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Le ministère de la Fonction publique est-il vraiment nécessaire ?

Comme annoncé par Kapitalis, le chef du gouvernement Youssef Chahed a décidé de supprimer le ministère de la Fonction publique et de la Gouvernance.

Selon communiqué de la présidence du gouvernement, publié dans la soirée du jeudi 2 mars 2017, les services et structures relevant de ce département seront rattachés à la présidence du gouvernement.

Cette décision, qui a alimenté de nombreux commentaires, plutôt critiques, devra être présentée au prochain conseil des ministres, conformément à l’article 92 de la constitution, précise encore le communiqué.

Les critiques ont porté sur l’improvisation qui caractérise les décisions du chef du gouvernement. D’abord en limogeant, samedi dernier, Abid Briki, l’ex-ministre de la Fonction publique, à la suite de l’annonce, via les médias, de son intention de démissionner de son poste, et son remplacement par Khalil Ghariani, suscitant le mécontentement de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui a considéré la désignation d’un dirigeant de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica, l’organisation patronale), comme l’expression d’une intention de privatiser certaines entreprises du secteur public, conformément aux diktats du Fond monétaire international (FMI).

Jeudi matin, et alors que la tension entre le gouvernement et la centrale syndicale était à son comble, Khalil Ghariani a fait une déclaration aux médias où il annonçait son renoncement au poste de ministre de la Fonction publique. Il a dû sans doute comprendre que sa nomination aurait du mal à être avalisée par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). A moins qu’on lui ait demandé de renoncer lui-même au poste pour sauver la face à un gouvernement visiblement dépassé par les conséquences de ses propres décisions.

En décidant, le soir même, de supprimer le ministère de la Fonction publique et de le transformer en une direction générale attachée au chef du gouvernement, la Kasbah n’a pas fait non plus dans la dentelle, optant pour les grands moyens, quitte à susciter encore des critiques.

Pour expliquer ces tergiversations, certains commentateurs ont évoqué le manque d’expérience de Youssef Chahed, d’autres ont déploré sa propension à l’improvisation et lui ont reproché de réparer une erreur par une autre, car il y a peu de chance que cette dernière décision soit bien accueillie par les parties signataires de l’Accord de Carthage.

Dimanche dernier, dans son entretien avec la chaîne El-Hiwar Ettounsi, M. Chahed a justifié le limogeage d’Abid Briki par l’impératif de faire respecter le prestige de l’Etat. On ne peut pas dire que ses propres décisions, prises à la hâte et souvent mal pesées, préservent ce prestige.

Et quand on sait que l’une des priorités du gouvernement, telles que définies par l’Accord de Carthage, est de lutter contre le fléau de la corruption, notamment par la réforme de la fonction publique, ce n’est pas en supprimant le ministère en charge de l’administration publique que l’on va rassurer les partenaires politiques quant à la volonté du gouvernement d’avancer dans cette réforme.

Reste que les avis sur cette question sont partagés. Car beaucoup d’analystes estiment que la Tunisie a longtemps vécu sans un ministère de la Fonction publique et que la création de ce département n’a vraiment rien ajouté au bon fonctionnement des services publics. Elle a peut-être ajouté de la bureaucratie à la bureaucratie, sachant que le gouvernement dispose de différents organes de contrôle administratif et financier qui peuvent veiller sur le respect des règles de la bonne gouvernance. Sans parler des instances indépendantes, comme l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLCC), ou encore les Ong qui assurent la mission de contrôle et de surveillance des procédures et actes administratifs.

Abderrazek Krimi

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