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Le coup d’Etat permanent contre la médecine tunisienne

Tenter de casser l’élite d’un pays est une mauvaise habitude coloniale, impériale et spoliatrice. Les Nidaistes et les Nahdhaouis se sont trompés d’époque.

Par Dr Fethi El Mekki *

C’est désormais officiel, en Tunisie, pour exciter les petites gens, bernés en permanence, par un pouvoir à terre, dominé par un pouvoir profond, on récompense les coupables et on punit les innocents…

Ce pouvoir vacillant s’enfonce dans le marécage. On ne voit plus que son nez. Il manque encore la farine et les claques et là ça sera un vrai cirque d’hiver. Puisque on est en plein hiver. Politique, bien évidemment.

En Tunisie, depuis le parachutage des «islamistes, égorgeurs, coupeurs de têtes mais modérés» et du parti d’en rire, Nidaa Tounes, devenu épileptique tellement il a trahi, tout fonctionne pour que rien ne fonctionne. Le kilogramme de tomates est à 3,5 dinars et ça n’émeut personne.

Pour rouler des pectoraux, plaire à la piétaille et à la valetaille, les juges, qui et c’est bien connu, ne reçoivent les ordres de personne, ont cartonné, réalisé leur petit quart d’heure de gloire et mis au cachot, en moins d’une semaine, deux médecins sans qu’une enquête sérieuse n’ait pu déterminer quoi que ce soit. Et personne n’est outré.

Ces princes qui nous gouvernent :

La Tunisie et les Tunisiens sont sauvés. Ils se sentent en sécurité. Merci Barack Obama, Daniel Rubenstein, Noe Feltman, Rached Ghannouchi, Nourreddine Bhiri, Beji et Hafedh Caid Essebsi (par ordre d’importance). Les Tunisiens vous doivent une fière chandelle.

Nos poilus très ignares et hirsutes, «qui me rappelle mon enfance», sortis tout droit d’une grotte, pour saigner leur prochain, quant à eux, sont relâchés dans la nature avec les excuses. Ils sont envoyés en Syrie par qui on sait, pour faire ce que l’on sait, sur ordre de qui on sait. Et ne sont nullement inquiétés, par qui on sait. Là on n’est plus dans la morale élastique et les deux poids et deux mesures. On est au fond du trou. Nos deux médecins aussi.

C’est désormais officiel, en Tunisie, tuer en lynchant en public, un bon père d’une famille de six enfants, sans courir le moindre risque pénal est possible (allusion à Lotfi Nagdh, tué en pleine rue par des extrémistes religieux, en octobre 2011, à Tataouine, Ndlr). Il faut si possible être en groupe, avoir une mine patibulaire (une sale tête, si vous voyez ce que je veux dire), être un tant soit peu chevelus, porter un gourdin, viser la tête et le thorax de préférence lorsque la victime est à terre et brailler comme un bourricot.

C’est désormais officiel, en Tunisie, fêter son acquittement après avoir assassiné un innocent se fait en plein milieu de la rue (allusion aux tueurs présumés du même Nagdh acquittés par le tribunal de Sousse, Ndlr). Avec pétards et you-you. En dansant devant les caméras. Et il n’a aucun risque de se faire arrêter une seconde fois. Il est évident que les gentils pelucheux n’y sont pour rien. Ils ne feraient jamais une chose pareille. C’est bien connu. M. Nagdh est décédé mort de rire.

C’est désormais officiel, en Tunisie, soigner un malade pour lui sauver la vie et lui faire éviter bien de souffrances, peut vous catapulter directement au bagne. Tant pis, c’est la vie. C’est le destin.

La grande farce continue :

Ce qui parait bizarre, c’est cette nouvelle classe politique, sortie on ne sait d’où, qui travaille dur pour rester stupide, qui est attiré sans cesse par les bas-fonds, qui ne cesse de mettre le feu à la plaine et de tendre le bâton pour se faire battre.

Pour se faire pardonner et exciter encore plus les hyperactifs, elle met les médecins en prison. Ceci explique cela.

C’est désormais officiel, en Tunisie, la mafia de l’économie parallèle, réglée comme une horloge, est protégée officiellement par ce qu’on a appelé, jusqu’à aujourd’hui, les députés du peuple. Il va falloir leur trouver une autre appellation. Ça ne sera pas très difficile. Il suffit de bien se concentrer.

