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Guerre contre la corruption : Soutien entier et irrévocable à Chahed

Afin d’atténuer les risques d’avortement du coup de filet anti-corruption, nous gagnerions à réitérer notre «soutien entier et irrévocable» à Youssef Chahed.

Par Mohamed Chawki Abid *

Neuf mois après sa prise de fonction comme chef du gouvernement et son engagement de placer la guerre contre la corruption au centre de ses préoccupations, Youssef Chahed réussit son premier coup de filet.

D’après l’International Crisis Group (ICG), Youssef Chahed a été «systématiquement freiné dans son élan», malgré sa volonté d’aller de l’avant.

Chahed a trouvé la bonne brèche

En fait, la recrudescence de la corruption et la récidive du clientélisme ont eu un impact négatif sur le déroulement de la transition démocratique, et ont anéanti toutes les opportunités de restructuration et de décollage économiques.

Visiblement très bien conseillé, Youssef Chahed a trouvé la bonne brèche pour s’attaquer à la fourmilière de toutes les formes de corruption et de malversation. L’astuce identifiée consiste à enclencher l’article 5 de la loi régissant l’état d’urgence, et permettant «l’assignation à résidence surveillée de toute personne jugée dangereuse pour la sécurité et l’ordre publics».

Ce faisant, Youssef Chahed a su à la fois donner un coup de grâce au projet de loi de réconciliation économique et financière, qui est plutôt un «projet de légalisation du blanchiment des mafieux», et capturer un «premier groupe de barons de la corruption».

Après l’arrestation des premiers malfrats potentiels, charge au chef de gouvernement de poursuivre sa «guerre contre la corruption» pour cibler les «gros poissons», qui opèrent dans le secteur formel, mais qui sont aussi connus pour être des champions du secteur informel, de l’évasion fiscale, de la fuite de capitaux, de la prédation d’actifs publics, et du financement illicite des partis politiques au pouvoir : Nidaa Tounes et Ennahdha (NiNa).

L’oligarchie politico-financière est en deuil

Ceci étant, seuls quelques maîtres-chiens sont arrêtés, sans que leurs chiens méchants ne soient capturés ! Quand ils ne vont plus trouver leurs repas du soir, ces chiens risquent de se transformer en hyènes sanguinaires pour manœuvrer dans tous les sens.

L’oligarchie politico-financière est en deuil. En effet, rares sont les partis politiques ayant commenté l’arrestation des principaux suspects, ce qui a beaucoup intrigué la majorité des Tunisiens. Plusieurs députés se sont indignés quant à la méthode adoptée par le gouvernement contre Chafik Jarraya, allant jusqu’à la taxer d’anticonstitutionnelle ou de «prise d’otage». Grand nombre de parlementaires ont même exprimé leur agacement de ne pas être informés au préalable. Il n’est pas exclu que chacun des élus souillés de «suspicion de corruption», s’évertue à gommer toute relation d’intimité financière susceptible d’être détectée lors des imminentes investigations avec les affairistes détenus.

A présent, il est presque certain que Youssef Chahed soit exposé à de fortes pressions de la part des deux concubins de l’hôtel Bristol et de leurs proches collaborateurs.

En fait, l’ex-marchand de bananes a la particularité d’être à la fois un bailleur de fonds pour Nidaa Tounes et un intermédiaire financier pour Ennahdha. Souvenons-nous des quelques appartements luxueux (une dizaine) qu’il avait vendus à des Qataris à un pactole de 12 millions de dollars américains, montant pouvant renfermer la quote-part de chacun des deux partis au pouvoir. Il n’est pas exclu qu’à l’occasion de l’avènement du mois de ramadan, une fatwa sur mesure serait fabriquée par le locataire de Mont-plaisir pour le remettre en liberté «provisoire/permanente».

Afin d’atténuer les risques d’avortement du coup de filet anti-corruption, pouvant survenir de l’intérieur comme de l’extérieur, nous gagnerions à réitérer notre «soutien entier et irrévocable à Youssef Chahed», et à exiger auprès des deux partis politiques concubins la «diffusion de leurs communiqués officiels».

A bon entendeurs, salut.

* Ingénieur économiste.

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