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«Je suis raciste et alors?»

Et si le racisme était simplement un problème d’ego surdimensionné, de manque de confiance en soi ou une sorte de maladie psychique banale dont on peut se soigner?

Par Adam Abakar Mahamat *

Depuis quelques jours une vidéo réalisée sous caméra cachée fait le tour de la Tunisie, avec le titre suivant : «Qui a dit que les Tunisiens sont racistes?»

Alors j’ai pris la liberté de répondre à cette interrogation.

Mon frère, ma sœur permettez-moi de vous dire que tout le monde peut être potentiellement raciste.

Et c’est un problème qui concerne le monde entier.

Il existe le racisme entre blanc envers blanc, noir envers noir, rouge envers rouge, blanc envers noir, noir envers blanc, d’ailleurs sans oublier qu’il existe le racisme dans un même pays: racisme régionale, ethnique…

Pour moi le racisme c’est un problème d’ego comme tout autre : fierté excessive, manque de confiance en soi, jalousie…

Par définition, le racisme c’est «une doctrine préconisant la domination d’une race (dite pure ou supérieure) sur les autres (dites impures ou inférieures).»

Autrement dit, c’est le fait d’extérioriser l’idée ou le sentiment que «je suis» (avec ma différence de peau, de région, d’ethnie, de clan…) meilleur que «toi».

En une phrase c’est croire qu’on est meilleur ou supérieur que l’autre.

En se référant à cette définition, il est inutile de vous rappeler que ce problème d’ego existe partout, dans tous les pays, dans toutes les régions, dans tous les clans…

Dans ce papier, je n’essaye pas d’affirmer que le racisme existe partout et on doit faire avec, non loin de là.

Pour moi tant que tu crois ou tu t’imagines simplement que tu es meilleur que moi…

Tant que la croyance de ta «pureté» ou de ta «supériorité» ne porte pas atteinte à ma liberté…

Tant que tu intériorises ton problème d’ego (ton racisme)…

Tant que tu fais face à ton égo…

Tant que tu essayes de gérer ton racisme…

Tant que tu ne m’agresse pas verbalement dans la rue à cause de ma différence…

Tant que tu ne me regardes pas de travers dans le transport en commun…

Je n’ai aucun problème avec ton racisme.

Tu peux être un candidat présidentiel «raciste», mais tant que tu essayes de gérer ton problème d’ego, je peux voter pour toi.

Tu peux être mon meilleur ami tant que tu essayes de faire face à ton problème d’ego.

Si tu me plais, tant que tu es prête à t’engager pour combattre ton ego je peux te demander de m’épouser, et je me ferai une joie de te soutenir dans ta quête…

Tu as un problème avec ton ego et alors?

Personnellement ça me fait rigoler de voir quelqu’un qui vient me dire : «Tu sais, je ne suis pas raciste».

Pourquoi les personnes ayant d’autres problèmes d’ego surdimensionnés (absence ou sous/sur confiance en soi, jalousie…) se font aider par de psys, ou de proches, alors qu’on ne s’occupe pas de la même façon des racistes?

Par exemple, si vous écrivez sur un moteur de recherche le mot «confiance» ou «trac» vous tomberez dans une panoplie de liens et d’articles qui traitent cette question de confiance ou de trac sur tous les angles possibles.

Alors que si vous écrivez le mot «racisme» sur le même moteur de recherche vous ne trouverez que de liens du genre.

Comment faire face à des propos racistes; comment vivre avec un raciste, tel pays est raciste ou tel autre ne l’est pas…

Bref que des publications qui s’adressent à la victime ou à la victime potentielle, peu ou prou de publications qui s’adressent à la personne victime de son propre ego (le raciste).

Je trouve qu’il est moins intéressant de réaliser des enquêtes juste pour dire tel pays est raciste et tel autre ne l’est pas.

Pendant qu’on y est, pourquoi ne pas réaliser des enquêtes pour dire que tel pays est jaloux et tel autre ne l’est pas.

Je souhaite que les organismes concernés et les chercheurs fassent de la sensibilisation sur ce genre de thème : comment gérer son racisme (son ego).

Je souhaite voir des centres spécialisés et des psys qui accompagnent les personnes racistes pour qu’ils dépassent leur ego, comme tout autre problème d’ego surdimensionné.

Je souhaite qu’il y ait des formateurs et des coachs spécialisés dans le domaine.

Je souhaite un monde où les organismes concernés organisent des ateliers pour dire :«C’est normal et c’est humain d’être raciste, l’important c’est apprendre à gérer son racisme».

Je ne comprends pas pourquoi une personne qui n’a pas confiance en elle, qui est inoffensive et qui sous-estime sa compétence et sa personne… doit se faire soigner, traiter, jusqu’à interner! Alors que le raciste, cette autre personne qui croit qu’elle est supérieure à l’autre, qui peut être potentiellement dangereuse, «sa maladie» attire peu ou prou l’attention de la communauté des chercheurs?

Pourquoi ne pas considérer exactement le racisme comme un problème d’ego surdimensionné, sans plus, et tenter de le soigner en tant que tel?

Autant de questions qui restent en suspens dans ma tête…

En conclusion, je souhaite un monde où chacun fait face à son ego et qu’on avance tous ensemble.

NB : Je n’affirme ni infirme que la Tunisie est un pays raciste. D’ailleurs, qu’est-ce qu’un pays raciste?

* Doctorant à la FSEG de Sfax.

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