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‘‘Dyslexie’’ de Mahmoud Turki : Quand la musique est bonne

Mahmoud Turki a donné la première de son nouveau spectacle musical ‘‘Dyslexie’’, dans la soirée du samedi 13 mai 2017, à la salle Le Rio, au centre-ville de Tunis.

Par Fawz Ben Ali

Riche de son parcours académique en musique arabe, le jeune chanteur et compositeur multiplie les expériences et les collaborations artistiques, notamment avec Oussema Farhat, Zouheir Gouja, Nesrine Jabeur, ou encore Jihed Khemiri dans le projet ‘‘Théosophie’’ pour marier le chant soufi aux sonorités électro-rock.

L’aboutissement d’influences mêlées

Aujourd’hui, Mahmoud Turki est enfin prêt à lancer son propre projet musical et à s’affirmer en tant que chanteur, musicien et auteur-compositeur. ‘‘Dyslexie’’ est donc l’aboutissement d’influences mêlées et de rencontres artistiques qui se sont concrétisées en une proposition personnelle de l’artiste, qui nous invite à pénétrer son monde riche en couleurs musicales et en poésie 100% tunisienne.

Mahmoud Turki

Accompagné de son instrument fétiche, le banjo…

Après avoir présenté une partie du projet lors des Journées musicales de Carthage (JMC 2017), qui lui ont décerné le prix des meilleures paroles en langue arabe, Mahmoud Turki a donné rendez-vous au public à la salle le Rio pour présenter la première d’un spectacle qu’il a mis un an à concrétiser.

Les mélomanes et les curieux des nouvelles expériences musicales underground ont répondu présents pour découvrir ce projet qui a beaucoup fait parler de lui, notamment après sa sélection aux dernières JMC.

Ce soir-là, Mahmoud Turki nous a mis plein les yeux et les oreilles avec une belle scénographie et une installation visuelle signée le collectif artistique Kollab, pour illustrer et ponctuer les 9 morceaux de ‘‘Dyslexie’’, entre compositions personnelles et reprises.

Accompagné de son instrument fétiche, le banjo,

La jeune chanteuse Nesrine Jabeur interprète  le titre ‘‘Kayenni’’.

Accompagné de son instrument fétiche, le banjo, le jeune artiste a enchaîné sur des titres comme ‘‘Hanin’’, ‘‘Haybet lebled’’, ‘‘Hatta nfas’’, ‘‘Netfaker’’… accompagné de Mohamed Anis Mestaoui au luth et à la guitare, Mohamed Ben Salha au nay, Elyes Blagui au clavier, Issam Labben à la basse, Aziz Belheni aux percussions et Mohamed Khachnaoui à la batterie.

Mahmoud Turki a également invité pour cette occasion la jeune chanteuse Nesrine Jabeur pour l’accompagner sur scène sur le titre ‘‘Kayenni’’ (reprise du titre rap ‘‘Skiwiphrénie’’ de Skiwi La Voix), et puis son «professeur et père spirituel», comme il aime l’appeler, le musicien Zouheir Gouja, invité d’honneur de la soirée, qui est venu apporter une touche de légèreté au titre ‘‘Ghamedh Ainek’’ avec son accordéon, une chanson que le jeune artiste a souhaité dédier à toutes les mères.

Portés par une voix aussi tendre que révoltée, les textes écrits par Mahmoud Turki, Samir Taamallah et Ahmed Chaker Dhaya, abordent une variété de thèmes comme la politique, la révolution, la société, l’identité, l’amour, la nostalgie, ou encore la vie d’artiste… Avec des mots directs, satiriques et sensationnels, Mahmoud Turki sublime le dialecte tunisien avec une musique digne de cette poésie moderne et qui respire la joie de vivre.
Interrogé sur le processus de création de ‘‘Dyslexie’’, Mahmoud Turki explique que l’écriture et la composition se font de manière parallèle, ce qui se reflète assez dans la fluidité du résultat où la musique colle à la peau des textes et contribue à mettre en valeur leur âme et leur esprit.

Mahmoud Turki

L’artiste et son maître spirituel  Zouheir Gouja.

Dans l’expérimentation des styles

La musique orientale constitue la formation et l’héritage de Mahmoud Turki, qui a grandi en écoutant Sabah Fakhri, Lotfi Bouchnak ou encore Zied Gharsa. Mais ce retour aux grandes écoles arabes et tunisiennes prend une nouvelle dimension dans ce projet expérimental pour se frayer un chemin vers d’autres sonorités occidentales et plus modernes.

Le mélange des instruments et la liberté de se balader entre les gammes et les styles font toute la force de ce projet insolite, dont le nom ‘‘Dyslexie’’ vient du rapprochement entre le trouble de la dyslexie et le processus de création chez les jeunes artistes tunisiens, «qui se trouvent souvent confrontés à la limitation des mécanismes de concrétisation de leur projet», témoigne le jeune artiste. Un constat que résume d’ailleurs bien le titre ‘‘Manaârach’’ (littéralement : Je ne sais pas), tiré de son propre vécu dans la recherche de son identité musicale.
De part les sept compositions personnelles, on retrouve également dans ‘‘Dyslexie’’ deux reprises : ‘‘Hmema taret’’ du patrimoine keffois et ‘‘Zaama ennar’’ de Cheikh El Afrit, que l’artiste s’est amusé à transformer et à représenter sous un nouveau format inventif. «Je préfère parler de parodie plutôt que de reprise», a-t-il tenu à préciser lors de son concert.

Mahmoud Turki, qui possède plus d’une corde dans son arc, a mis ses multiples talents de chanteur, musicien et auteur-compositeur au service de ce premier projet musical ‘‘Dyslexie’’, qui ne peut que témoigner d’un savoir-faire et d’une grande maturité artistique chez ce jeune prodige qui promet de s’arracher une belle place dans le nouveau paysage musical tunisien.

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