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Portrait : Mounira Bouzouita veut féminiser le leadership d’entreprise   

Mounira Bouzouita, directrice des ressources humaines de Total Tunisie, oeuvre pour imposer les femmes dans les métiers habituellement réservés aux hommes.

Par Zohra Abid

Ce bout de femme, directrice des ressources humaines de Total Tunisie, qui reçoit ses visiteurs au 4e étage du siège de la filiale tunisienne du groupe pétrolier international, aux Berges du Lac de Tunis, nous donne, dès la première vue, l’impression de la connaître depuis très longtemps.

Si forte mais ô combien féminine, son beau sourire et son regard lumineux ne la quittent jamais et la distinguent d’emblée dans un milieu dominé par les hommes.

Mounira Bouzouita

Une femme doit apprendre à s’imposer dans un milieu dominé par les hommes.

Être à la fois femme, travailleuse et belle

Mounira Bouzouita a bousculé son agenda bien rempli et nous a réservé, au lendemain du 8 Mars, Journée mondiale de la Femme, une petite demi-heure de causerie entre femmes.

Son patron, Matthieu Langeron, directeur général de Total Tunisie, devrait être très satisfait des changements apportées par cette ingénieure qui, depuis son arrivée dans la boîte il y a 2 ans, a mis son enthousiasme et son énergie à l’oeuvre pour mettre une touche féminine dans un secteur habituellement réservé aux hommes.

Pour célébrer le 8 Mars, les femmes de Total Tunisie sont sorties du cadre professionnel et pris un petit moment rien que pour elles. «Nous sommes allées, entre filles et sans les hommes, prendre notre petit-déjeuner au restaurant Aquatic, aux Berges du Lac, et prendre, par la même occasion, un bol de jouvence, grâce aux conseils du laboratoire SVR qui nous a offert une gamme de produits de beauté. C’est notre manière de dire qu’on est à la fois femme, travailleuse et belle», a dit Mounira Bouzouita, qui est totalement engagée dans l’association Arphorghe qu’elle préside.

Mounira Bouzouita

La société Total primée à la Journée de la promotion de l’égalité professionnelle femmes-hommes.

«Cette association existe  depuis 40 ans. Elle regroupe des cadres responsables des ressources humaines (RH) dans des entreprises et dans des institutions . Nous sommes 50 femmes et 50 hommes. La formation des jeunes est l’une de nos principales activités. Au terme de la formation, ces derniers se voient décerner un diplôme en RH. Pour moi, l’essentiel réside dans le talent et rien que le talent», a-t-elle expliqué.   

La lutte finale contre la discrimination de sexe

Mounira Bouzouita, DEA, ingénieur en système économique à Aix-en-Provence, a intégré l’équipe Total en 2014. Et elle fait de son mieux pour aider à féminiser le secteur de l’énergie et de collaborer, à cet effet, avec «les filles», dont Chiraz Hajri, directrice de la communication, et Sihem, la toute jeune qui a intégré le service de la communication interne, il y a seulement quelques mois.

«Nous sommes si fiers que la 1ère femme pompiste en Tunisie soit de Total», s’enorgueillit la responsable de la société pétrolière, tout en rappelant, au passage, le prix reçu le 14 février dernier, à l’occasion de la Journée de la promotion de l’égalité professionnelle femmes-hommes en Tunisie, organisée par la Fondation Agir contre l’exclusion (Face). «Ceci est dans la feuille de route de RH Total, qui ne cesse d’affirmer sa volonté de soutenir la participation de la femme dans la vie active», a insisté la directrice de RH.

Mounira Bouzouita

Il faut continuer à soutenir la participation de la femme dans la vie active.

One Tech, Siemens, Attijari Bank… Et elle est fière d’avoir travaillé dans toutes ces entreprises qui sont des fleurons de l’économie tunisienne. «Me voilà maintenant dans une nouvelle expérience dans la communication interne à Total Tunisie. La formation de notre personnel au programme de diversité des postes à des femmes est une priorité. Nous révolutionnons tout. Donner des métiers d’hommes à des femmes n’est pas une mission impossible. Il suffit d’une formation et d’un coaching adéquats pour que ces femmes assument des postes de pompistes, laveuses et autres dans des stations-services», explique Mme Bouzouita.

La vie est une chanson

Mme Bouzouita, qui est férue des arts, aime la musique et le chant, et prend part, chaque samedi, au club de l’entreprise, Total chante, créé il y a 2 ans. «On chante le répertoire « tounsi », ainsi que les tubes de Fayrouz et tout ce qui est classique et classe», dit-elle.

Certes, son travail est tout pour elle, c’est sa principale passion et sa raison d’être. Mais cela ne l’empêche pas de partager ses autres passions avec son unique enfant : une fille au lycée pilote, âgée de 15 ans et qui affectionne le violon.

Le leadership des femmes est une question de formation et de coaching. 

Derrière cet amour fou du travail, il y a des parents, poursuit-elle, qui ont tout donné pour que les enfants soient à leur image. «Nous sommes 5 filles (3 médecins, une pharmacienne et moi « moudira », c’est comme ça que mes parents m’appelaient (en remplaçant le ‘n’ de mon prénom par le ‘d’ de ma fonction) et 2 garçons dont un décédé il y a 3 ans. Nous avons tous fait des grandes études en France, en Russie et un peu partout dans le monde. Mon père qui était juriste, avant de devenir patron d’usine comme tous les habitants de sa ville natale, Ksar Hellal, au Sahel, nous a tous passé le virus du livre. Nous passions le plus clair de nos vacances à lire, lire et lire. On bouffait quotidiennement des livres. J’ai appris également de ma mère plein de petits trucs, comme la broderie ou le crochet. D’ailleurs, j’adore l’habit traditionnel. La dernière fois, lors de la réception d’un prix à l’étranger, j’ai mis un habit traditionnel brodé au fil d’argent que j’ai acheté  chez des brodeuses de Moknine. Je leur rends, en passant, hommage et j’invite les femmes à aller sur place voir la magie du fait main», raconte Mounira Bouzouita, qui, au terme de la rencontre, nous a confié, les yeux mouillés: «Je viens de perdre mes parents, il y a 2 mois. D’abord mon père et, une semaine après, ma mère».

Elle est tellement souriante au travail que ses collègues ne se sont même pas rendu compte de cette tragédie qu’elle vient de traverser, au début de l’année, cette dame distinguée, forte et qui a de l’ambition pour son entreprise. «Croire en son bonheur, c’est le rendre possible», note-t-elle dans un post sur sa page Facebook.

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