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Rania, la fillette d’Ouled Dhifallah, n’est pas morte de froid

Le gourbi où habitait Rania.

Contrairement à ce qui a été relayé par des médias, Rania, l’élève d’Ouled Dhifallah, Aïn Draham (Jendouba), est morte à cause d’une maladie non soignée et non du froid.

Par Yüsra Nemlaghi

Le décès de la petite Rania Dhifalli a fait couler beaucoup d’encre. Car la fillette vivait dans un gourbi au flanc de la montagne, dans une famille de 7 membres. Pour aller à l’école, elle devait faire une longue distance à pied à travers la montagne.

Jeudi 22 décembre 2016, Rania a eu une forte fièvre, qui l’a obligée à rester à la maison. Son état s’est dégradé et elle a rendu l’âme dans la nuit de dimanche à lundi.

Rania n’a pas fait d’hypothermie, à cause du froid, comme annoncé par plusieurs médias, mais elle a succombé à une grippe non soignée, d’autant que son corps était fragilisé par une opération subie quelques mois auparavant. Son père n’avait pas pu l’emmener à l’hôpital ni lui acheter des médicaments car il n’avait pas d’argent et le chemin menant en ville était bloqué par les dernières pluies.

Pour ne rien arranger, la famille n’avait pas de carte de soins gratuits et le père, qui est âgé et au chômage, s’en sort difficilement avec, sur les bras, un fils aîné, Rayan (17 ans), diabétique et victime d’hyperglycémie à répétition.

«Il n’y a ni pharmacie, ni dispensaire dans la localité d’Ouled Dhifallah. Un établissement situé à Ouled Khemissa, à des kilomètres de là, reçoit les malades une fois par semaine», déplore un activiste de la société civile, qui connait cette localité pour l’avoir visitée, l’an dernier, dans le cadre d’une action humanitaire et, à la mi-décembre dernier, lorsqu’il a rencontré la petite Rania.

Les habitants d’Ouled Dhifallah vivent au-dessous du seuil de la pauvreté. La localité manque de tout, même des premières nécessités comme l’eau potable et l’électricité. Quand il pleut, les routes sont coupées et les habitants isolés.

Des activistes de la société civile ont tiré la sonnette d’alarme: plusieurs enfants sont dans la situation de Rania et pourraient connaître le même sort.

«Les enfants vont à l’école sans manteau ni chaussures. Ils portent des claquettes en plein froid et ne mangent pas à leur faim. Ils font des kilomètres et passent par des sentiers étroits et dangereux. La situation est difficile et nous devons nous unir pour les aider», explique Hatem Hwawi, enseignant et activiste de la société civile.

C’est pour venir en aide à cette population vivant dans le dénuement qu’une action d’aide aux habitants d’Ouled Dhifallah, baptisée « Je suis Rania, on est tous Rania« , est prévue pour le 29 janvier courant. Une caravane rejoindra le village avec des dons pour aider les petits et les grands à faire face à la vague de froid qui s’annonce rude cet hiver et leur fournir des médicaments de premiers soins (contact pour faire un don: 55.511.211).

La situation des habitants de Ouled Dhifallah est déjà assez difficile pour que l’on se permette d’y rajouter, comme l’ont fait certains médias, reprenant sans vérification, de fausses informations diffusées sur Facebook. Comme cette photo d’une fillette syrienne, morte de froid et allongée dans la neige, prise en novembre 2014, dans un camp de réfugiés au Liban, qui a été présentée comme celle de la petite tunisienne Rania… morte de froid. Et chacun d’y aller de sa petite colère contre l’Etat, les autorités, les riches, les médias, et tutti-quanti.

En d’autres termes, le malheur des habitants d’Ouled Dhifallah n’a d’égal que le ridicule de certains confrères journalistes dans leur quête effrénée du sensationnel, même aux dépens des pauvres gens.  A bon entendeur…

 

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