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Isabelle Huppert présente ‘‘Elle’’ à Tunis

L’actrice française Isabelle Huppert était à Tunis, le vendredi 5 mai 2017, à l’occasion de la sortie tunisienne du film ‘‘Elle’’ dans lequel elle joue le rôle principal.

Par Fawz Ben Ali

Considérée comme l’une des plus grandes actrices de sa génération, Isabelle Huppert est une artiste prolifique qui alterne scène et écran, jouant autant dans le cinéma d’auteur que dans des films grand public. Depuis l’envol de sa carrière dans les années 70, elle n’a jamais été réfractaire aux risques d’incarner des rôles aussi complexes les uns que les autres, et ce n’est pas ‘‘Elle’’ qui dérogera à cette règle.

La collaboratrice fidèle de Claude Chabrol décroche dans ce film un beau rôle auprès du cinéaste néerlandais Paul Verhoeven, qui revient en force dans le monde du 7e art après une absence de 10 ans, en adaptant le roman français ‘‘Oh…’’ de Philippe Dijan. Un film dont on a beaucoup entendu parler puisqu’il a été très bien accueilli par la presse française et internationale et a été auréolé de plusieurs prix dont 2 Golden Globes et 2 Césars.

La sexualité féminine sous un nouveau jour

Saïd Ben Saïd, le coproducteur franco-tunisien du film, a également été présent au cinéma Le Palace, à Tunis, pour présenter et promouvoir ‘‘Elle’’, un film qui vient après une vingtaine de productions à fort succès auprès des plus grands cinéastes du moment comme Roman Polanski ou encore Philippe Garell.

Saïd Ben Saïd a exprimé sa fierté de pouvoir enfin présenter ‘‘Elle’’ dans son pays natal, pour que les cinéphiles et le grand public puissent découvrir cette œuvre exceptionnelle dans les salles de cinéma et non pas sur ordinateur, à cette l’ère du piratage et des DVD.

Isabelle Huppert, qui dispose d’une stature unique dans le cinéma français contemporain, atteint dans ce film la quintessence de son jeu d’actrice, pas étonnant qu’elle soit sacrée meilleure actrice aux Golden Globes et aux Césars 2017 pour son rôle de Michèle, une femme à la tête d’une grande société de jeux-vidéo, indépendante et que rien ne semble ébranler, jusqu’au jour où elle se fait agresser et violer dans son domicile par un inconnu.

Le film part ainsi du sujet provocateur du viol pour nous proposer une vengeance féminine qui n’a rien de classique.

L’aspect thriller laisse autant de place à la psychologie qu’à l’érotisme pour traiter sous un nouvel angle les comportements anormaux et immoraux des personnages et pour nous peindre un portrait sadomasochiste au féminin d’une quinquagénaire «qui ne tombe jamais dans le sentimentalisme», précise Isabelle Huppert à la conférence de presse qui a suivi la projection du film.

En effet Paul Verhoeven laisse voir dans son 14e long-métrage une sexualité féminine sous un nouveau jour et casse les stéréotypes sur les identités du genre.

Quand la violence se mêle à la passion

Habituée à incarner des rôles qu’elle qualifie de «froids et vulnérables», Isabelle Huppert réussit avec brio à glisser sous nos yeux de l’état d’objet à celui de sujet.

Interrogée sur ce rapport paradoxal que son personnage entretient avec le violeur, l’actrice explique que «le film ne fait à aucun moment l’apologie du viol comme certains pourraient le prétendre, mais que le personnage de Michèle ne voit pas cet accident comme une fatalité, il s’agit d’une histoire de vengeance qui prend des détours particuliers».

Isabelle Huppert et le producteur franco-tunisien Saïd Ben Saïd.

A vrai dire, quand la victime devient prédatrice et que la violence se mêle à la passion, la perplexité atteint son paroxysme; mais le film ne cherche à aucun moment à jouer la carte de la moralité, d’ailleurs Isabelle Huppert précise qu’«il ne s’agit pas d’une documentation sociologique mais d’une pure fiction littéraire et cinématographique».

‘‘Elle’’ est un film assez sombre mais qui ne manque pas d’humour, questionnant la manipulation, la violence, les passions interdites et la sexualité féminine d’après 50 ans, porté par une ravissante Isabelle Huppert qui, à 64 ans, continue de surprendre et d’envoûter son public, notamment avec ce rôle qu’elle dit «avoir voulu, choisi et entièrement revendiqué depuis le début».

Dès le samedi 6 mai, le public tunisien pourra découvrir, sur le grand-écran, un cinéma francophone d’exception, car Tunis, qui pourrait être désormais considérée comme une capitale culturelle de taille, continue sur sa lancée d’accueillir dans ses salles les dernières perles du 7e art.

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