On ne compte plus les tentatives de sauvetage d’un bateau qui coule inexorablement.
Les dernières fuites d’enregistrements créent un climat délétère au sein du parti Nidaa Tounes et on commence même à parler de démission de certains de ses dirigeants.
Après l’enregistrement de Nabil Karoui où ce dernier accuse Hafedh Caïd Essebsi de l’avoir sollicité pour nuire à Mohsen Marzouk et de lui préparer la voie pour Carthage, la fuite d’un second enregistrement dont le «héros» est cette fois Hafedh Caïd Essebsi lui-même semble alourdir le climat de suspicion généralisée qui règne dans ce parti supposé être celui de la majorité.
Boujemaa Remili, l’un des fondateurs de Nidaa Tounes, a déclaré aux médias, vendredi 10 mars 2017, que ce qui a été dit par certains dirigeants, le 27 février dernier, lors de la réunion du bureau exécutif présidée par le fils du président de la république, est dénué de toute morale, apporte la preuve que le parti passe par une crise de direction et offre de lui-même une image très médiocre.
Selon M. Remili, après les dégâts provoquées par ces fuites, certains dirigeants ne tarderont plus à présenter leur démission. Il les a d’ailleurs invités à rejoindre le comité de direction présidé par Ridha Belhadj, une aile dissidente du parti.
D’autre part, le président du parti Afek Tounes, Yassine Brahim, a confirmé à la presse, hier, avoir rencontré Faouzi Elloumi et Naceur Chouikh. Il n’a pas exclu, lui non plus, la possibilité que ces deux dirigeants de Nidaa Tounes rejoignent bientôt son parti et occuper, ainsi que d’autres, des postes de responsabilité après le prochain congrès, qui se déroulera à la fin de ce mois.
Cet effritement du parti au pouvoir, qui, depuis les élections de 2014, va de scission en scission, va sans doute compromettre ses chances aux prochaines élections municipales, qui avancent à grand pas.
Les observateurs se demandent si le président Béji Caïd Essebsi a encore un ascendant politique sur son fils et s’il est en mesure de mettre un terme à ses agissements qui ont causé jusqu’ici beaucoup de dégâts au sein d’un parti qu’il a fait carrément imploser.
Quant on sait que le fils mêle le nom de son père à tous ses micmacs politiques et porte atteinte à son image, à l’intérieur et à l’extérieur, on est en droit de s’interroger sur le mutisme de Beji Caïd Essebsi et son laisser-faire qui nuit, au-delà de sa personne, à tout le pays.
Abderrazek Krimi
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