Les demoiselles du Jazz Club de Tunis chantent le blues

A l’occasion de la Journée internationale du jazz, dimanche dernier, le Jazz Club de Tunis a rendu hommage à la diva Ella Fitzgerald.

Par Fawz Ben Ali

Après Sicca Jazz et Jazz à Carthage, les jazzophiles tunisiens avaient rendez-vous avec la Journée internationale du Jazz en compagnie du Jazz Club de Tunis, le dimanche 30 avril 2017, au ciné-théâtre le Rio, de quoi rappeler que le jazz est certes une musique savante mais qui ne manque pas de popularité auprès des jeunes tunisiens.

En effet, les événements qui se succèdent et qui drainent toujours un large public confirment que le jazz a toute sa place en Tunisie.

Briser les barrières entre les musiques

Né à la fin du XIXe siècle au sein des communautés afro-américaines, le Jazz a depuis acquis une large popularité au-delà des frontières des Etats-Unis pour se répondre dans le monde entier. En Tunisie, on y a consacré depuis 1973 tout un festival, le Tabarka Jazz Festival, où on a vu défiler les plus grands noms du genre (Miles Davis, Cesaria Evora, Miriam Makeba…)

Le Jazz Club de Tunis, l’un des collectifs musicaux les plus actifs du pays, a pris l’habitude de célébrer le 30 avril de chaque année la Journée internationale du Jazz, proclamée depuis 2011 par l’Unesco.

Chiheb Baazaoui.

Ce groupe de jeunes musiciens et chanteurs se renouvellent constamment en proposant des formes artistiques qui mélangent tradition et modernité, sensibilisant les jeunes et les moins jeunes à cette musique, qui, plus de cent ans après sa naissance, continue à stimuler le dialogue interculturel et à briser toute sorte de barrières.

Cette année, la célébration prend une autre dimension puisqu’elle coïncide avec le centenaire de la naissance de «la première dame de la chanson», Ella Fitzgerald (1917-1996).

Pour ce fait, le documentaire biographique ‘‘Something to live for’’ (réalisé en 1999 par Charlotte Zwerin) a été projeté en début de soirée pour revenir sur les moments phares de la carrière d’Ella Fitzgerald, faisant rejaillir des tréfonds de sa vie personnelle et artistique qui méritent d’être connus et qui ont fait de cette chanteuse l’une des divas absolues du jazz vocal aux côtés de Nina Simone ou de Billy Holiday…

Après cette première partie d’histoire, le public, qui était venu très nombreux entre auditeurs occasionnels et jazzophiles assidus, a pu écouter et apprécier dans un silence religieux un florilège des plus belles chansons de la grande dame du jazz, qui aurait fêté cette année son centième anniversaire.

Les perles du répertoire fitzgéraldien

Vingt-et-un ans après sa disparition, Ella Fitzgerald continue de nous envoûter avec son agilité vocale inégalable et son approche swing très mélodieuse. Il faut dire que le défi était de taille pour les demoiselles du Jazz Club de Tunis qui ne se sont pas dégonflées et ont réussi à interpréter avec brio les perles du répertoire fitzgéraldien.

En effet, Nayress Ben Gaga, Siwar Ben Slama, Donia Ben Ammar et Senda Makhlouka nous ont fait voyager dans le temps et dans l’espace en abordant avec aisance, justesse et classe une vingtaine de tubes qui avaient marqué la carrière d’Ella et qui sont aujourd’hui des classiques du Jazz.

De la technicité, de l’émotion et du charisme, tel fût le mot d’ordre de cette soirée avec les voix puissantes des demoiselles du Jazz Club de Tunis, mais aussi avec les musiciens de ce collectif (Wajdi Riahi au piano, Chiheb Baazaoui au saxophone, Wajdi Belhassen à la batterie, Wassim Ben Rhouma à la guitare basse, Jihed Bedoui, Mondher Falleh et Youssef Khiari à la guitare électrique) qui ont le rythme dans la peau et qui ne cessent de nous émerveiller avec des live hauts en couleurs.

Nayress Ben Gaga, Siwar Ben Slama, Donia Ben Ammar et Senda Makhlouka.

Sur ‘‘Blues skies’’, ‘‘Let’s face the music and dance’’, ‘‘Misty’’, ‘‘Fascinating Rythme’’, ‘‘Cheak to cheek’’ ou encore ‘‘Stormy weather’’, on a pu redécouvrir le riche répertoire de l’une des plus grandes voix du XXe siècle, avec des jeunes tunisiens épatants de talent.

La soirée a pris fin en beauté avec une performance collective du standard ‘‘Mack the knife’’, titre qui avait permis à Ella Fitzgerald de remporter le Grammy Award de la meilleure chanteuse pop en 1961.