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Guerre contre la corruption : Soutien massif de la société civile à Chahed

Plusieurs milliers de Tunisiens ont manifesté, vendredi, à la Kasbah, leur soutien à la guerre contre la corruption lancée par le gouvernement et son jeune chef, Youssef Chahed.

Par Hamma Hanachi

Lorsque le chef du gouvernement a décidé, le 23 mai 2017, de lancer la guerre contre la corruption et la contrebande, la rue a commencé à bruire de tous les échos et de toutes les rumeurs, les réseaux sociaux ont carrément explosé, les internautes guettant le moindre bruit, suspendus à leurs ordinateurs, comme assis sur des braises, attendant un appel, un signe pour manifester leur humeur, leur émotion et leur solidarité à Youssef Chahed, le plus jeune chef de gouvernement que la Tunisie a eu (il n’a que 40 ans) et sans doute aussi l’un des plus courageux et des plus patriotes.

Un autre jour historique

L’appel ne s’est pas fait attendre, des représentants de la société civile l’ont décidé pour le vendredi à 17h à la Kasbah, devant le siège du gouvernement, rendez-vous pris à l’heure indiquée.

Il est plus de 16h, les manifestants arrivent à la Kasbah, en groupe, en duos ou seuls, un florilège de la société comme dans une foire avec l’enthousiasme et l’envie de crier sa joie et sa gratitude. Evidemment.

Face à la place du gouvernement, les organisateurs ont placé les baffles, les micros, aucune figure du sérail politique, ni des hauts responsables, encore moins du monde du spectacle n’est présent, juste un ou deux députés discrets, loin d’être à l’affût des flashs des caméras.

On entame des discussions informelles avec quelques présents : «J’attendais avec impatience ce jour historique», crie un homme âgé; «Depuis 2001, on n’avait pas senti autant d’oxygène dans l’air, les partis ont raflé la mise», renchérit un habitué des manifestations. Un troisième ajoute : «Nous sommes tous derrière Jo (entendez Youssef Chahed)», et tout est à l’avenant.

Les slogans fusent, on cherche un ou des responsables de la manifestation, il n’y en a pas. Cet après-midi de soutien au gouvernement, on a eu l’impression d’être dans une agora grecque où tout le monde pouvait s’exprimer, la place, tout comme la parole appartenait à tous.

Exemple: un jeune homme arrache le micro d’un orateur qui a terminé son discours; il se dresse sur un muret, discourt à sa guise, lance un mot d’ordre, la foule répète.

«Tunisie libre, corrupteurs dehors»

Apparemment, il n’y a aucun chef, aucune tête au dessus d’une autre. Par moment, on ne sait de quel endroit sort un slogan qui déchire le silence : «Tunisie libre, corrupteurs dehors». D’autres slogans s’adressent directement au chef du gouvernement : «Chahed nettoie la corruption et gouverne le pays». Et des appels se répètent appelant le chef du gouvernement à continuer dans le bon chemin. Youssef qu’on a apparemment baptisé Joseph, baptême issu du réseau Facebook où on le surnomme aussi «Jo», dans un cri d’encouragement, «Go Jo go !». Quelques-uns ont imprimé des tee-shirts portant ces slogans.

Il est plus de 18h, les caméras sont braquées en direction du palais du gouvernement, les agents de sécurité se positionnent, le mot passe d’une langue à l’autre? Youssef Chahed va venir saluer la foule venue le soutenir? Ça crie, ça chante; des groupes de jeunes chahutent, reprennent des mots d’ordre entendus lors du sit-in du départ au Bardo, en 2013; les drapeaux flottent; les femmes sont aux premières lignes, tonitruant à tue-tête (ce qui n’étonne plus personne). Et puis, c’est l’attente. Viendra, viendra pas? Il est passé 19h, les policiers quittent la place. Il ne viendra pas saluer ceux et celles qui sont venus lui apporter soutien et affection. Il n’a pas voulu accaparer la lumière ni s’attribuer le mérite d’une guerre qui va être menée par tous les Tunisiens. C’est cette humilité, ce dévouement et ce sens du collectif qui l’a fait aimer de ses compatriotes.

«Il aurait dû prendre cinq minutes pour nous remercier», dit une femme fatiguée et apparemment déçue. Sa voisine ajoute : «Cette date du 23 mai restera dans les mémoires… sans nous, il ne pourra pas avancer», dit-elle. Des jeunes crient : «Marre des bananes et des bananiers, nous reviendrons, promis».

Les micros, les hauts parleurs sont remisés, on entend l’appel des muezzins.

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