions de travail empirait… Le très attendu «repos de sécurité» à l’issue des gardes de nuit ne vint jamais… Les futurs médecins se taisaient, contemplant avec amertume leur chute sans fin.

Il a fallu un nouveau camouflet de la part du gouvernement pour que les jeunes médecins quittent leur léthargie. Sur les ondes de Jawhara FM, le ministère de la Santé annonça, le 5 décembre 2016, que le concours du résidanat pour les internes de l’ancien régime aurait lieu exceptionnellement en avril 2017, soit cinq mois avant la date convenue. Pris de court, les internes exprimèrent leur désarroi sur les réseaux sociaux. Si certains internes étaient satisfaits de cette mesure, une grande partie la refusait.

L’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM), une nouvelle structure nationale qui regroupera les externes, les internes, les résidents en médecine ainsi que les jeunes médecins spécialistes et généralistes est en train de voir le jour. En moins de 24 heures, son groupe Facebook a enregistré plus de 1800 nouveaux inscrits. L’OTJM a aussi fait circuler une pétition sur le net qui a recueilli en une seule journée un millier de signatures.

otjm

L’OTJM déplore notamment «1. La prise de décisions unilatérales concernant le concours du résidanat exceptionnel d’avril 2017. 2. La remise en question des accords conclus entre les jeunes médecins et les ministres précédents. 3. La suspension de la commission d’élaboration du statut juridique des internes et des résidents créée en Janvier 2014. 4. La procédure floue et imprécise […] de l’affectation des nouveaux résidents en médecine.»

L’OTJM exprime aussi sa «volonté de participer aux projets visant à garantir un système de santé performant et égal sur tout le territoire tunisien.» Espérons que ce ne seront pas encore des paroles en l’air…

Le problème des déserts médicaux est une réalité et les médecins doivent apporter leur pierre à l’édifice. Ils y ont été contraints par les accords signés par la principale centrale syndicale du pays.

Néanmoins, le manque de médecins spécialistes dans certaines régions est surtout l’épouvantail agité par la classe politique chaque fois qu’elle veut taire les dysfonctionnements qui existent dans l’univers de la santé publique. Combien y a-t-il d’établissements où les scanners sont en panne? Pourquoi des médicaments de base manquent-ils dans la plupart des hôpitaux? Pourquoi la nuit, un ou deux infirmiers sont-ils chargés d’assurer les soins d’une soixantaine de malades? Etc.

Gageons que le ministère de la Santé et les futurs et jeunes médecins sauront trouver un terrain d’entente qui apaisera les tensions latentes. Il suffirait de peu pour détendre l’atmosphère : considérer les jeunes médecins comme des Tunisiens responsables et non plus comme d’éternels mineurs.

* Résident en médecine.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.

error: Contenu protégé !!