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Quand la Tunisie rétablira-t-elle ses relations diplomatiques avec la Syrie ?


Pour faire la lumière sur les filières d’enrôlement des jihadistes tunisiens, en Syrie, il est nécessaire de rétablir les relations diplomatiques avec ce pays.

Par Farhat Othman *

Les relations entre Tunis et Damas ont été rompues sans raison valide, en 2012, par le gouvernement de la troïka, l’ancienne coalition gouvernementale conduite par le parti islamiste Ennahdha, au moment où l’on commençait à enregistrer, dans certains milieux, un discours vantant le jihad, encourageant les jeunes à aller faire le coup de feu sur les champs de bataille.

Réparer une violation de nos traditions diplomatiques

N’est-il pas temps que chacun assume ses responsabilités et de permettre à la vérité de se faire jour ? Et quelle meilleure manière de le faire que de mettre fin à cette violation caractérisée de la tradition diplomatique de notre pays que fut la rupture démagogique de ses relations avec un ami qui de tout temps fut un ami?

Certes, la Tunisie a osé mettre sur pied une commission parlementaire; or, est-elle assez indépendante pour épuiser tous les mystères de ces années de soufre? Surtout, ne faut-il pas ne pas se priver de la moindre information utile sur ce sujet épineux tout en réparant une anomalie diplomatique?

En effet, et on le répète à satiété : l’un des principes fondamentaux de la politique étrangère de la Tunisie est celui de non-ingérence dans les affaires intérieures de ses partenaires et amis sur la scène internationale.

Or, à la faveur de cette honteuse rupture, la Tunisie a pris parti contre le gouvernement légal de Syrie. Était-ce son rôle?

D’aucuns ont pu soutenir que notre pays n’a fait ainsi que s’aligner sur la stratégie occidentale, de concert avec certaines puissances régionales arabes, voulant en finir avec le régime de Bachar Al-Assad. Est-ce bien vrai?

Une telle accusation ne se trouve-t-elle pas accréditée par ce sommet des amis — ou ennemis — de la Syrie que la Tunisie ne devait point abriter sur son territoire en octobre 2012? Or, il a précédé la rupture des relations diplomatiques, et ce même dans des conditions pour le moins honteuses en termes diplomatiques.

Jihadistes tunisiens

Saura-t-on un jour qui a envoyé ces jeunes tunisiens à faire le jihad en Syrie?

En attendant la mise hors la loi du jihad mineur

Bien évidemment, et on y a appelé souvent, si les islamistes souhaitent vraiment se disculper des soupçons nourris à leur égard, ils doivent impérativement se décider à déclarer le jihad mineur obsolète aujourd’hui. Car il n’est que du banditisme au moment où l’islam est religion d’État. De plus, il n’y a plus que le jihad majeur en islam, l’effort sur soi. Or, on doute fort qu’ils le fassent, tant qu’ils n’y seront pas contraints.

En attendant, plus réalistement, il serait parfaitement possible et faisable rapidement que les autorités tunisiennes mettent fin à la terrible anomalie diplomatique qu’est la rupture des relations avec Israël. Elles ne seront que plus crédibles quand elles parlent des fondamentaux de la diplomatie tunisienne qui célèbre cette année son soixantième anniversaire.

Ce serait assurément le meilleur moyen de sauvegarder les intérêts de la Tunisie en plus de faire la lumière sur l’embrigadement et l’acheminement sur le territoire syrien de nos jeunes trompés.

On évalue, en effet, leur nombre à quelques milliers, dont quelques centaines actuellement emprisonnés en Syrie; comment était-ce possible sans une réelle logistique ?

Et c’est d’autant plus impératif que le gouvernement syrien entend désormais porter plainte contre la Tunisie en accusant nommément le gouvernement de la troïka d’avoir été derrière l’afflux de ces Tunisiens sur son sol.

Aussi, continuer à ne pas avoir de rapports diplomatiques avec ce pays relèverait tout simplement d’un flagrant manque de patriotisme. Qui oserait donc s’opposer à la reprise des rapports diplomatiques tuniso-syriens, sachant que le président de la république Béji Caïd Essebsi en avait fait, lors de sa campagne électorale en 2014, l’une des priorités de sa politique étrangère?

* Ancien diplomate et écrivain, auteur de ‘‘L’Exception Tunisie’’ (éd. Arabesques, Tunis 2017).

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