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L’UGTT veut jouer un rôle politique de premier ordre

Bouali Mbarki, a déclaré, dimanche 30 avril 2017, que l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) appelle à «un dialogue sérieux autour de la situation sociale dans le pays».

Par Abderrazek Krimi

Le secrétaire général adjoint de l’UGTT, qui parlait lors d’un meeting à Gafsa organisé en marge de la célébration de la journée mondiale du travail (1er mai), a exhorté les responsables politiques et les représentants de la société civile à «adhérer à ce dialogue social car ils sont tous concernés par la stabilité du pays», ajoutant que la centrale syndicale contribuera à la sensibilisation à l’importance de ce dialogue, qui permettra «d’examiner la situation actuelle dans le pays, d’arrêter les priorités et d’établir une feuille de route claire concernant les questions sociales».

Soutien aux mouvements sociaux 

Mbarki, qui faisait allusion aux mouvements de protestation dans les régions intérieures revendiquant des emplois et des projets de développement, a, par ailleurs, indiqué que la conjoncture critique que traverse le pays, notamment aux niveaux économique et social, nécessite un «programme de sauvetage réel qui rompt avec les solutions provisoires ayant montré leurs limites».

Le responsable syndical a, par ailleurs, mis en exergue l’importance du compromis comme seul moyen pour trouver des issues adéquates à la crise, indiquant qu’«aucune force, quelle qu’elle soit, n’est capable d’apporter, à elle seule, ces solutions» et que «la classe politique est invitée à trouver des compromis susceptibles de faire aboutir le projet démocratique».

Rappelant le soutien de la centrale syndicale aux mouvements sociaux dans les régions, Bouali Mbarki a appelé les protestataires à agir de manière qui ne menace pas la stabilité du pays et l’unité nationale et de prendre garde que leurs réclamations «ne soient pas instrumentalisées par certaines parties à des fins abominables», selon ses dires, par allusion aux groupes terroristes et aux chefs des réseaux de contrebande, notamment dans les régions frontalières, où ces derniers contribuent à alimenter les mouvements de protestations.

Neji Jalloul et Lamia Zribi

Le limogeage de Jalloul et Zribi, cadeau de Chahed à l’UGTT à l’occasion du 1er mai. 

Echec du dialogue de Carthage

A travers cet énième appel au dialogue social, la centrale syndicale fait un constat d’échec du dialogue de Carthage, initié en juin 2016 par le président de la république Béji Caïd Essebsi et qui a abouti à la mise en place du gouvernement d’union nationale présidé par Youssef Chahed, sur la base d’un accord sur les priorités et d’une feuille de route, avec l’accord des principales parties politiques et syndicales, y compris l’UGTT.

La centrale syndicale, qui a participé au dialogue national de 2013 et aidé à débloquer une grave crise politique par l’établissement des compromis nécessaires à l’achèvement et à la promulgation de la constitution et à la tenue des élections législatives et présidentielles de 2014, semble vouloir ainsi jouer un rôle politique de premier ordre, en profitant de l’affaiblissement des pouvoirs exécutif et législatif et des incertitudes et ratés de la transition démocratique.

Le limogeage du ministre de l’Education Neji Jalloul et de la ministre des Finances Lamia Zribi, décidée dimanche par le chef du gouvernement et qui devra être annoncé par un communiqué officiel, ce lundi 1er mai 2017, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale du travail, prouve s’il en est encore besoin que la centrale syndicale est désormais en mesure d’exiger et d’obtenir le maintien ou le départ d’un membre du gouvernement, puisque les deux ministres cités ont été limogés sous la pression de l’UGTT.

Plus que la puissance politique grandissante de l’UGTT, le limogeage de Jalloul et Zribi, qui plus est un 1er mai, prouve l’impuissance d’un gouvernement qui ne sait plus où donner de la tête et qui, en multipliant les capitulations et en prouvant sa faiblesse, croit pouvoir gagner du temps et perdurer, à défaut de pouvoir régler les problèmes de fond du pays et mettre en route les réformes nécessaires, éducatifs et économiques, auxquelles, comme par hasard, l’UGTT s’oppose.

En offrant Jalloul et Zribi sur un plateau à l’UGTT, et indirectement aussi au parti islamiste Ennahdha, qui contrôle désormais l’Etat, le parlement et le gouvernement, Youssef Chahed croit pouvoir obtenir, en contrepartie, leur aide pour calmer les mouvements sociaux dans les régions. Parions que l’UGTT et Ennahdha ne feront rien pour aider le jeune chef de gouvernement et qu’ils maintiendront la pression, alliés pour le pire, leur objectif commun étant de le faire tomber.

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