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Témoignage de Mouna Zaghdane, rescapée de l’attentat d’Istanbul


Mouna Zaghdane était présente cette soirée du Nouvel An, parmi les 600 clients de cette boîte de nuit la Reina, lorsque l’horreur terroriste a fait irruption.

Cette femme, mère de deux enfants (âgés de 7 et 17 ans), a témoigné, mercredi soir, dans l’émission ‘‘Klem Enness’’, sur El-Hiwar Ettounsi.

Elle explique que tout avait l’air normal, en début de soirée, et que rien ne pouvait laisser croire que le malheur guettait les fêtards de la Reina: «La sécurité était au top, aux alentours de la boîte de nuit comme à l’intérieur. L’endroit était bien gardé, et peut-être plus sous surveillance qu’à l’accoutumé. Depuis l’entrée jusqu’à la table réservée par le client, il y avait une fouille systématique; il n’y avait aucune faille. Il n’y avait, selon toute vraisemblance, aucune menace, aucun risque, aucun danger… juste des précautions nécessaires.»

Soudain, tout a basculé, à un moment où les clients de la Reina ne se doutaient de rien. «Après les 12 coups de minuit, l’effervescence de la célébration de la nouvelle année battait son plein. Et puis, vers 01:30, c’est-à-dire à 23:30 heure de Tunis, des rafales ont retenti et la masse humaine – il y avait plus de 600 personnes dans la Reina – s’est déversée dans la même direction, vers le centre du night-club, vers la piste de danse», raconte-t-elle.
Mouna Zeghdane, se trouvant dans un salon au milieu de la Reina, a vu toute l’horreur du massacre: la panique, la fuite dans tous les sens, les cris, les affaires abandonnées, les bousculades, les morts, les blessés, le sang, les corps inanimés, les corps tressautant encore de la survie qui reste…

Bref, le cauchemar auquel la journaliste soussienne – styliste, conseillère en image et chroniqueuse-animatrice de radio – a échappé de justesse: «Par un heureux et inexplicable hasard, alors que tout le monde se dirigeait vers le centre, mes amis et moi avons emprunté une voie différente, nous sommes allés vers la droite… je ne sais toujours pas pour quelle raison», s’étonne encore la rescapée, qui ajoute : «C’était une éternité, car, à chaque seconde, notre tour d’être tué pouvait arriver».

Une fois le massacre terminé, tous les clients de la Reina ont été dispatchés vers quatre commissariats de la ville d’Istanbul, «pour les besoins de l’enquête, car, pour la police turque, toutes les personnes présentes à la Reina étaient soupçonnées et elles devaient prouver leur innocence. Là aussi, c’était des interrogatoires et des vérifications interminables et dans des conditions qui laissaient à désirer: sans boire ni manger, par un temps glacial, sans traducteur pour assister les enquêteurs, sans aucune assistance psychologique et sans aucun soutien», déplore Mouna Zeghdane.

Au bout de ce parcours, la rescapée tunisienne n’avait qu’une seule idée en tête: prendre le premier avion et rentrer en Tunisie… Ce qu’elle a fait le lendemain du drame. Elle déplore, cependant, que, pour des raisons inexplicables, elle n’a pas eu droit, de la part de la représentation diplomatique tunisienne en Turquie, au moindre soutien – ni moral, ni d’aucune autre sorte.

Marwan Chahla

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