Accueil » L’Assemblée face aux soupçons de corruption de l’IVD

L’Assemblée face aux soupçons de corruption de l’IVD

L’Assemblée, censée incarner le pouvoir en Tunisie, est en passe de devenir une chambre d’enregistrement aux ordres de cheikhs, potentats et lobbies.

Par Fathi Frini *


Le vote de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) contre la création d’une commission d’enquête sur les soupçons de corruption à l’Instance Vérité et Dignité (IVD) conforte en nous le sentiment que l’introduction du régime parlementaire par la Constitution du 27 janvier 2014 n’a pas renforcé le processus démocratique, parce que concentrant plutôt le pouvoir dans les mains d’une seule personne, en l’occurrence, le chef du gouvernement et, partant, réduit le rôle de l’Assemblée à celui d’une chambre d’enregistrement.

La démission des représentants du peuple

La volonté des constituants étant de rappeler que la place centrale en démocratie doit être réservée aux organes élus ou indirectement issus de l’élection, aussi n’est-il pas question pour nous que l’ARP se contente d’être une simple chambre d’enregistrement, réduite à sa plus simple expression, autrement à se soumettre à des directives gouvernementales, ou à suivre encore des politiques prédéterminées, sans y mette, des fois, son grain de sel… Tout juste une certaine autonomie lui permettant cependant d’éviter une ingérence inappropriée, sinon une politisation excessive.

La fierté que nous avons eu, un moment, de voir cette Assemblée être autre chose qu’une simple chambre d’enregistrement ou un parlement croupion s’est aussitôt dissipée devant la démission généralisée relevée auprès de nos dignes représentants, ne sachant plus à quel cheikh, à quel potentat ou à quel lobby se vouer…

Des députés à la merci de pressions et d’injonctions

Au fait, combien de structures, de corps ou d’assemblées, bien qu’institués par cette même constitution, ne sont encore, malgré eux, qu’une chambre d’enregistrement à la merci de pressions, d’injonctions et autres circonstances indépendantes de leur volonté? Parce que le processus démocratique, pourtant largement engagé, n’aurait pas su démontrer jusqu’alors qu’il y avait une vraie vision politique et que les institutions constitutionnelles créées n’étaient pas et ne devraient pas être non plus autant de chambres d’enregistrement et tout particulièrement l’ARP vis-à-vis des «agissements» de la présidente de l’IVD pour le moins inqualifiables…

* Juriste.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.

error: Contenu protégé !!