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Tunisie : La démission surprise de Sarsar ajoute à la confusion générale

La démission du président de l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) n’a pas fini de surprendre la classe politique tunisienne.

Par Abderrazek Krimi

L’annonce de la démission de Chafik Sarsar, ainsi que de deux autres membres du bureau de l’instance, Lamia Zargouni et Mourad Ben Moula, le mardi 9 mai 2017, la veille du discours attendu du président de la république Beji Caïd Essebsi, programmé pour aujourd’hui, mercredi 10 mai, ne pouvait être anodine.

La majorité des analystes ont essayé de trouver un lien entre cette démission et les mesures qui seront éventuellement annoncées par le chef de l’Etat pour débloquer la crise dans le pays. De là à imaginer le pire, il y a un pas que beaucoup d’analystes ont allègrement franchi. On remarquera, cependant, que les déclarations des personnalités politiques ou gouvernementales se sont faites plutôt rares. On a préféré attendre pour comprendre les véritables motivations de M. Sarsar, qui n’est pas du genre à prendre des décisions sur un coup de tête.

Du côté des officiels, Saida Garrache, conseillère à la présidence de la république chargée de la société civile, a exprimé sa «surprise», d’autant que cette démission n’a pas été précédée par des signes avant-coureurs.

Du côté du gouvernement, Mehdi Ben Gharbia, ministre des Relations avec les institutions constitutionnelles, a fait part, lui aussi, de son étonnement de cette démission surprise, dont il ignore les raisons, et formé le souhait de voir le président de l’Isie revenir sur cette décision, notant que, lors d’un entretien téléphonique avec M. Sarsar, ce dernier a fait la promesse de rester à son poste jusqu’à ce que le vide à la tête de l’Isie sera rempli conformément aux exigences de la loi.

Imed Hammami, ministre de l’Emploi et de la Formtion professionnelle et nouveau porte-parole «officieux» du gouvernement, a été, quant à lui, plus catégorique, appelant à ce que cette démission ne soit pas acceptée.

Du côté des partis, la surprise a également été totale. Ni Ennahdha ni Nidaa Tounes, les deux partis dominant la coalition gouvernementale, n’ont vu venir une telle décision de la part du président de l’Isie, qui, selon les dires de Soufiane Toubel, président du bloc parlementaire de Nidaa Tounes, risque de retarder les élections municipales, fixées au 17 décembre prochain, dont son parti a entamé les préparatifs.

D’autres partis, qui sont opposés à la tenue des élections municipales à la date fixée par l’Isie, ont profité de la démission de Chafik Sarsar pour appeler au report de cette échéance. C’est le cas de l’Union patriotique libre (UPL), dont l’une des dirigeantes, Samira Chaouachi, a indiqué qu’il n’est plus possible, objectivement, de tenir ces élections au 17 décembre prochain, car l’élection d’un nouveau président à la tête de l’Isie nécessitera beaucoup de temps.

Du côté de la société civile, les réactions sont venues surtout d’I Watch, l’observatoire des élections, qui a exhorté Chafik Sarsar à retirer sa démission, et de l’organisation Atide dont le président Moez Bouraoui a appelé ce dernier à dévoiler les raisons de sa démission.

M. Sarsar, qui a évoqué des problèmes internes pour justifier sa démission, sera auditionné cet après-midi à 15 heures par la commission du règlement intérieur, de l’immunité et des lois parlementaires et électorales à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

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