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Restitution des fonds de Slim Chiboub en Suisse : Qui a fait quoi ?

Sihem Bensedrine / Sofiane Selliti.

L’IVD et la justice tunisienne revendiquent, chacun, le mérite d’avoir rendu possible la récupération des montants déposés par Slim Chiboub dans des banques suisses.

Par Abderrazek Krimi

Le porte-parole officiel du tribunal de première instance de Tunis et du pôle judiciaire financier, Sofiane Selliti a démenti, samedi 27 mai 2017, le contenu du communiqué publié le même jour par l’Instance Vérité et Dignité (IVD) à propos du rôle qu’elle a joué dans la restitution du montant de 3,5 millions d’euros, transférés par l’Etat suisse à la trésorerie générale de Tunisie, dans le cadre de la récupération des fonds déposés dans des banques suisses au nom de Slim Chiboub, le gendre de l’ancien président Ben Ali, et gelés sur décision du gouvernement de Berne.

Selon l’IVD, cette opération a été le résultat de l’effort qu’elle a fourni suite à l’accord d’arbitrage et de réconciliation, conclu le 5 mai 2015, entre Slim Chiboub et le chargé du contentieux de l’Etat, en coordination avec l’Instance. Elle a indiqué, en outre, que le montant transféré représente une avance sur un fonds plus important établi par ce même accord.

Dans sa déclaration d’hier à la radio Mosaïque FM, Sofiane Selliti a démenti catégoriquement ces informations, indiquant que l’opération de restitution s’est faite sur la base d’une procédure purement judiciaire et en application d’une commission rogatoire internationale émanant du premier juge d’instruction au pôle judiciaire financier.

Le porte-parole du tribunal de première instance de Tunis a ajouté que la restitution des fonds bloqués à l’étranger ne peut se faire légalement que sur la base d’une procédure judiciaire. Il a ajouté que l’IVD, qui a tenté d’intervenir dans ce sens, s’est heurtée au refus des autorités judiciaires suisses qui ont fait savoir que le seul vis-à-vis légal dans ce genre d’affaire est la justice tunisienne.

Cela dit, cette fausse polémique, qui ressemble à une guéguerre des attributions et des prérogatives, a quelque chose de pathétiquement risible. Pour deux raisons au moins.

Un, le montant restitué est ridicule (3,5 millions d’euros) au regard des fonds dont disposent encore à l’étranger les membres du clan Ben Ali, 6 ans après la chute de l’ancien président.

Deux, il semble évident que sans l’accord à l’amiable réalisé avec l’intéressé par l’IVD, la Tunisie n’aurait pas pu se voir restituer ces fonds. D’ailleurs le ministère helvétique des Affaires étrangères est clair à ce sujet en affirmant que l’opération a été rendue possible grâce à l’accord à l’amiable du membre de la famille du président déchu. Cela ne réduit en rien le rôle du pôle judiciaire financier qui a piloté l’opération, en tant qu’interlocuteur de la justice helvétique.

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