La Tunisie s’est couchée. La Tunisie est sous occupation. Par qui? Par la médiocratie qui se pavane avec des couffins remplis à ras bords par de gros billets. Personne n’est inquiété. C’est désormais officiel, ça ne gêne personne. En même temps, on veut casser du médecin. Je vous rassure, ça ne marchera pas. Et ça ne marchera jamais.

Durant les années 2012-2013, un nouveau hobby a été en vogue chez les pileux. Il faut faire disparaître les autres. C’est-à-dire les «kouffars» (non-croyants). Aujourd’hui, on veut faire disparaître le médecin. Au sens figuré ou au propre. On ne le sait pas. C’est au choix. Là aussi je vous rassure, ça ne marchera jamais.

Les plans de nos politiques pour détruire la Tunisie ressemblent tout à fait aux poupées russes. Lorsqu’on découvre une, on découvre une plus petite mais toujours avec une âme noire. On savait que leur cynisme et leur haine pour leur pays sont sans limite. Avec deux médecins au cachot, en moins d’une semaine. Dans leur cruauté et leur abomination, ils viennent de faire un saut qualitatif très important.

Ce qui est sympathique dans tout cela, c’est les grands bandits, déguisés en médecins, avec un gros cigare déformant la bouche et les lèvres. Connus et très respectés de tous. Exerçant aussi bien à l’hôpital que dans le secteur privé. Ils sont intouchables, car nauséabonds, puant la corruption à plein nez. Ainsi, on ne s’attaque qu’au menu fretin. Qu’au superficiel, qu’au dérisoire, qu’à l’insignifiant. Pour la galerie? Sûrement. Jusqu’a aujourd’hui, on connaissait la grande muette. On nous apprend qu’il y aussi la grande aveugle. Comprenne qui pourra.

Un jour, un certain Talleyrand, avait dit : la politique, c’est l’art d’agiter les peuples pour mieux s’en servir.

Chronique de la bêtise ambiante :

Dans tous les pays démocratiques, le parquet dépend directement de l’autorité de l’Etat. En Tunisie, la nouvelle constitution a octroyé une indépendance aux magistrats, non méritée. Il est inconcevable de laisser les importantes nominations du parquet maître de l’action publique en matière pénale et gardien de l’ordre public entre les mains de l’Association des magistrats tunisiens.

La casse et les dérapages sont visibles et palpables. Certains juges ne sont pas à la hauteur de leur nomination. Parce que tout simplement, ils n’en n’ont pas les moyens. Et ce n’est pas une histoire de diplômes. Loin de là.

Ce salmigondis nous entraînera-t-il vers la «dictature des juges» comme ce fut le cas de l’Italie dans les années 90? Je ne le pense pas et je ne l’espère pas. La Tunisie de l’imam Sahnoun (776-854), de Mohamed Tahar Ben Achour (1879-1973) et de Mokhtar Yahyaoui ne se laissera pas marcher sur les pieds.

Avec le médecin, ces petits assoiffés du pouvoir et leurs petits chefs, qui ont inventé l’eau chaude, sont dans la situation où quelqu’un met dans sa poche un scorpion qui finirait par le piquer. Ils ont mis de gros moyens au service d’une grosse ambition, pour un niveau très bas : comme politique même mon chien n’en voudrait pas…

Pour les Nidaistes et les Nahdhaouis, spécialistes de l’écran fumée, un jour ou l’autre vous prendrez la porte. Mais c’est ce que vous emporterez qui importe. C’est-à-dire rien du tout.

Tenter de casser l’élite d’un pays est une mauvaise habitude coloniale, impériale et spoliatrice. Vous vous êtes trompez d’époque. Ce sont des choses qui arrivent. On ne vous en veut pas.

Vous êtes à bout de souffle et votre destin est désormais connu.

Cessez de nous instruire des procès en sorcellerie. Laissez les médecins tranquilles. Vous ne le regretteriez point. Par les temps qui courent ce n’est pas une précaution inutile.

Tout cela a un prix. Et quel prix.

* Pneumo-allergologue.

** ‘‘Le coup d’état permanent’’ est un essai de l’homme politique François Mitterrand en 1964 durant la présidence de Charles De Gaulle, pour désarçonner et viser le pouvoir de ce dernier. Il n’a pas réussi à le faire. Bien évidemment.

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