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Crimes islamistes et commissions de «non-enquête» parlementaires

Les commissions d’enquête parlementaires en Tunisie ne servent qu’à faire noyer le poisson des crimes islamistes dans l’eau bénite des «hassanat» nahdhaouis!

Par Tarak Arfaoui *

Au train où vont les choses, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) est en train de se transformer en une coquille vide.

A mon avis, cette honorable institution enfantée par la «révolution» de 2011, qui a suscité tant d’espoir lors de sa création, va réaliser, de par ses incohérences et turpitudes, l’exploit de nous faire regretter l’ancienne Assemblée nationale, celle des béni-oui-oui à la couleur et aux décisions uniformes dont les multiples travers ne sont finalement pas loin des dérives répétées de cette nouvelle institution et de ses occupants.

Un cirque politique

L’Assemblée du peuple donne l’impression, dans l’état actuel des choses, d’être un cirque politique, se drapant sous un chapiteau constitutionnel folklorique, donnant un spectacle ou le théâtralisme le dispute à l’hypocrisie pour se payer la tête des citoyens tunisiens. Voilà où nous en sommes six ans après la «révolution».

Les deux blocs parlementaires qui dominent l’Assemblée à savoir Nidaa Tounes et Ennahdha, bien qu’idéologiquement aux antipodes politiques l’un de l’autre, se délectent de plus en plus dans une union contre-nature, se payant la tête de leurs électeurs en reniant leurs engagements électoraux. Ils sont aux ordres des artisans de ce fameux «tawafoq» (consensus), le cheikh médiéval Rached Ghannouchi et le cheikh beylical Béji Caïd Essebsi qui ont scellé des noces hypocrites ne générant, en fin de compte, que des rejetons hypocrites.

Il est inutile de s’attarder sur les multiples avatars de cette assemblée, sur le niveau de ses élus, sur les usurpations d’identité lors des votes, sur l’absentéisme éhonté de ses occupants ni encore sur leurs éternelles revendications transformant cette institution en une vache à lait en réclamant des privilèges invraisemblables sur le dos du contribuable : la récente réclamation exigeant des soins gratuits tout azimut et des passeport diplomatiques pour leur progéniture est sans commentaire.

Il est encore inutile se s’attarder sur les bisbilles dans les couloirs, sur les clowneries et pitreries de certains député(es), ni sur les élans incongrus et hystériques de Samia Abbou (Courant démocratique) ou les diatribes prolétariennes de Mongi Rahoui (Front populaire) auxquels le bon peuple s’est habitué.

Le degré zéro de la décence

Passe sur les décisions ridicules de certaines commissions obtenues au forceps au gré des intérêts partisans, passe encore sur les discussions byzantines récurrentes. Mais la où on a atteint le degré zéro de la décence, c’est la constitution des fameuses commissions d’enquêtes parlementaires sur les multiples événements dramatiques qui ont secoué la Tunisie après la révolution.

Comme le disait un homme politique français, «le meilleur moyen d’étouffer une affaire est de créer une commission d’enquête», et cela n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd à l’ARP. Les enquêtes se suivent et se ressemblent toutes. Coquilles vides faites pour la galerie médiatique dans la plus pure hypocrisie sans aucun résultat tangible.

Il est curieux de constater que, dans toutes les affaires pour lesquelles ont été créées des commissions, des islamistes ou apparentés sont les principaux protagonistes. Il est tout aussi curieux qu’ils y sont aussi juges et parties. Je ne rappellerai en résumé que quelques exemples de ces fameuses commissions parmi des dizaines d’autres :

– la commission d’enquête sur le matraquage des manifestants par les barbouzes islamistes lors des événements du 9 avril 2012, présidée, tenez-vous bien, par l’actuel ministre de l’Industrie et du Commerce, lui aussi dirigeant d’Ennahdha en personne, Zied Laadhari a été rapidement escamotée et étouffée;

– la commission d’enquête sur le mitraillage au plomb des manifestants de Siliana, les 27 et 28 novembre 2012, sur ordre de l’ancien ministre de l’Intérieur islamiste Ali Larayedh, est aux oubliettes; le même Larayedh qui a étouffé la commission d’enquête sur les graves événements de l’attaque de l’ambassade des Etats-Unis à Tunis par ses protégés extrémistes islamistes, le 14 septembre 2012;

– la commission d’enquête sur l’attaque du siège de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), le 5 décembre 2012, a été rapidement éludée;

– l’enquête sur l’assassinat du martyr Chokri Belaid, le 6 février 2013, est toujours au point mort, noyée dans les méandres des procédures judiciaires invraisemblables mises en place en sous-main par Ennahdha, le mouvement islamiste sur lequel planent de lourdes présomptions et qui fait tout pour étouffer l’affaire;

– et, plus récemment, cerise sur le gâteau, nos chers députés ont créé une commission d’enquête sur les réseaux de recrutement et d’envoi des «jihadistes» tunisiens en Syrie pour servir de chair à canon pour les «insurgés».

J’ai été abasourdi à l’annonce de la composition de cette commission dont pas moins de 7 islamistes d’Ennahdha, le mouvement qui a publiquement encouragé ces départs, font partie! Là nous sommes arrivés au sommet de la bassesse politique, de l’indécence et du mépris total des citoyens.

Une commission sur les… dérives des commissions

En Tunisie, pays des miracles, les criminels se drapent dans l’immunité, les accusés sont aussi leurs propres juges, les enquêteurs sont en même temps des coupables, des complices ou des comparses.

Faut-il en rire ou en pleurer?

Je suis tellement sidéré par tant d’ignominie, que je veux proposer une solution radicale.

Tous ces dérapages ne seront résolus une fois pour toutes que par la création d’une commission pour enquêter sur les graves dérives de ces commissions ! Cette commission présidée par le vénérable Cheikh Rached Rached, conseillé par les honorables Ali Larayedh, Sadok Chourou, Habib Ellouze et Walid Bennani, saura, par la grâce divine, faire noyer comme d’habitude le poisson dans l’eau bénite des «hassanat»!

* Médecin de libre pratique.

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