Accueil » Violences faites aux femmes : Quid de l’égalité successorale ?

Violences faites aux femmes : Quid de l’égalité successorale ?

L’amendement réclamé par certaines voix du projet de loi de lutte contre les violences faites aux femmes doit bien se faire, mais pour instaurer l’égalité successorale.

Par Farhat Othman *

L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a commencé, ce jeudi 2 février 2017, l’examen du projet de loi de lutte contre les violences faites aux femmes. Or, ce projet est loin de s’attaquer à la violence absolue dont souffrent les femmes dans ce pays : l’inégalité successorale.

L’islam est pour l’égalité successorale

Pourtant, sur cette question essentielle, les voix autorisées se réfugient dans le mutisme, non sans laisser leur refus de ce qui n’est qu’une fatalité se manifester par des voix tierces. Comme ces intégristes demandant un amendement pour expurger le projet de toute référence à la notion de genre.

Un tel jeu doit-il continuer? Tous les démocrates ou supposés tels dans ce pays doivent se déclarer pour ou contre la fin de la première violence faite aux femmes qu’est l’inégalité successorale.

Il est inutile de prétexter une lecture fausse de l’islam, car il a honoré la femme et la visée de la loi religieuse est parfaitement pour l’égalité. Ainsi, le Coran, dans son fameux texte de part successorale unique pour la femme contre deux pour l’homme, n’a fait qu’initier un processus dynamique dont le parachèvement est laissé aux croyants.

Et qu’on ne parle surtout pas de texte définitif, car la parole de Dieu ne saurait se figer, sinon où est son caractère avéré d’éternité? De plus, on n’applique plus d’autres supposés textes définitifs comme l’ablation de la main en cas de vol.

Aujourd’hui, les choses sont bien claires : ou c’est l’inégalité successorale qui est abolie en tant que manifestation suprême de la violence faite à la femme, ou c’est l’inéluctable restauration en Tunisie de l’ablation de la main. Est-ce bien ce que veulent les opposants à l’égalité en matière successorale? Il est bien temps d’entendre Rached Ghannouchi, président du parti islamiste Ennahdha, sur cette question !

Le projet de loi doit être amendé

Oui, le projet de lutte contre les violences faites aux femmes doit bien être amendé; mais il doit l’être dans le sens de l’égalité successorale d’abord. Il doit l’être aussi pour l’abolition de la base légale des tests de virginité, tout autant d’ailleurs que l’homophobie, à savoir l’article 230 du Code pénal, car l’islam n’est pas homophobe.

Voilà comment éviter de faire de l’islam une religion obscurantiste! C’est sur quoi on aimerait, non seulement entendre le parti islamiste, mais aussi et surtout le voir agir en proposant les amendements salutaires qui s’imposent. Il a bien un groupe parlementaire bien pourvu pour le faire !

Rappelons, à ce sujet, qu’un projet en ce sens a été déjà proposé par la société civile. Qu’on le retienne ou qu’on s’y inspire! Il est bien temps de cesser, au prétexte du respect de l’islam, de le violenter et d’en bafouer l’esprit et la lettre dans ce qu’il a de fondamental : son humanisme!

 

Article lié :
التنقيح اللازم لمشروع قانون منع العنف ضد المرأة

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.