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Archéologie: La Tunisie, «premier corridor humain» du continent africain

Des archéologues ont déterré des ossements et des outils de pierre sur un site de fouilles dans le sud tunisien, qui, il y a au moins 72.000 ans, était un grand lac.

Par Marwan Chahla

Cette vaste étendue, qui était humide, bien arrosée et donc fertile, était un endroit bien adapté pour les humains et les animaux. Les découvertes indiquent aussi que les Homo sapiens qui peuplaient cet endroit utilisaient les nombreux lacs de cette zone comme postes de ravitaillements dans leurs déplacements à travers le continent africain.

Les chercheurs – tunisiens et britanniques – indiquent que les ossements découverts sont d’une signification particulièrement intéressante, car ils révèlent l’existence d’un ensemble important d’animaux de grandes tailles (rhinocéros, zèbres, bovidés, autruches et autres carnivores…).

Archéologie Sud Tunisien

Selon Nabiha Aouadi, co-directrice de cette fouille, «l’assemblage faunique représente un biotope sub-saharien et de savane très différent de ce qui existe aujourd’hui dans cette région.»

L’équipe de chercheurs estime que l’environnement était humide et fertile, ce qui a dû en faire un habitat idéal pour plusieurs espèces animales et pour des colonies humaines nombreuses. Les pierres et les ossements d’animaux qui parsèment ce territoire suggèrent aussi que les humains s’adonnaient à la chasse.

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Le professeur Nick Barton, de l’université britannique d’Oxford, lui aussi associé à cette fouille, suggère que les outils de pierre sont «des exemples classiques de la technologie de la chasse de la préhistoire africaine, avec des pointes fines (pointes atériennes) pour lances.»

Curieusement aussi, certains des outils en pierre découverts sont fabriqués à partir de silcrète, un type de conglomérat fin cimenté par de la silice, qui devait provenir d’une zone située à 150 kilomètres du site des fouilles.

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Utilisant des techniques de datation de haute précision, les chercheurs sont parvenus à la conclusion que les dépôts sédimentaires littoraux remontent à une époque datant entre 72.000 et 98.000 ans, c’est-à-dire à la période où l’endroit était un vaste lac.

Aujourd’hui, il n’en reste que cette région des chotts, c’est-à-dire plusieurs étendues de boues, des lagunes et de petits lacs salés.

Ce système lacustre préhistorique était nourri par un vaste réseau de petites rivières, pour la plupart se déversant des monts de l’Atlas, et également par deux grands fleuves, l’un coulant du Tassili n’Ajjer, un massif montagneux au sud-est de l’Algérie, et l’autre des Monts du Hoggar, dans le sud de l’Algérie, au cœur du Sahara.

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Pour le Pr Nick Barton, «il s’agit là du premier site atérien nord-saharien dont la date est bien déterminée. Nous possédons des indices précis que cette zone d’Afrique du nord était occupée, il y a de cela au moins 72.000 ans, par des Homo sapiens qui utilisaient cet emplacement comme lieu de ravitaillements dans leurs incursions africaines et leurs déplacements à travers le continent noir.»

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